Interview n°2 - Flora Lune

Depuis le début
                                    

Ton texte possède actuellement 117 parties, ce qui est assez énorme sur une plateforme d'écriture. Quelle est ta méthode de travail ? La longueur de ton roman n'est-elle pas un désavantage pour trouver des lecteurs réguliers ? Penses-tu avoir les même chances d'être lue qu'un auteur avec des histoires d'environ 20 chapitres, comme c'est souvent le cas sur Wattpad ?

Evidemment c'est un désavantage, car les gens sont de gros flemmards et je ne fais pas exception à la règle ! Pour encourager les gens à venir me lire, je poste des demandes d'échanges d'avis (ou chacun lit et commente l'histoire de l'autre en disant ce qu'il pense, ce qui pourrait être amélioré...) et je précise que chacun lit ce qu'il veut et ce qu'il peut. C'est plus encourageant que simplement faire un post de pub (qui passe inaperçu les trois quarts du temps). Mais ce que beaucoup ignorent, c'est que si il y a beaucoup de parties, c'est parce qu'elles sont hyper courtes (500 mots en moyenne contre plus de 1000 chez la plupart des auteurs), et c'est voulu, c'est pour permettre une lecture plus facile, et que le lecteur puisse faire une pause quand il le souhaite. Il n'y a rien qui m'énerve plus que des parties interminables car je me sens obligée de la lire jusqu'au bout alors que j'aimerais pouvoir m'arrêter.

Comme je poste une partie par jour, je me force à écrire un peu tous les jours (j'ai un objectif de 500 mots par jour mais je n'y arrive pas à chaque fois hélas).

Après j'ai quand même quelques lecteurs réguliers, qui suivent l'histoire jusqu'au bout, et ça, ça fait hyper plaisir.

J'ai vu dans le résumé de ton histoire que tu t'inspirais de Dragon Quest pour ton histoire, on va donc parler un peu d'inspirations ! Aujourd'hui, on entend souvent dire qu'il est impossible d'inventer et d'innover parce que tout est inspiration de quelque chose d'autre. Es-tu d'accord avec cette affirmation ? Penses-tu qu'il est impossible d'écrire des textes originaux aujourd'hui ?

Et bien non je ne suis pas d'accord ! Enfin, pas totalement. Il est en effet impossible, ou presque, d'inventer quelque chose de totalement nouveau. Même sans le vouloir, on s'inspire forcément de choses et d'autres, mais c'est la façon dont on assemble les différentes inspirations entre elles qui est originale en soi. On prend l'exemple d'un roman policier par exemple, avec ses éléments clé : le meurtre, le criminel, la victime, l'enquêteur, les témoins. Ces éléments-là, ils existent dans la vie réelle même si le roman leur donne un autre nom ou une autre forme, impossible de les inventer. Par contre ce qui est nouveau, et que l'auteur a pu imaginer par lui-même, c'est le déroulement de l'enquête, le dénouement final, le mobile du meurtre, le schéma de pensée...

Parlons un peu d'actualité littéraire. Aujourd'hui, on peut remarquer une division des auteurs : face à la concurrence américaine et étrangère en général, une majorité d'auteurs de romance et de littérature de l'imaginaire misent sur l'auto-édition, qui pourtant est décriée par le monde littéraire. Selon toi, puisque tu es concernée, pourquoi la littérature de l'imaginaire se retrouve souvent en arrière-plan ? Penses-tu qu'il existe une certaine tension entre auteurs édités et auto-édités ? Si tu devais choisir d'éditer ton livre, vers quelle voie te tournerais-tu ?

Hum... je ne prétends pas être experte en actualité littéraire encore moins en sociologie, mais il y a quelques idées qui me viennent.

La différence entre la littérature du réel (type romance, littérature réaliste...) et la littérature de l'imaginaire, c'est que plus de gens se retrouvent dans la littérature du réel, même ceux qui n'aiment pas forcément lire peuvent se laisser emporter car ils auront l'impression de regarder des possibles de leur propre vie à travers un écran. Alors que la littérature de l'imaginaire, il faut prendre le temps de se plonger dans un univers, en comprendre les mécaniques, avant d'accéder à la "petite histoire", autrement dit celle qui intéresse le plus grand nombre, et beaucoup n'ont pas envie de faire cet effort. Moi-même, qui ai grandi avec Harry Potter, j'admets qu'à la première lecture des romans, je sautais volontiers les paragraphes explicatifs pour me concentrer uniquement sur l'action, et j'y revenais après. Sauf que quand ces paragraphes explicatifs interviennent dès le début du roman, ça décourage vite. C'est pour ça que je suis partisane du début "in medias res" quand j'écris.

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