Fire & Gasoline (Terminé)

Lose yourself

Le lendemain

Do : Alors, comment ça s'est passé ?

A : C'est chaud...

Do : Raconte.

A : Trop long par texto. On peut se voir ?

Do : Pas aujourd'hui, je suis avec Ellen :/

A : Ce soir au Blue Cross ?

Do : Ça marche.

Le Blue Cross. C'est dingue qu'un endroit aussi merdique signifie tant de choses pour moi. Pourtant, lorsque j'y pense, s'il y avait un endroit emblématique de ma relation avec Daryl, ça serait ce vieux bar crasseux. C'est là que je me suis battue pour lui, c'est là que j'ai pleuré devant lui pour la première fois, c'est là que j'ai pris conscience de mes sentiments pour lui. Et c'est là que j'ai craqué, la dernière fois que je suis venue. Je croyais que c'était cet endroit et les combats qui me donnaient envie de vivre. Peut-être que finalement, ça n'avait rien à voir avec le Blue Cross. Peut-être que c'était juste lui. Après tout, ma première nuit sans médicaments, c'était le soir où je m'étais battue pour la première fois...mais c'était aussi la première fois que je dormais avec lui. Et lorsqu'on est sortis ensemble, j'arrivais à aller bien sans toute cette violence. Le Blue Cross était un bandage que je mettais sur une gangrène qui me dévorait. Ça en cachait les marques visibles mais ça ne guérissait rien. C'était lui qui m'aidait.

Arrête de penser à lui.

Ça n'amène rien de bon, ça ne fait que me faire souffrir un peu plus. Est-ce que je lui manque au moins ? Est-ce qu'il pense à moi ? Ou est-ce qu'il m'a déjà oubliée ? Je secoue la tête.

Ça suffit.

Prenant une grande inspiration, j'entre dans le Blue Cross et salue le barman d'un signe de tête. Il reçoit le message 5 sur 5 et ouvre rapidement la porte du fond. Je descends les escaliers avec l'impression de revenir plusieurs mois en arrière, lorsque Daryl est entré dans ma vie. Pourquoi a-t-il fait ça ? Pourquoi me rendre si dépendante de lui pour m'abandonner ensuite ? Et putain, pourquoi je suis incapable de l'oublier ? Il est parti depuis bientôt un mois et pourtant je sens encore ce trou béant dans ma poitrine, comme s'il n'allait jamais se refermer. Je sens son manque comme une douleur permanente dans mon estomac, comme si mes entrailles essayaient de sortir de mon corps.

Oublie-le Axelle. Tu le détestes.

Oui, je le déteste. Je le déteste et je l'aime. Je le déteste parce que plus de trois semaines avec qu'il m'ait larguée, je me réveille encore en pleine nuit, les yeux trempés de larmes, tremblant de tous mes membres. Je le déteste parce que je ne peux pas passer plus d'une minute sans penser à lui, sans avoir envie de lui envoyer un message parce que j'ai vu quelque chose qui le fera rire ou qui fait allusion à l'un de nos nombreux délires stupides. Je le déteste parce que j'ai mal et parce qu'il est le seul à pouvoir me guérir.

Au sous-sol du Blue Cross, l'ambiance est animale, comme un reflet des pensées haineuses qui me tourmentent. Je me fraie un chemin dans la foule, les poings serrés. J'ai besoin de passer ma colère sur quelqu'un, n'importe qui. Dans l'arène, un combat est déjà en cours, opposant deux parfaits inconnus. Je repère quelques visages connus dans le public mais après ma longue absence, je remarque beaucoup d'hommes que je n'ai jamais vu avant. Je fais un signe de la main à Dorian.

« Hey ! »

Il s'avance vers moi en souriant.

« Axelle ! Comment ça va ?