Interview n°20 - Anne-Sophie Guénéguès

Depuis le début
                                    

Il n'est sans doute pas anodin que je traite de l'abandon de son enfant par la mère, moi qui ai été élevée essentiellement par mon père ! :o)

À une heure où on est bientôt 8 milliards sur la planète (la population mondiale a doublé depuis ma naissance !), où l'on sait que dans moins de cent ans on se battra pour l'eau et autres ressources rares de la planète, la question d'enfanter se pose différemment que quand j'ai eu mon fils, par exemple. Et je trouvais que donner la voix à des femmes qui sont mères, qui ne peuvent pas l'être, qui n'en ont pas envie, qui élèvent les enfants des autres... était une jolie façon d'interpeller le lecteur (la lectrice) sur ses propres choix, sa position à ce sujet. Mais mon livre veut aussi l'interpeller sur d'autres sujets tels que le harcèlement au travail, l'intégration des étrangers, l'exode rural, la prise en charge de nos aînés, etc.

J'aimais aussi beaucoup l'idée de mettre mon personnage principal, Célyne, en recherche de quelque chose – quelque chose d'important, sa propre mère – et de lui faire trouver plein d'autres choses à la place (un travail, des amis, un amour, des buts, une famille...). Est-ce que cela suffit, remplace ?

J'ai vu que tu as édité plusieurs autres récits et recueils de nouvelles, qui semblent, en plus de ce roman, avoir pour point central de réaliser un portrait de la diversité du genre humain. Est-ce que c'est quelque chose de conscient ou un simple hasard ? Est-ce quelque chose que tu souhaites développer davantage dans des récits futurs ?

Quand on regarde la couverture de mon dernier recueil Être(s), on perçoit l'idée de prendre une personne en particulier (au centre) parmi un groupe de gens (en haut) : c'est ce que font mes nouvelles. J'isole une personne, je l'observe alors qu'elle vit un moment bascule de sa vie (un déménagement, un adultère, la perte d'un enfant...) et sans (trop) juger, je me moque gentiment de ce qui se passe. Les travers, les défauts, les lâchetés de mes frères humains me passionnent, oui, et j'aime vraiment donner la parole à tous : l'archétype du papy grognon, les interrogations de la petite fille lucide, l'amour de jeunesse que l'homme retrouve en fauteuil roulant, l'homosexuel qui ne sait pas comment le dire à son père, le couple qui s'engueule au moment de charger la voiture des vacances... Et je suis chacun d'eux bien sûr ! Toutes les façons d'être, toutes les casquettes que l'on revêt au sein d'une seule et même personne me donnent à réfléchir, j'en aurai jamais fait le tour !

(Nota : Dans mon dernier recueil, j'avais même fait parler un chien, mais mon éditeur m'a demandé, à raison, de retirer cette nouvelle !)

Peux-tu nous parler un peu de ton expérience dans l'édition actuellement ? Quand a-t-elle commencé ? De quelle manière ? Est-ce que tu peux nous parler de ce qui te plaît et de ce qui te plaît moins en maison d'édition ? Est-ce que tu envisages de...

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Peux-tu nous parler un peu de ton expérience dans l'édition actuellement ? Quand a-t-elle commencé ? De quelle manière ? Est-ce que tu peux nous parler de ce qui te plaît et de ce qui te plaît moins en maison d'édition ? Est-ce que tu envisages de faire publier En attendant également ?

J'ai fait publier mes premiers textes à compte d'auteur parce que je ne me voyais pas « déranger » une vraie maison d'édition avec mes petites nouvelles. Je voulais publier un livre, laisser une trace pour mon fils, mais je ne me sentais pas écrivain. Et puis, j'ai eu les retours enthousiastes de tous ceux qui m'ont lue, ce sont les lecteurs qui ont donné de la valeur à mes textes et à ma plume. Alors, je me suis dit que je pouvais peut-être séduire un véritable éditeur. Et ça a été le cas, un éditeur que je ne connaissais pas, avec qui je ne travaillais pas, qui m'a jugée uniquement sur mon écrit et a eu volonté de m'accompagner. C'est une toute petite maison pas très bien distribuée, mais qu'importe, ils font un vrai travail d'édition. De toute façon, avec des nouvelles, je ne peux pas aller sonner chez Gallimard !

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