Dans la continuité de mon book de conseils et articles autour de l'écriture, je vous propose dans celui-ci des portraits d'auteurs et des critiques de livres pour enrichir un peu plus votre culture littéraire et découvrir des personnalités sympathiq...
Bonjour ! On se retrouve pour une nouvelle chronique d'un autre recueil de nouvelles, cette fois en auto-édition ! Cela faisait un petit moment que je n'étais pas allée voir ce qui se faisait chez les copains auto-édités. Isaac m'a contactée avec ce livre au résumé alléchant et je n'ai pas résisté à l'envie d'aller découvrir tout ça !
C'est aussi l'occasion de tester quelques modifications de mises en page pour mes articles eheh.
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CE QUI SE CACHE DANS LE NOIR
Nouvelles funambulesques est un recueil de neuf nouvelles qui explore la fantasy, la science-fiction et leurs sous-genres. Dark fantasy, steampunk, cyberpunk, ... Il y en a pour tous les goûts et toutes les couleurs.
La plupart des nouvelles explorent les côtés sombres et lunaires. Entre ce qui est et ce qui paraît, il y a toujours une grosse différence. Isaac de Mont vous propose des histoires courtes et rythmées qui vont vous faire à la fois réfléchir et vous retourner la tête avec des chutes presque toutes imprévisibles.
Pour arriver au bout de ce recueil, tel un funambule sur sa corde, vous allez devoir vous armer de courage. Frissons garantis !
Le recueil est disponible à la vente sur Amazon depuis le 26 janvier 2021. Vous pouvez le retrouver dans les commentaires !
ÊTRE OU PARAÎTRE, TELLE EST LA QUESTION
La manière dont on m'a présenté ce recueil m'a pas mal enthousiasmée. J'accepte rarement les recueils de nouvelles auto-édités parce qu'ils sont souvent trop aléatoires dans leurs thèmes abordés. Ici, on voyait directement qu'il y avait des choses en commun et ça n'a fait que se confirmer au fil de la lecture.
J'ai été très agréablement surprise par la qualité d'écriture. Tant au niveau du style et des intrigues, tout est extrêmement bien travaillé et incroyablement bien écrit. J'ai accroché à la plume en seulement quelques pages, là où il me faut d'ordinaire quelques chapitres. Il y a ce je-ne-sais-quoi dans l'atmosphère des différentes nouvelles qui m'a immédiatement accroché. C'est sombre, c'est acide par moments et c'est plein de petites références littéraires cachées que j'ai pris beaucoup de plaisir à débusquer.
Nous avons donc un recueil de neuf nouvelles qui se lisent chacune en une dizaine de minutes. Elles touchent à la fantasy et à la science-fiction, avec des accents sur le steampunk, la dark fantasy, parfois un flirt avec le fantastique et l'horreur. En tant que fan des littératures de l'imaginaire, je me suis régalée. La plupart des textes ont une atmosphère assez sombre, mais certains jouent également avec quelques traits d'humour bienvenus. Ils présentent tous également en filigrane de petites piques à l'actualité qui m'ont énormément plu parce qu'elles sont vraiment bien placées et discrètes, mais quand on a la référence, ça fait sourire. Et le tout sans aspect moralisateur, ce qui est top !
Les thèmes et personnages sont très variés. On a des enfants, on a des personnes âgées, des monstres, des créatures à l'aspect monstrueux mais qui n'en sont pas. On parle de malédictions, de clones dans le milieu du cinéma, de.... choses qu'on n'a vraiment pas envie de croiser dans la vraie vie et d'autres qui laissent un peu songeur. C'est divers et surtout, c'est novateur. L'auteur montre qu'il a très bien compris les codes des genres sur lesquels il travaille et qu'il est capable de les remodeler à sa manière pour rendre tout plus original. Je ne me suis pas ennuyée et j'avoue n'avoir jamais deviné la fin des différentes nouvelles, ce qui est un excellent point ! J'aime beaucoup la manière qu'ont les nouvelles de démarrer relativement calmement pour mettre en place l'atmosphère avant de prendre des proportions assez folles très soudainement, ce qui vous bloque instantanément le souffle et vous pousse à lire page après page à un rythme effréné.
Si l'on s'intéresse un peu plus aux nouvelles, il y en a plusieurs qui m'ont beaucoup marquée. J'ai adoré Expiation, qui montre un jeune homme faisant face à des attaques animales dans les maisons des jeunes femmes de son village. Le retournement de situation est vraiment bien trouvé dans ce texte. J'ai aussi adoré Le deuil impossible d'Angelina Mangerotta qui va vous donner des cauchemars tant tout est inattendu et original. On est dans le cadre d'un rendez-vous avec un croque-mort qui n'est pas sans rappeler Entretien avec un vampire d'Anne Rice et où il se passe une grosse dinguerie comme disent les djeuns. J'ai bien aimé le travail sur le post-apo dans Saturnalia également, qui est également très original et une excellente revisite de plusieurs thèmes de la science-fiction. Le Cabinet Lulu retravaille le steampunk de manière très imprévisible également, et nous fait visiter brièvement le thème du cirque. Et mon dernier coup de cœur, c'est Les Remplaçables, une histoire de clones dans le milieu du cinéma et qui fait vraiment froid dans le dos.
Toutes les nouvelles méritent vraiment d'être découvertes, il y en aura forcément une qui vous touchera. Je suis rapidement tombée sous le charme du style d'écriture, et ça vient nous rappeler que l'auto-édition n'est pas seulement le refuge des sans-éditeurs, parce que je vous garantis que le potentiel de cette plume est ouf. Vous pouvez y aller les yeux fermés, ce n'est pas très long, ce n'est vraiment pas très cher, même en broché, ça vaut largement le coup et vous allez passer un super moment !
Pour ma part, c'est totalement un coup de cœur et je suis très heureuse d'avoir pu découvrir tout ça !
UN PETIT EXTRAIT ?
« Dis-moi le fond de tes pensées, Léonard, je t'en supplie. » Il se met à bégayer. « J'ai vu quelque chose en bas. » Gédéon hausse immédiatement les sourcils. « Cela m'étonnerait. La porte est fermée. » Le maire cède à la panique, il serre les poings, prie pour qu'il ne se retourne pas ! Qu'il ne réalise pas son erreur magistrale... Mais c'est trop tard. Le propriétaire comprend qu'il n'a pas correctement verrouillé l'accès à la salle technique et aux commandes de la machine. Gravement, il pousse un profond soupir. « Qu'est-ce que tu as vu ? » Les yeux de Léonard sont emplis de larmes. « Je me suis trompé, je n'ai rien vu. Ces derniers temps, je dors mal. Les gens me font porter toutes les souffrances du monde sur les épaules. » Le patron gonfle ses poumons d'air, il triple de volume. « Bien sûr, Léonard. Rentre chez toi, et reviens quand tu veux. Tu es le bienvenu au cabinet de Lulu. Mais n'oublie pas, je peux te rendre riche, tu sais ? Riche, ou très malheureux. »
Le jeune homme à qui l'on prête mille qualités n'est plus que l'ombre de lui-même. Les menaces de Gédéon le tétanisent, il cherche à s'enfuir, mais le merveilleux carrousel s'est changé en supplice. Les ascendants de l'imposant maître des lieux le suivent du regard, comme s'il avait commis une atrocité sans nom, et qu'il méritait d'être gravement châtié. Léonard désire franchir le seuil, mais l'impression de courir dans un couloir sans fin est de plus en plus marquée. Il décampe pour de bon, et glisse sur le goudron trempé du parvis. Il lève le nez vers l'ignoble façade du cabinet de Lulu.
Désormais, la tête de clown est furieuse.
C'est tout pour aujourd'hui ! Je vous souhaite à tous une bonne semaine et vous donne rendez-vous bientôt pour de nouvelles chroniques ! Des bisouilles !
