[Beta Publisher] La promesse du dragon - Elin Bakker

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Bonjour, bonjour ! L'année commence bien avec les littératures de l'imaginaire. Après un détour par la science-fiction, nous retrouvons de la fantasy aux influences japonaises très sympa !

 Après un détour par la science-fiction, nous retrouvons de la fantasy aux influences japonaises très sympa !

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Sur les traces des yōkai

Orpheline, Melinn a été achetée par l'ordre de Kashin où elle sert une maîtresse tyrannique et imprévisible. Un jour, après un rituel étrange, celle-ci meurt. Au lieu de l'accepter, les prêtres décident de sacrifier sa servante pour la ramener à la vie, en offrant son âme à Aïko, l'esprit du dragon, un puissant démon enfermé à l'intérieur du temple.

Désespérée, elle décide de former un pacte avec le yokai. Prisonnier lui-aussi et privé d'enveloppe charnelle, il lui offre sa protection et sa liberté à la condition qu'elle l'accompagne récupérer son corps. N'ayant nul autre choix, Melinn accepte et s'enfuit avec lui.

Tous les deux, ils se lancent dans une course contre la montre, chassés par l'Ordre de Kashin et contraints de croiser de nombreux autres yōkai aux intentions troubles, anciens amis et ennemis de l'esprit du dragon.

Mais ce qu'elle ignore, c'est qu'Aïko ne lui a pas dit toute la vérité. Une fois qu'il aura retrouvé son corps, il est destiné à détruire le monde, et elle avec. Combien de temps la jeune fille va-t-elle lui faire confiance aveuglément ?

Le roman est disponible depuis le 17 janvier aux éditions Beta Publisher ! Vous pouvez le découvrir sur le site web de la maison d'édition au format papier et numérique. Le lien est en commentaire à cette ligne !

Des monts et des démons

C'est un univers plutôt original que nous présente Elin Bakker, avec un roman de fantasy inspiré de la mythologie japonaise, ce qui est plutôt rare ! Il s'agit d'une première pour ma part, je ne suis pas du tout familière avec le genre et donc j'y suis un peu allée les yeux fermés sans savoir ce que j'allais y trouver. Et ça m'a beaucoup plu !

Nous nous trouvons dans un Japon plutôt médiévalisant, très porté sur le respect et la crainte des Yōkai, des créatures apparentées à des démons, et plus ou moins pacifiques. C'était une première approche, et il y en a clairement certains qu'on n'a pas trop envie de croiser, je pense notamment à celui basé sur des araignées, ou celui qui ressemble à un humain mais avec le cou qui s'allonge. Pas du tout flippant.

On sent que l'une des visées du texte est de les introduire aux lecteurs, qui sont forcément bien moins familiers avec eux qu'avec le folklore occidental. On sait ce qu'est un dragon, en revanche un otoroshi, c'est tout de suite plus flou. Pour cela, on trouve notamment de nombreux petits contes imbriqués dans l'histoire. J'ai trouvé l'idée tout simplement géniale, d'autant plus que ça respecte parfaitement la forme des contes japonais, avec une morale moins facile à trouver que dans les textes occidentaux, et une narration très pragmatique, qui dit les choses telles qu'elles sont, ce qui permet de faire une pause marquée dans l'histoire. Ça apporte en plus de la diversité dans la narration, et vous savez à quel point j'aime ça.

Pour ce qui est de l'intrigue principale, nous suivons deux personnages, Melinn et Aïko, liés par un serment bien dangereux : la liberté de l'une contre la liberté de l'autre. Bien sûr, l'affaire s'avère plus compliquée que prévue, et de nombreux rebondissements vont venir compliquer leur petite aventure, sinon, il n'y aurait pas d'histoire. J'ai beaucoup aimé le fait que l'intrigue ne cherche pas spécialement à coller au registre épique comme on en trouve dans une majorité de textes. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'action, loin de là, mais on prend notre temps pour avancer et une grande majorité des conflits se règlent simplement en discutant ou en cherchant à résoudre des mystères et des énigmes.

Ce n'est pas dans ce livre que vous trouverez de grandes scènes de bataille, c'est une quête très personnelle, qui ne concerne que les personnages et qui se joue dans leur dévoilement progressif de l'un à l'autre, mais aussi par la quête de soi et de sa place dans le monde. Je ne sais pas si j'irais jusqu'à dire qu'il s'agit d'un roman initiatique. Je pense que c'est davantage une initiation pour le lecteur, les personnages savent déjà ce qu'ils veulent et ont les clés pour comprendre ce qui se passe autour d'eux. Toutefois, ce voyage, présenté comme un rituel, peut parfois prendre l'allure du genre. C'est complexe.

Les deux personnages principaux sont encore plus intéressants, puisqu'on voit rapidement se tisser une dualité entre humanité et monstruosité, mais pas forcément dans le sens que l'on pense, tout est inversé. Les personnages que l'on croit innocent ne le sont pas tellement, et ceux qui se font passer pour tel tendent à cacher une part d'humanité enfouie, ce qui crée un vrai équilibre dans l'histoire et rend encore plus difficile la résolution, étant donné que si tous les personnages sont à égalité à la fin de l'histoire, comment régler le conflit ?

Sous ses airs oniriques, le texte aborde également des thématiques dures comme le sacrifice, le meurtre, la trahison, toujours placés avec classe et discrétion, mais rendus incroyablement puissants quand on prend deux secondes pour prendre du recul sur l'histoire.

Cette histoire, entre conte, mythe et quête fantaisiste, est donc, vous l'aurez compris, une très jolie découverte et un coup de cœur. Elle peut facilement désarçonner un lecteur aguerri de fantasy, tout simplement parce qu'on retrouve une structure de mythe/conte très codifiée, aux chapitres courts et qui ont parfois l'air de manquer de développement, mais c'est vraiment juste comme ça que le texte est censé être écrit. Ce n'est pas de la fantasy occidentale, ça n'a rien à voir avec les contes occidentaux non plus. C'est autre chose. L'expérience est à découvrir par soi-même, mais je peux vous garantir que vous ne regretterez pas le voyage.

Un petit extrait ?

Le spectre avança de quelques pas sur l'eau, avant de poser ses orteils blancs sur le sol, ses yeux verts rivés sur celle qu'on lui offrait en sacrifice.

Petite, quelconque, au visage rond et livide et aux mains abîmées par le labeur, elle restait immobile, comme pétrifiée.

Sur ses pieds, à peine protégés par ses sandales usées, se trouvaient de petites plaies et une épaisse couche de corne. Un kimono noir en pitoyable était recouvrait son corps en apparence frêle.

L'esprit du dragon reconnut pourtant son regard triste. Le même que celui de celle qui s'était aventurée dans le jardin la veille. Cette même jeune fille qui n'avait pas eu peur de sortir alors que la lune brillait de mille feux, qui n'avait pas été terrifiée par la légende du dragon ou d'autres yōkai.

Aïko plissa les yeux, intrigué. Le plus surprenant était qu'elle ne criait pas, qu'elle ne se débattait pas. D'autres s'étaient jetés à genoux en le suppliant de les épargner, mais celle-ci restait de marbre. Vue de l'extérieur, elle ne semblait même pas effrayée. De l'extérieur seulement.

D'un simple coup d'œil, il mit à nu la vacillante lueur bleue qu'était son âme et y lut une peur immense. La domestique était pétrifiée, terrifiée, mais semblait avoir accepté son destin.

Quel gâchis.

Soudain, le prédateur n'avait plus faim. Il ne voulait pas engloutir l'âme d'une jeune fille qui ne pleurait pas, qui ne luttait pas pour sa survie. Il n'y avait rien d'amusant à ôter la vie à une proie immobile et digne.

Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui 😀 Je vous souhaite une très bonne semaine et vous donne rendez-vous très bientôt pour de nouveaux articles !

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