[Le Rayon Imaginaire] Le programme Lazare - Brice Riveney

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Je ne sais pas quoi penser de ce roman honnêtement

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Je ne sais pas quoi penser de ce roman honnêtement. C'est un de ces romans que vous lisez, mais il est tellement bizarre que vous avez l'impression de voir l'intrigue défiler de très loin, sans réussir parfaitement à rentrer dedans. C'est un sentiment étrange, et ici, il est totalement voulu.

Nous nous trouvons dans une dystopie par l'absurde. L'idée de base est intéressante : lorsqu'une personne tue un enfant, cette personne doit remplacer l'enfant auprès de sa famille pour qu'elle ne ressente pas sa disparition, agir comme s'il était encore là, sans être là. Tout se base sur la volonté de voir des signes placés par l'équipe du programme Lazare et des papiers qui imaginent la vie de leur enfant, jour après jour, année après année, et cela pendant les plus de vingt ans que dure le récit. L'idée de base est déjà très morbide, mais elle l'est volontairement : notre fascination pour le sujet fait que l'on a envie d'en savoir plus, et c'est exactement ce que recherche l'auteur. Il veut nous tromper, nous encourager à plonger dans l'histoire jusqu'à ne plus être capable d'en sortir et d'assister, impuissant et avec les parents de la petite Marjorie, personnage principale du roman, à une descente progressive aux enfers, entre perte de santé mentale, règles de plus en plus absurdes et oppressantes, et obligations pour ceux qui entrent dans la vie de Marjorie de jouer le jeu, parfois contre leur gré, sous peine d'aller en prison. On en arrive même au point où l'assassin se fait de plus en plus une place dans cette famille, au point de l'éclipser et de faire oublier qu'il est celui, en premier lieu, qui les a mis dans cette situation.

Le style littéraire est très étrange, oppressant, malaisant. On ressent du dégoût pour ce qu'on lit autant que cette fascination morbide qui nous pousse à aller toujours plus loin dans l'horreur, juste pour voir ce qui peut arriver. Ce qui va arriver. Plus on avance dans l'histoire, pire c'est. Si vous n'êtes pas complètement outrés à la fin de ce livre, si vous n'avez pas envie de le rejeter, c'est que l'auteur n'a pas réussi à vous toucher comme il le devrait.

Je trouve donc parfaitement normal que des gens abandonnent le livre en cours de route, et je pense d'ailleurs que ça aussi, c'était voulu par l'auteur. J'ai mis énormément de temps à finir ce livre, parce que plus on avance, plus il devient oppressant.

Toutefois, le roman n'est pas exempt de défauts. le style est difficilement accessible, parfois très lourd sans que ça ne soit vraiment justifié. le livre souffre aussi de beaucoup de longueurs. Certains chapitres auraient pu être coupés pour aller plus à l'essentiel, je pense qu'on aurait pu gagner 50 ou 100 pages comme ça honnêtement. Parfois j'avoue avoir passé quelques chapitres purement philosophiques qui ne concernent pas Marjorie, sans que ça n'entrave le bon fonctionnement de l'histoire. C'est un livre qui veut trop dire, et ça se ressent notamment vers le milieu de la lecture, où on aborde trop de sujets différents au point de s'y perdre un peu.

J'ai passé malgré tout un bon moment de lecture, très étrange et bizarre, mais incroyablement riche dans sa créativité et sa construction. C'est un roman qui prend des risques, limite expérimental, et j'ai été très surprise que ça se retrouve chez Hachette honnêtement. Ça m'a rendu très curieuse de découvrir les autres romans de la collection !

Je pense que c'est un de ces livres qu'il faut lire par soi-même pour se faire son idée dessus, c'est difficile de le décrire quand nous même on ne sait pas trop ce que l'on vient de lire. Si vous aimez les OVNIS littéraires, c'est clairement pour vous !

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