[Le Grimoire] Des astres humains - Prix Mille Saisons 2022

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Bonjour, bonjour ! On se retrouve pour une chronique un peu spéciale, puisque son contexte est très particulier. Vous m'avez sans doute déjà vu en parler sur les réseaux sociaux, et j'avais hâte de terminer le recueil pour en parler 😀 C'est parti !

 Vous m'avez sans doute déjà vu en parler sur les réseaux sociaux, et j'avais hâte de terminer le recueil pour en parler 😀 C'est parti !

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Des astres humains, désastres humains

Le Prix Mille Saisons est un concours d'écriture lancé en 2016 et qui en est à sa cinquième édition. Il englobe tous les genres de l'imaginaire autour d'un thème en commun. Le concours se divise en trois grosses étapes : l'envoi des manuscrits et la sélection des finalistes, la sortie de l'anthologie et le vote des lecteurs, et enfin la sélection de la nouvelle gagnante. L'auteur aura ensuite la possibilité de rédiger un roman dans l'univers de sa nouvelle et de le faire éditer.

L'anthologie de nouvelles est augmentée. Chaque nouvelle est accompagnée d'une illustration, d'un libre-court cinématographique et d'une composition musicale.

Le thème de cette édition 2022 est donc Des astres humains. Des confins de l'univers aux mondes imaginaires les plus lointain, les auteurs des 22 nouvelles de ce recueil explore les définitions de l'être humain à travers ce qui les caractérise le plus : leur bonté, leur naïveté, leur amour, leur curiosité ou encore leur destructivité et leur haine. De la conquête spatiale à la fin du monde, d'un moyen âge médiéval fantasy à la fin du monde, venez découvrir l'humanité poussée à ses limites dans l'espoir un peu fou de faire ressortir le meilleur de ce qu'elle est capable de produire... Ou le pire, selon la perspective.

L'anthologie est disponible depuis le 26 mai 2021 aux éditions Le Grimoire. Vous pouvez vous la procurer au format papier sur le site de la maison d'édition. Si vous voulez participer aux votes, vous pouvez le faire jusqu'en septembre 2022. Le lien est en commentaire, comme d'habitude :D

Une odyssée à travers les mondes

J'avoue avoir été très surprise lorsque j'ai reçu un mail des éditions Le Grimoire. C'est une maison d'édition que je suis depuis extrêmement longtemps et dont j'achète régulièrement les livres, parce que c'est l'une des rares en France à publier des livres de jeux et du JDR. J'ai notamment dans ma bibliothèque plusieurs titres de leur collection Naheulbeuk, que je vous conseille au passage !

J'ai terminé il y a peu de temps l'anthologie et je dois dire pour commencer que le livre est d'excellente qualité. J'ai été surprise de son poids lorsque je l'ai reçu, et la mise en page est vraiment super soignée, avec des illustrations très, très chouettes. Vous allez travailler vos poignets en le portant, je peux vous le promettre.

Dans l'ensemble, l'anthologie est très très chouette. Chaque nouvelle est extrêmement originale et présente le thème sous un aspect très nouveau. Le recueil est à dominante science-fiction (ce qui est plutôt logique vu le titre), mais il y a également quelques nouvelles de fantasy et de fantastique très sympathiques. Honnêtement, toutes ont leur chance pour le prix. Il n'y en a pas que j'ai détesté, je me suis même beaucoup investie dans d'autres, et à l'heure actuelle, je ne sais toujours pas pour qui je vais voter. Fort heureusement, j'ai encore toute la partie musicale et cinématographique à découvrir pour prendre ma décision.

J'ai beaucoup aimé la manière avec lesquelles les auteurs se sont appropriés le thème. On a beaucoup de « désastres humains », à n'en point douter, avec des thèmes sombres et des hommes qui font de très mauvais choix, mais on en a également d'autres qui sont plus utopiques et parlent de liberté et d'espoir. Bon nombre de nouvelles ont des fins ouvertes qui laisse libre court à l'interprétation.

Il y a une grande diversité de genres de textes représentés : dystopie, cyberpunk, hard SF, humour, fantastique, médiéval fantasy, il y en a vraiment pour tous les registres et avec tous types de personnages. Tous cherchent à plus ou moins définir ce que sont les contours de l'humanité et ses valeurs. Certains auteurs ont encore l'espoir de faire changer les choses, avec des personnages qui prennent conscience de leur état et de leurs erreurs... Pour d'autres, ce sont des suites d'erreurs qui provoquent des erreurs plus grosses encore et même des fins du monde dans certains cas.

Dans les nouvelles que j'ai beaucoup aimées, il y a la première nouvelle, Dernier train pour Tsulan de Célia Ibañez, qui ne fait pas partie de la compétition puisqu'elle a gagné l'année passée. On y suit l'aventure de deux inconnus qui acceptent un programme scientifique expérimental. Cependant, celui-ci ne se passe pas très, très bien. J'ai beaucoup apprécié À quelques minutes de Hugo Giovannetti et son horloge de la fin du monde et Ce que diront les roches de Simon Andrieu et sa quête de vérité sur le passé de l'humanité entre religion et politique. J'ai bien apprécié Révolution de Gaëtan Maran et ses humains poussés à l'esclavage qui cherchent à se rebeller ou encore L'Aventure des courriers perdus de Philippe Caza pour son ambiance « Old SF » qui m'a beaucoup fait rire.

J'ai eu un énorme coup de cœur pour Yeux Fauves, une des nouvelles fantasy du recueil d'Irene Salvador, qui traite de la différence et de l'union avec la nature dans une petite aventure très poétique et avec des rebondissements. De même pour Les Cocons de Francis Politzer qui raconte l'infestation de la Terre par un espèce de virus qui touche les arbres. L'idée est super originale et le traitement du texte incroyable jusqu'à la fin. Dans les gros coups de cœur, il y a également Planétarium d'Adrien Lioure, une nouvelle plus terre à terre qui parle de l'invasion de la technologie et du malaise que peut engendrer cette invasion pour ceux qui n'en souhaitent pas. Dans un tout autre registre, il y a aussi Trans Vitam Aeternam de Nicolas Duval et qui nous présente l'ascension sociale d'un inventeur de toilettes qui tourne en quelques sortes à la dystopie. Je sais que c'est difficile à croire, mais les deux thèmes sont traités avec tant de sérieux que c'est juste hilarant. Je pense que ça va être dur d'en éliminer une pour le vote, mais ces quatre-là m'ont beaucoup plus touchée que les autres, même si toutes les nouvelles sont excellentes.

Je dirai que le recueil s'adresse principalement à un public d'adulte avec déjà de bonnes bases de lecture en SFFF. Il y a beaucoup de références à d'autres auteurs ou des styles qui se veulent l'hommage d'autres auteurs. Toutefois, toutes les nouvelles peuvent se lire sans le bagage culturel, ce n'est que du bonheur.

Et n'oublions pas également l'incroyable travail des illustrateurs, compositeurs et amoureux du cinéma qui ont travaillé sur les projets annexes de chaque nouvelle. Je n'en suis qu'au début de mon exploration, mais ce que j'ai vu et écouté pour l'instant est d'excellente qualité. J'ai beaucoup aimé les illustrations du recueil également, elles sont très chouettes et certaines sont même impressionnantes !

Je recommande grandement la lecture de ce recueil, il est vraiment top avec de très bonnes idées ! C'est une excellente découverte.

Un petit extrait ?

Rien, ni force manuelle ni intervention mécanique ne parvenait à stopper la pousse de ces carapaces. La roche qui se formait autour des végétaux semblait faite d'un alliage inédit que même les outils les plus offensifs ne parvenaient pas à détruire.

Ce fut autour de l'équateur, en lisière des cultures d'un village isolé, qu'apparurent ces anomalies, ces aberrations de la nature que nous allions bientôt appeler les « cocons ».

Venant la plupart du temps de populations paysannes peu instruites, les descriptions qui furent faites de ces gangues brunâtres laissèrent les responsables scientifiques et politiques incrédules. Il était question d'une sorte d'enveloppe plus ou moins noire, tantôt brune, tantôt vert foncé, semblant sortir du sol et enserrant par la base les troncs d'arbres. D'autres paysans, tout aussi désemparés et imprécis, firent la même observation sur le maïs ou la canne à sucre. Tous s'accordaient sur le caractère extraordinairement puissant du phénomène. Chaque jour, l'obscur manchon mi-roche, mi-métal s'élevait centimètre par centimètre comme pour étouffer bientôt la cime des arbres.

Les Cocons de Francis Politzer

C'est tout pour aujourd'hui ! Je vous souhaite une bonne journée, de bonnes vacances pour ceux qui sont déjà partis ou sont sur le point de partir, et rendez-vous bientôt pour de nouveaux articles !

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