Endoloris

Adieu à Serdaigle

Mais Amélia l'arrêta d'une main, ferme sur l'épaule, elle planta son regard brun dans celui plein d'espoir de sa cadette. Elle dut lire sur les lèvres de la jeune Lestrange la supplique, mais :

-           Je suis désolé Lestrange, mais les ordres sont formels ; tu ne peux plus être ici.

-           C'est insensé ! Il n'y a personne pour m'empêcher par toi ; alors, laisse-moi rentrer, tu me connais je n'ai jamais rien fait de mal ici !

D'un sourire doux, elle couva sa cadette, effondrée. Sa prime animosité envolée après l'assurance que la désertion d'Irina Lestrange n'était pas un désir émanant de la jeune fille.

-           Il vaut mieux que tu ne t'infliges pas ça. Je suis réellement désolé que tu n'aies pas eu le choix, mais tu ne peux plus revenir ici, tu es à Serpentard maintenant.

-           Tu ne peux pas me faire ça, pas toi aussi. Le professeur Flitwich n'a même pas levé le petit doigt pour me défendre...

Elle se sentait honteuse de jouer le misérabilisme, elle savait la justice et l'aide des plus démunis au cœur des valeurs d'Amélia, mais il ne semblait plus rester à Irina que ce levier.

-           Je ne peux pas te forcer à partir, mais tu te fais du mal, plus tôt tu auras accepté plus facile ce sera...

Presque hargneuse, Irina la coupa ; lasse de ce discours fataliste.

-           Je ne te savais pas pusillanime.

-           Il n'est pas question d'abandonner mes principes par peur des conséquences, mais de choisir ses combats. Là tu n'as aucun pouvoir, aucun levier pour récupérer ta position. Je ne sais pas pourquoi ces Carrow te voulaient absolument à Serpentard, mais ils ont été très clairs et, avec l'approbation du nouveau directeur ; toi pas plus que moi n'avons de voix.

Pour l'instant la situation est gelée, mais rien ne dit qu'elle durera toujours. C'est en travaillant pour faire évoluer ta position ou celle des autres que tu pourras changer cela.

Irina comprenait le point de vue d'Amélia, mais au loin, juste derrière le bout du couloir, elle savait la salle commune, ouverte dans toute la chaleur du réconfort ; il était bien trop difficile de toucher du doigt le but sans ne pouvoir l'atteindre.

-           Et, être une Serdaigle n'a jamais vraiment été une histoire de maison, mais plus de manière de réfléchir et d'appréhender le monde. Je suis d'accord avec toi que les sorciers ne peuvent changer les décisions du choixpeau et donc, ils ne peuvent changer qui tu es réellement. Ils peuvent bien essayer de t'habiller en vert si ça les arrange, mais ça ne te changera pas. Et s'ils ont la bêtise de le penser, on voit bien qu'ils n'étaient pas à Serdaigle !

Amélia lui lança un réel, large sourire, plein de sympathie et de courage pour cette épreuve qu'elles savaient toutes deux difficile. Un peu revigorée par ces paroles pleines de chaleur, Irina lui rendit une vague grimace triste.

- Je dois faire mes adieux, on m'a trop privé d'une césure propre et nette. J'ai juste besoin de faire mes aurevoirs.

Compréhensive, Amélia laissa tomber sa main sur son propre flanc et s'écarta pour laisser Irina Lestrange s'imprégner une dernière fois des lieux.

On ne se rendait jamais vraiment compte que cela pouvait être la dernière fois qu'on côtoyait des personnes ou des lieux et que, tout pouvait s'arrêter et ne plus rester qu'un vague souvenir emplit de nostalgie.

« Demain je serai courageuse, mais là, pour l'instant, j'ai besoin d'être triste ». Ce serait la dernière fois qu'elle passerait la porte, elle pourrait surement revenir, à condition qu'elle passe l'énigme de la statue et elle ne pensait qu'Amélia ou les autres Serdaigle n'en viennent aux mains avec elle pour la mettre dehors, mais ... Elle savait qu'une fois quitter la salle commune des Serdaigle elle n'y remettrait pas les pieds à moins d'y être réintégré, elle ne reviendrait pas, pour sa salubrité mentale ; cela devait être un au revoir, net, clair ; sain.