[Inceptio] Le voleur d'âmes - Jean Dardi

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Bonjour, bonjour ! Nous continuons de rattraper notre retard chez Inceptio avec leur thriller le plus récent, un de ceux qui vous hantent longtemps et qu'il va être difficile d'oublier. J'en ai encore des frissons partout.

 J'en ai encore des frissons partout

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Les fenêtres de l'âme

Entre 1985 et 2015, la tranquillité de la Côte de Beaune est troublée par une série de disparitions inquiétantes. Des petites filles sont enlevées aléatoirement et leurs traces ne sont par la suite jamais retrouvées. Malgré tous leurs efforts, la police est impuissante et les enlèvements continuent en toute impunité. Sans preuves, sans corps, il n'y a rien à faire pour empêcher les drames de se produire. La paranoïa s'installe et les médias s'emballent.

Jusqu'au jour, où, par hasard, un braconnier retrouve l'un des corps. L'autopsie révèle un détail qui fait froid dans le dos : les yeux de la petite victime ont été arrachés, peu après sa mort.

N'ayant plus d'autres solutions, on envoie sur place Stéphanie Derochelle, surnommée La Louve, une redoutable enquêtrice spécialisée dans les situations de crises impliquant des mineurs. Pas à pas, victime après victime, elle se lance sur la piste de celui que les médias surnomment à présent le voleur d'âmes, et alors même que les disparitions continuent de se produire et s'accélèrent.

Parviendra-t-elle à retrouver le meurtrier et arrêter sa folie ?

Le Voleur d'Âmes est disponible depuis le 12 novembre 2021 aux éditions Inceptio. Vous pouvez vous procurer le roman au format papier et numérique sur le site web de la maison d'édition. Le lien est en commentaire, comme d'habitude !

Les petits drames du quotidien

J'ai beaucoup aimé ce petit thriller aux chapitres courts et incisifs. Je ne suis d'ordinaire pas une grand fan des chapitres au format aussi court, mais j'ai trouvé que ça se prêtait énormément au ton du récit, sans avoir l'impression de longueurs. Tout est là où il faut quand il le faut, et c'est vraiment jouissif.

Nous avons affaire ici à un thriller qui mélange les points de vue de l'enquêtrice, Stéphanie Derochelle, et du mystérieux meurtrier, qui je pense, par ailleurs, occupe plus de place qu'elle dans l'histoire, ce qui est une approche intéressante. Nous sommes tout au long de l'intrigue dans une dualité où le tueur s'efface et se perd avant de revenir et d'assumer, et je trouve que l'on retrouve les mêmes fluctuations dans le rythme de l'histoire, ce qui permet notamment ce jeu avec le format des chapitres.

L'histoire n'est clairement pas à mettre entre toutes les mains puisqu'elle emprunte beaucoup au registre de l'horreur. Il y a des scènes violentes, choquantes, immorales, et même moi qui ait une tolérance très large en matière de meurtre, j'ai trouvé certaines scènes glauques. Plusieurs passages m'ont fait me sentir assez inconfortable, ce qui est bien dans un sens, parce que je peux vous assurer que vous n'aurez aucun mal à visualiser les images dans votre tête.

Il faut dire que le thème même de l'intrigue est particulièrement osé, puisqu'il s'agit de meurtres d'enfants, une piste que beaucoup d'auteurs n'osent pas aborder parce que les lecteurs n'aiment en général pas qu'on touche à ces derniers. J'ai beaucoup aimé toute cette histoire autour des yeux, et le fait que le tueur les retirerait parce qu'ils sont une fenêtre sur l'âme. L'idée est très chouette et bien flippante, et on se prend facilement au jeu de l'enquête.

L'enquête, c'est d'ailleurs la grosse force de ce texte. On veut savoir quelles sont les motivations du meurtrier, on veut savoir comment ça va se terminer pour lui. Même si on le côtoie pendant tout le roman, on ne commence à apprendre des choses sur lui que sur le dernier tiers de l'histoire, même si des tas d'indices sont disséminés tout au long de l'histoire, et qui ne font sens qu'une fois que vous avez fini l'histoire. Pour ma part, j'ai trouvé la fin un peu facile, même si je comprends l'intention de l'auteur derrière, puisqu'elle est forte en symbolique. Pour autant, j'aurais préféré aller encore un peu plus loin dans l'intrigue.

Les personnages sont très chouettes dans l'ensemble. J'ai beaucoup aimé Stéphanie Derochelle, la Louve, qui est bien loin d'être une policière sans défaut. Elle est brutale, elle utilise ses propres méthodes pour arriver à ses fins, et elle est froide et colérique. Pour autant, plus on en apprend sur elle, plus on se rend compte que le masque qu'elle s'est donné est déjà fissuré et menace de céder pour de bon. J'ai apprécié la petite sous-intrigue autour de son passé, qui permet de lui donner plus de profondeur et d'humanité, ce qui, là aussi, provoque une dualité intéressante entre le travail où elle se doit d'être détaché, et le fait que la plupart des affaires la touche profondément et laissent des marques.

Si je devais faire un petit reproche, cela dit, c'est que je trouve qu'elle arrive un peu trop tard dans l'histoire, ce qui ne favorise pas tout de suite l'attachement du lecteur. J'ai eu un peu de mal à l'apprécier au début, parce qu'on a une première partie de l'histoire centrée sur le tueur en série, qui est bourrée de suspense et de scènes un peu trop excitantes, ce qui fait que ses débuts donnent un peu l'impression d'être éclipsés. Pour autant, ça reste un excellent personnage que j'ai adoré suivre par la suite.

Le tueur aussi est intéressant, notamment dans son mode de pensée qui se complexifie un peu plus à mesure que l'intrigue avance. Je ne peux pas trop en dire pour ne pas vous spoiler l'intrigue, mais le monsieur effectue quand même quelques grosses dingueries à mesure que l'histoire avance, au point de parfois se demander comment il réussit à rester inaperçu. C'est un petit problème qu'on retrouve aussi plus loin dans l'histoire, avec une scène de combat en voiture très visuelle, mais quand même un petit peu surjouée, ce qui la rend difficilement crédible ahah. Néanmoins, j'ai beaucoup aimé que le personnage prenne de plus en plus de risques. Le final donne la chair de poule.

En conclusion, c'est une très chouette découverte avec du suspense, de l'horreur et une bonne enquête. Le roman est très addictif et bien rythmé, on ne s'ennuie jamais. On sent que l'auteur s'est lâché dans les scènes dramatiques (je ne lui en veux pas, je sais ce que c'est ahahah) et ça donne une intrigue riche et complexe, aux personnages attachants, hypnotisants, qu'on a bien du mal à quitter sur la fin. Le style est efficace et aiguisé, et ça donne envie de découvrir plus de textes de cet auteur, qui en a déjà plusieurs autres à son actif.

Je recommande à tous les lecteurs qui n'ont pas froid aux yeux !

Un petit extrait ?

Attention, la scène contient un passage très dérangeant.

Un nuage de mouches fébriles voletait dans la chambre, suçant, piquant, picorant. Derochelle se préserva de la nuée malsaine en nouant un foulard devant son visage.

Elle s'approcha jusqu'au lit et les mains croisées devant elle, entra dans une profonde concentration...

L'odeur épaisse aurait fait fuir un putois.

Depuis quand n'était-elle plus venue ? Toujours ce boulot de merde qui l'accaparait, lui faisant oublier jusqu'au plus élémentaire de ses devoirs ! Trente ans ? Quarante ?...

Le bip lancinant d'un moniteur cardiaque, seul, troublait le silence de plomb.

Elle revit par flashs des déferlantes d'images, de souvenirs...

Lorsque après de longues minutes de recueillement, elle s'apprêtait à faire ses adieux, elle voulut poser sa main sur le front de la morte.

Et poussa un long cri de terreur : les bras du macchabée s'étaient soudainement tendus vers elle et un long râle rauque, déformé par la sonde d'intubation, sortit de la gorge béante :

— Maaa... maaan !

C'est tout pour aujourd'hui 😀 J'espère que cette petite chronique vous aura donné envie d'en découvrir plus. Je vous dis à bientôt pour de nouveaux articles !

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