Dans les pupilles noires de son père, elle reconnut cette colère qu'elle avait toujours crainte et évitée ; mais elle était désormais aussi enragée que lui.

Face à cette situation inédite, Rabastan ne savait comment régir, si la force ne fonctionnait pas, quel levier lui restait-il ?

-           Arrête ton caprice !

-           Ce n'est pas un caprice ! Je dois savoir ! Je mérite de savoir !

Irina hurlait à plein poumon, le visage rouge de rage et la certitude vissée aux tripes que cette fois elle ne flancherait pas.

-           Que veux-tu savoir ? ricana Rabastan comme s'il lui était inconcevable que sa fille puisse avoir mille et une questions qui ne la quittaient plus depuis des jours.

-           Tout ! Je veux toute l'histoire ! Je veux comprendre pas simplement m'imaginer ce passé, cette histoire qui est la mienne avec les quelques bribes que vous voulez bien me jeter !

Rabastan la toisait maintenant de haut, un petit sourire méprisant figé sur les lèvres.

-           Si je te raconte, tu me suivras sans rechigner ?

Avec un instant d'hésitation, Irina accepta d'un mouvement équivoque de la tête.

-               Je veux aussi des preuves de ce que vous avancerez...

-           Tu ne me fais pas confiance ?

-           Non. Répondit sèchement l'adolescente dont le ton cassant la surprit elle-même.

Mais l'homme ne sembla pas vexé, bien au contraire, une expression satisfaite illumina ses traits avant qu'un voile d'amertume n'assombrisse son regard.

-           Au moins tu auras appris quelque chose.



Ensemble, sous l'œil circonspect de Narcissa, les deux Lestrange prirent place dans le même petit salon qui avait accueilli Irina et les révélations de l'agent ministériel quelque jour plus tôt.

Comme deux inconnu, père et fille s'assirent en face l'un de l'autre se toisant avec fermeté pour cacher les émotions qui les assaillaient.

Rabastan se tenait trop droit, pour feindre la nonchalance et Irina suffoquait d'appréhension, seul résonnait à ses tympans le souffle erratique qui peinait à défroisser ses poumons.

Puis, avec lenteur, Rabastan déroula le fil de cette histoire tragique qui avait mené à cette situation.




«

Notre histoire a très banalement commencé à Poudlard.

J'étais en 6 -ème et ta mère, Hélène en 5e. Nos parents avaient établi qu'un mariage entre nos deux familles serait idéal alors, nous sommes sortis ensemble.

C'était une belle période... Mais Hélène m'a quitté très abruptement en disant qu'elle était trop jeune et qu'on verrait une fois son diplôme en poche ; une fois qu'elle serait majeure.

Pour ma part j'ai continué ma vie de mon côté, j'ai obtenu mes ASPICS et j'ai commencé à travailler au ministère et, lors de sa dernière année, nous continuions de converser par lettres.

Mais un jour, elle a arrêté de répondre. Je ne me suis pas trop inquiété, j'avais mes propres soucis à gérer et je pouvais bien attendre un an avant qu'on se marie.

EndolorisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant