Fire & Gasoline (Terminé)

Concessions

Le soleil est en train de se coucher, lentement, et je n'ai toujours pas bougé. Je suis restée assise sur un banc paumé au milieu de la ville, dans un coin que je ne connais même pas. Je ne sais même pas comment j'ai atterri ici ni depuis combien de temps je suis là. Et je m'en fous. La colère s'est dissipée, ne laissant que l'amertume et le goût infect du mensonge. Je crois que je pourrais rester immobile jusqu'à en mourir tellement je me sens lourde. Comme si une chape de plomb pesait sur moi. De toute façon je n'ai nulle part où aller.

Encore seule, Axelle. Toujours seule.

À côté de moi, Lazslo s'est endormi. Qu'est-ce qu'il me reste, à part lui ? À qui puis-je faire confiance ? Sur qui puis-je me reposer ? J'aimerais tant que Daryl soit là. Et en même temps je me déteste de ressentir ce manque. Je voudrais ne plus penser à lui, ne plus sentir cette douleur dans ma poitrine. Je voudrais revenir en arrière, tout recommencer et ne jamais le rencontrer. Je n'en peux plus de souffrir à cause de lui. Et de l'aimer malgré tout. J'ai l'impression d'être coincée sur un putain de grand huit infini qui me soulève le cœur à chaque virage. Mais qu'est-ce que je peux faire ? La simple idée de le quitter me donne envie de me coller un flingue sur la tempe.

Peut-être que c'est ça la solution.

Je pose une main sur le dos de Lazslo, par réflexe, comme pour éloigner cette pensée de moi. Si je pars, il sera seul. Et je connais assez la solitude pour ne pas la lui souhaiter. Alors qu'est-ce que je fais ? Une voiture s'arrête devant moi. La fenêtre conducteur s'abaisse pour laisser apparaître le visage de Daryl.

« Axelle ! »

Je le fixe d'un air neutre pendant quelques secondes avant de détourner lentement la tête. Putain, est-ce que mon cœur aurait l'extrême amabilité de ne pas s'emballer au seul fait de le voir en face de moi ?? J'essaie de le détester ! J'entends la porte de la voiture s'ouvrir.

« Axelle. »

Je ne tourne pas la tête. J'ai trop envie de me jeter sur lui. Pour l'embrasser ou le frapper, aucune idée. Peut-être les deux. Lazslo se lève pour venir se placer devant moi.

« Chérie, s'il te plaît. J'ai besoin de te parler. »

Oh bon sang, je déteste qu'il m'appelle comme ça ! Je crois que je préfère encore « crevette ». Je tourne la tête pour lui lancer un regard noir.

Erreur stratégique.

Dès que je vois son visage, son air tendre, ses prunelles marrons, j'ai envie de lui sauter dans les bras. Mon insulte se coince dans ma gorge. Il m'adresse un sourire en croisant mon regard. À cet instant, nous savons tous les deux qu'il a gagné cette manche. Je vais lui parler, je vais le suivre. Parce que je l'aime. Un klaxon nous fait sursauter. Une voiture est coincée derrière celle de Daryl et le conducteur semble furieux.

« Alors, avance connard ! »

Je saute sur mes pieds. Parfait, j'avais justement besoin de me défouler !

« Hey ! »

Le type se tourne vers nous d'un air surpris. Je remarque du coin de l'œil que Daryl me regarde en souriant. J'avance vers la voiture.

« T'as un souci mon gars ? »

Une fois la surprise passée, l'homme me jauge du regard.

« Ouais, tu bloques toute la rue !

-Et j'ai l'air d'en avoir quelque chose à foutre ? »

Il bredouille quelque chose, un peu déstabilisé par mon ton et mon air menaçant. Il a l'air flippé. Dommage, j'aurais bien aimé lui faire sa fête. J'appuie mes mains sur le rebords de la fenêtre pour approcher mon visage du sien. Il tente de reculer, les yeux écarquillés.