[Malysa] Vénus pour Milo - Katia Goriatchkine

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Bonjour à tous et une très bonne année 2022 ! J'espère qu'elle sera prospère et plein de bonnes nouvelles. On peut tous oublier cette horrible année 2021 à présent et espérer pour le meilleur ! On commence l'année avec du gros drama chez les éditions Malysa, avec un petit roman qui ne vous laissera pas indifférent.

 On peut tous oublier cette horrible année 2021 à présent et espérer pour le meilleur ! On commence l'année avec du gros drama chez les éditions Malysa, avec un petit roman qui ne vous laissera pas indifférent

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Le dernier voyage

Depuis que le voyage interplanétaire est autorisé, d'étranges maladies ont contaminé la Terre, ramenées par les astronautes qui reviennent chez eux. Cela a conduit tout un pan de la population à devenir des « altérés », des mutants rejetés de tous qui peinent à trouver leur place.

Leur dernier espoir ? Vénus. Six inconnus, dont Milo, que les altérations ont presque rendu invisible, ont enfin reçu la lettre tant espérée et embarquent dans un ascenseur spatial tout confort, censé les amener à destination en cinq jours. Mais dès que les portes se referment, la découverte de tâches de sang sème la panique.

Il s'agit des premiers symptômes du Cérberès, une maladie mortelle et extrêmement contagieuse. Mais lequel des passagers l'a attrapé ? Personne ne veut se dénoncer.

Ces cinq jours vers le paradis pourraient vite tourner au cauchemar.

Ce court roman d'une centaine de pages est disponible aux éditions Malysa depuis le 10 décembre 2021. Vous pouvez le retrouver au format papier et numérique sur le site web de la maison d'édition. Le lien est en commentaire :D

Descente en enfer

C'est une très chouette découverte que nous propose les éditions Malysa, et c'est très inhabituel également. J'ai beaucoup apprécié ma lecture.

Nous nous trouvons dans un mélange de science-fiction et de whodunnit, ces romans policiers à huis-clos où il faut deviner qui est le coupable. L'univers est plutôt original, nous nous trouvons dans un ascenseur spatial aux airs de vaisseau spatial de luxe, et qui effectue l'aller-retour entre la Terre et Vénus en totale autonomie. Cela implique aucune caméra, aucun membre d'équipage : les visiteurs sont livrés à eux-mêmes pour cinq jours.

Le contexte qui motive la traversée est lui aussi intéressant, puisque notre petit groupe de voyageurs cherche à fuir une Terre envahie par les maladies étranges depuis qu'elle s'est ouverte à la conquête spatiale. Ces maladies ont notamment provoqué des mutations pour une partie de la population, et plusieurs des personnages du groupe en ont une. Cela rajoute du challenge et de la suspicion, mais aussi de très bonnes idées, comme ce personnage à moitié insecte qui ne peut pas parler. Ce qui est problématique dans ce genre de textes où tout le monde soupçonne tout le monde.

L'intrigue est plutôt simple en apparence : six voyageurs ont été choisis pour aller sur Vénus et prennent cet ascenseur spatial pour le voyage, jusqu'à ce que des traces d'une des maladies les plus contagieuses et les plus mortelles ramenée sur Terre par les astronautes se retrouve dans leur capsule. Le problème, c'est qu'on ne sait pas qui l'a, principalement parce que les symptômes de cette maladie se manifestent tardivement. L'autre problème, c'est qu'entre temps, la maladie peut très bien se propager parmi les autres voyageurs sans qu'ils ne s'en rendent compte. Très vite, la méfiance gagne les personnages qui se mettent à suspecter tout le monde, mais dans un endroit aussi petit, difficile d'éviter les autres.

L'atmosphère est donc particulièrement anxiogène, ce qui permet au lecteur de lui aussi mener l'enquête au fur et à mesure de l'intrigue et d'éliminer les potentiels coupables. Il n'y a que 120 pages, mais il y a aussi de nombreux rebondissements imprévus qui viennent compliquer l'affaire et remettre vos certitudes à zéro, d'autant plus qu'entre temps, on découvre d'autres secrets qui n'ont pas forcément de liens avec l'intrigue principale, mais qui viennent détourner votre attention pour brouiller les pistes.

Dans l'ensemble, j'avais deviné le coupable au milieu de l'intrigue, mais ce n'était pas pour les raisons que je pensais, ce qui a été une agréable surprise ! La fin est également particulièrement marquante et, oui, vous allez hurler. Je ne vais pas spoiler, mais l'enchaînement des événements finaux est très intense et vous aurez bien du mal à lâcher le livre avant la dernière page. En contrepartie, je trouve que certains éléments auraient gagné à être un petit peu plus développé plus tôt dans l'intrigue, avec plus d'indices allant vers la révélation finale, parce que ce qui s'y passe arrive quand même très, très vite, et il se passe tellement de choses en très peu de temps qu'on peut avoir l'impression d'un gros rush.

Nous suivons pour cette histoire le personnage de Milo, un jeune homme qui a subi une des mutations nommées plus haut, qui le rend transparent. Je l'ai beaucoup aimé. Bien loin de la figure de l'enquêteur, c'est un jeune homme aussi largué que tous les autres et très sensible, qui fait comme il peut avec les moyens du bord. Ça le rend très attachant et crédible, parce que je pense que c'est le mieux qu'une personne « normale » puisse réagir dans ce genre de situations.

Les cinq autres personnages sont aussi intéressants : un couple et leur fils mutant, au visage d'insecte, un homme d'affaire aux magouilles pas très réglementaires et une jeune femme rêveuse, mais qui semble cacher des choses. Chacun d'entre eux est extrêmement bien développé et attachant. J'ai beaucoup aimé la famille pour le symbole que ça représente, mais aussi Aubrey, la fille, qui se révèle un peu plus à mesure que l'intrigue avance, jusqu'à un évènement en particulier qui marque bien, bien les esprits, mais je n'en dis pas plus.

En bref, c'est un très bon petit roman qui peut être lu sans problème par des personnes qui débutent dans la lecture de la science-fiction, ou qui sont intéressée de voir ce que les mélanges de genres littéraires peuvent donner comme pépites. J'ai passé un très agréable moment, et je recommande grandement !

Un petit extrait ?

Aucun des deux n'osa terminer sa phrase. Soudain, Milo se remémora une fraction des instructions qu'il avait si peu écoutées la veille. Il traversa la pièce dans l'autre sens d'un pas énergique, alors même qu'il sentait ses genoux trembler. Puis il s'arrêta devant le panneau de commande. Ce dernier, en veille, lui annonçait sept heures trente-neuf du matin, temps sec et nuageux. Il lui proposait de varier la météo et les paysages. D'un doigt moite, Milo demanda qu'il fît nuit.

En une poignée de secondes, l'aube bien avancée laissa place à un croissant de lune fin qui ne dispensait presque aucune lumière. Une lamentation, semblable au cri d'une bête blessée, résonna dans l'ascenseur. Le Wells n'avait pas besoin de se retourner pour savoir ce que cela signifiait.

En quelques minutes, les quatre autres voyageurs les rejoignirent dans le salon, tous tour à tour frappés de mutisme, de crises de larmes ou d'accès de colère. Toutes ces éruptions ne se manifestaient que par borborygmes, personne ne parvenant à articuler des mots face à l'horreur dont ils étaient témoin. Enfin, Milo osa les rejoindre. Alors qu'il s'approchait, réticent, de ses compagnons attroupés en demi-cercle, il vit les marques scintiller telles des étoiles dans la nuit.

Il sentit une vague d'intense fatigue déferler sur lui. Sa main palpa l'air derrière lui à la recherche d'un fauteuil, mais ses jambes le trahirent avant d'en trouver la trace, si bien qu'il s'effondra sans bruit sur le sol. Son cœur se serrait de nostalgie à l'idée du soleil estival brûlant qui l'aveuglait lorsqu'il émergeait de la mine, obligé de plisser les yeux durant de longues minutes pour s'accoutumer à cette nouvelle luminosité. Il regrettait son étroite maisonnée à l'orée de la forêt, la neige qui l'ensevelissait jusqu'aux fenêtres quatre mois par an, les brames des orignaux qui résonnaient entre les branches. Il déplorait aussi son frère qu'il avait enterré quinze ans plus tôt. Il riait enfin, amer, de ces années sur la liste d'attente pour Vénus. Ce voyage qui représentait une chance pour une meilleure vie venait de les condamner tous.

Et voilà pour cette première chronique de l'année. J'espère qu'elle vous aura donné envie d'en savoir plus. À très bientôt pour de nouveaux articles 😀

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