Bonjour à tous ! J'espère que vous vous portez toujours bien en cette période de confinement ! Pour ma part, je n'ai pour l'instant pas vraiment vu la différence étant donné que la Fac a décidé de nous assommer de travail pour bien nous le faire comprendre. Mais ça progresse ! Aujourd'hui, on se retrouve pour une petite chronique sur un nouveau énorme coup de cœur que j'avais très hâte de vous présenter !
1. Paris, capitale de la diversité
A l'aube de l'année 1900, la découverte d'autres créatures appelées les Surnaturels a bouleversé l'équilibre de Paris. Désireuse de se montrer ouverte d'esprit, la ville n'a pas mis longtemps à les inclure dans la société, en deux catégories : les Féeriques pour les créatures qui peuvent sortir le jour et les Maléfiques pour ceux qui préfèrent la nuit. Cette division n'est pas sans conséquence et les Maléfiques, notamment, se sentent rejetés par une mauvaise réputation injustifiée.
Alors que l'Exposition Universelle de 1900, qui va révéler au monde tout ce dont Paris est capable et être prise en exemple dans un futur que tous espèrent radieux, une série de meurtres sordides vient noircir le tableau. Des corps sont trouvés ici et là démembrés, dévorés et avec certains organes prélevés. Très vite, les regards se portent sur deux suspects : les Maléfiques, cible facile et évidente, et l'établissement Razbork, tourné vers la science, que le gouvernement et la Sûreté suspecte depuis longtemps de mener des expériences interdites.
Simples rumeurs de quartier ou malaise fondé ? Sur la grande scène parisienne, Octave Cinib, auxiliaire à la sûreté et son colérique patron, Clothaire de Belleville, vont devoir démêler le vrai du faux. Malheureusement pour le jeune bleu, Clothaire a les idées bien arrêtées sur les choses et, pour s'en sortir, peut-être vaudrait-il mieux se tourner vers des alliés moins... humains.
Symbiose est disponible depuis le 15 octobre 2020 aux éditions Inceptio. Vous pouvez vous procurer le livre au format papier et numérique sur le site de la maison d'édition. Le lien est en commentaire ! N'hésitez pas à faire directement vos achats via leur site ou dans des librairies indépendantes, c'est plus avantageux de cette façon pour tout le monde que via Amazon ! En plus, Inceptio propose des bonus sympas à l'achat, donc pensez-y ! En ce moment, les frais de port sont gratuits également, si vous aviez d'autres livres de la collection en visuel, et il y a des packs de Noël qui arrive avec de grosses réductions !
2. Meurtres sordides et têtes de coupables
Ce texte est incroyable. Voilà, c'est tout, vous pouvez aller l'acheter et fermer la page. Plus sérieusement, c'est une vraie petite pépite que j'avais déjà repéré en trouvant l'autrice sur LinkedIn (vous avez vu comment je suis trop professionnelle ?) et j'ai mon radar à steampunk qui s'est mis à hurler dans ma tête : « LIS ! LIS ! LIS ! LIS ! ». Et il avait bien, bien raison.
Nous nous trouvons donc dans Paris, en 1900, à l'aube de l'Exposition Universelle. C'est un grand événement qui vise à montrer les progrès technologiques, scientifiques et sociétaux aux yeux du monde, pour contribuer à cette image symbolique que la France est un modèle de développement à suivre. Le cadre historique est très bien soigné, que ce soit dans le traitement des personnages ou la description des lieux. Tout sent bon la Belle Epoque et il y a énormément de références à des bâtiments emblématiques dans le cadre de leur époque. J'ai notamment beaucoup aimé le traitement du Moulin Rouge, qui est très chouette.
Là où est le coup de maître, c'est que dans ce cadre qui plaira forcément aux fans d'historique viennent se glisser le fantastique et le steampunk. Dans le cadre, tout d'abord, puisque le ciel est rempli de dirigeables, et beaucoup des bidules scientifiques présentés dans le laboratoire ressemblent à des expériences à la Frankenstein. Et ensuite, bien sûr, dans l'inclusion des créatures surnaturelles dans la société, que ce soit fées, elfes, nains ou vampires, lycanthropes et sorcières à qui l'on endosse généralement le mauvais rôles dans les romans. La division entre Féériques et Maléfiques apportent beaucoup au message du texte, où Paris est présentée comme une capitale qui ouvre ses portes à tout le monde... Mais pas trop quand même. Un parfum doucement contemporain qui m'a beaucoup fait rire. Rien que le nom de ces deux groupes n'est pas neutre. C'est d'ailleurs tout l'enjeu de l'intrigue.
Car oui, l'intrigue de ce roman est plutôt orienté vers le policier. On y suit notamment un inspecteur (auxiliaire), Octave, qui n'a décidément rien à envie à Sherlock Holmes au niveau de l'art de la déduction, l'ouverture d'esprit en plus, mais je m'égare. J'ai beaucoup aimé ce personnage, et ça a de l'importance, parce qu'il est très humain. C'est un peu le représentant de notre peuple pour les Surnaturels, et heureusement qu'ils l'ont choisi lui, parce que si l'on regarde son boss, Clothaire de Belleville, ce serait clairement pas la même histoire. C'est un bonhomme égocentrique, bourru, colérique et qui a de toute évidence un souci d'orgueil auprès des femmes (sans aucune réussite jusqu'à présent). J'ai beaucoup aimé ce duo assez insolite où c'est le bleu qui est le plus doué des deux, tandis que l'autre est, on peut le dire, totalement à la ramasse de A à Z, mais c'est ce qui fait son charme. J'ai vraiment extrêmement apprécié que l'amour ne soit pas le centre d'intérêt d'Octave, j'ai crû qu'on allait y avoir le droit sur la fin, mais il est resté neutre jusqu'au bout et ça fait vraiment du bien.
En face de ce duo, on a un autre trio important dans l'intrigue, composé de Raïzel, une danseuse du Moulin Rouge qui a sans doute lu trop de bouquins sur les femmes fatales, Griselda, dernière descendante des sorcières du nord et Anastase de Tulipier, un légiste aux dents sans doute un peu trop pointues. A trois, ils ont un objectif très précis et une ambition peut-être un poil trop dangereuse que je vous laisse le plaisir de découvrir. Ce que j'aime beaucoup dans leur plan, c'est la fidélité qu'ils se vouent les uns aux autres et comment leur groupe reste uni du début à la fin de leur plan. Ou pas. Mais eh, l'imprévu fait plus ou moins parti du plaisir, n'est-ce pas ? Quoi qu'il en soit, les trois personnages sont extrêmement intéressants et différents des stéréotypes auxquels on pourrait les associer au premier abord.
C'est bien une des spécificités avec ce texte, avec beaucoup de travail autour de la notion d'idée préconçue dont l'autrice joue. Quand on parle d'elfe, de nain, de vampire, on a forcément des images éloquentes qui viennent à l'esprit, eh bien, elles existent aussi dans le texte, mais si vous en restez là, vous risquez de vous diriger vers le mauvais camp. C'est d'ailleurs par ce moyen que passe plusieurs indices sur l'intrigue, il va donc vous falloir garder l'œil ouvert. Outre cela, il y a également de jolis messages féministes cachés à droite à gauche, et une jolie critique des médias, de la politique et de la science, et des liens qu'ils entretiennent les uns avec les autres. Vous vous en doutez, c'est une des choses qui m'a beaucoup, beaucoup plu !
Il y a bien d'autres choses à dire sur l'univers en lui-même. J'ai beaucoup aimé les différentes créatures qu'on y trouve, par exemple, et comment elles se sont adaptées à la vie parisienne à leur manière, et toujours en luttant contre les idées préconçues. Par exemple, on imagine mal une fée en tant qu'assistante de médecin légiste, et pourtant, quand vous avez l'idée devant vous, ça fait étrangement sens. J'ai aussi beaucoup aimé le développement de ces créatures dans des lieux de Paris qu'on ne regarde pas souvent : dans la scène, dans les parcs, sous les cimetières. Ca donne une carte de la ville en plusieurs dimensions qui est au final assez commune aujourd'hui avec le métro, mais ne l'est pas en 1900. J'ai adoré que l'importance des souterrains et des égouts de Paris soit gardée par exemple, parce que c'est réellement quelque chose de sous-utilisé alors qu'il y a un potentiel d'intrigues incroyables à se faire là-dessous. Et ce qui est encore plus génal, c'est que l'univers n'a pas encore dévoilé tous ses secrets et qu'il y a de ce fait largement de quoi écrire un tome 2 ou mieux, un roman sur l'univers étendu, et je croise vraiment les doigts pour en lire plus parce que je suis vraiment tombée sous le charme de ce petit univers.
Et enfin, un gros, gros coup de cœur sur le style d'écriture qui est vraiment très propre et bien rythmé. On rentre dans l'histoire très facilement et c'est très dur de la laisser partir, puisqu'on a encore des questions à la fin. L'attachement aux personnages se fait dès le début, et forcément, le lecture en devient très fluide, passionnante et un peu effrayante parce que les pauvres personnages passent par bien des soucis.
En bref, c'est un excellent, excellent roman bien comme je les aime avec une plume extraordinaire, une intrigue haletante, des personnages excitants et du steampunk à gogo, parce qu'il n'y a jamais assez de steampunk dans votre vie. Excellente lecture que je vous recommande vraiment, vous allez forcément passer un bon moment !
3. Un petit extrait ?
Dans les venelles les plus sombres, au cœur des bas quartiers, des crimes se déroulent dans l'ignorance générale. Certains buveurs agressent sans vergogne les hommes venus s'en prendre à eux.
La nuit de l'annonce, Octave a assisté à l'une de ces scènes, démuni et terrifié. Deux vampires, après avoir subi les injures, les coups et l'humiliation d'un groupuscule d'humains, ont perdu la raison. Il a vu le premier en attraper deux par la gorge, un dans chaque main et les soulever avec une facilité déconcertante. Sa peau, livide, reflétait les rayons de la lune. Ses mains sont devenues celles d'un monstre, pourvues de longues griffes pénétrant dans la chair de ses deux agresseurs. Ils avaient beau se débattre et agiter leurs jambes dans le vide, rien n'aurait pu faire lâcher prise au buveur. De toutes ses forces, il n'a pas hésité à propulser l'un de ses pantins, l'envoyant s'effondrer plusieurs mètres plus loin. Octave a entendu le craquement des os brisés. Par chance, l'homme avait survécu, même s'il avait perdu au moins l'usage d'un membre ou deux. Octave avait pris son courage à deux mains avant de se munir de son revolver chargé d'une potion répulsive : un mélange d'ail et d'eau bénite qui « marche à tous les coups », selon les propos de l'herboriste.
Il s'était alors élancé vers les deux vampires, transformés en monstres. Peu habitués à être surpris sous leur forme la plus bestiale, ils n'avaient pas réagi immédiatement à l'attaque d'Octave, le considérant comme un abêti de plus à tuer. Mais les salves de poison dégainés les avaient fait reculer. D'autres agents étaient intervenus. Ils avaient traîné les coupables, hurlant de douleur, jusque dans un fourgon blindé par les enchantements des fées.
Mélisaine était alors sortie du véhicule, l'air grave.
— Bien joué, Octave, lui avait-elle dit , sans conviction.
— Bonsoir Mélisaine. Je suis navré pour tout ça...
— Des scènes comme celles-ci se déroulent un peu partout dans Paris. Les gens se calfeutrent dans les espaces clos et se barricadent grâce à la magie des Féériques. Les Maléfiques se planquent pour l'instant, mais ils finiront par se révolter. Ce soir, ce n'est rien comparé à ce qui va arriver...
C'est tout pour aujourd'hui 😀 Je vous souhaite une bonne semaine et à bientôt pour de nouveaux articles !