Fire & Gasoline (Terminé)

Voilà pourquoi j'ai fait ça

« Axelle ! »

Putain !

Je me retrouve plaquée contre un torse, des bras enserrant mon buste avec une telle force que je risque d'être brisée en deux. Le métro passe sous mon nez et s'arrête dans un crissement de freins assourdissant. Les deux filles me regardent maintenant avec des yeux ronds. J'ai envie de hurler.

Mais pourquoi on refuse de me laisser mourir, merde !!!

Je voudrais me débattre mais je n'en ai plus la force. Exténuée, la respiration haletante, je me laisse aller dans les bras de la personne qui m'a retenue. Est-ce que c'est mon cœur qui tambourine comme ça ? Une personne sort du métro sans nous prêter attention, les deux filles hésitent sur la marche à suivre, elles me fixent comme si j'étais un alien. La sonnerie annonçant la fermeture des portes semble les décider et elles entrent finalement dans la rame en me jetant un regard horrifié. Lorsque le métro repart, le silence retombe dans la station. On n'entend plus que ma respiration laborieuse. Je crois que je vais vomir. Et je m'en fous. Je veux qu'on me laisse tranquille, qu'on me laisse mourir. Après un long moment, j'entends une voix se glisser dans mon oreille.

« T'es...t'es dingue ou quoi ? »

Une voix que je reconnais immédiatement, même si je ne l'ai plus entendue depuis un bail. Dorian. Je ne sais pas ce qu'il fout ici et je m'en moque. C'est bien la dernière personne que j'ai envie de voir maintenant. Je gigote un peu ce qui semble le faire revenir à la réalité. Il me fait pivoter brusquement pour me placer face à lui, ses mains entourant mes épaules, il me détaille du regard.

« T'es blessée ? Tu vas bien? »

Je vais bien ?

Je le regarde m'observer sous toutes les coutures. J'ai un goût amer dans la bouche et ma langue est si pâteuse que je doute de pouvoir parler. Lorsqu'il a fini son inspection, Dorian me serre de nouveau contre lui à m'en étouffer.

« Axelle, putain... »

Je me laisse faire, tel un pantin désarticulé. De toute façon, ça n'a plus d'importance. Plus rien n'a d'importance. Lorsqu'il me lâche enfin pour planter son regard dans le mien, j'ai l'impression de distinguer une fine couche de larmes dans ses prunelles. À moins que ça ne soit mes yeux qui se brouillent. Je souffle :

« Pourquoi t'as fait ça ? »

Ses yeux s'écarquillent comme si j'étais la dernière des demeurées. Sa poigne se resserre sur mes épaules mais je le sens à peine. Il secoue la tête.

« Pourquoi j'ai fait ça ?? Merde, dis-moi plutôt ce qui t'a pris, t'a failli passer sous le métro ! »

J'acquiesce doucement.

« Oui... »

Son visage prend une expression d'horreur tandis qu'il me regarde fixement en comprenant ce que je veux dire. Je vois une ombre passer dans ses yeux. Du chagrin. De la colère. De l'incompréhension. Il recule d'un pas en serrant les dents.

T'es dingue ou quoi ?

Après un instant d'hésitation, Dorian fonce sur moi pour attraper mon visage et me coller à lui. Ses lèvres s'écrasent brutalement sur les miennes.

...pardon ?

Je reste d'abord figée, tétanisée de surprise. Mais qu'est-ce qu'il lui prend ?? Je sens qu'il agrippe mes lèvres entre les siennes avec violence, comme pour me marquer au fer rouge. Avant que j'ai le temps de vraiment réagir, il me lâche soudainement et recule de nouveau. Je reste comme deux ronds de flan. Court mais intense, ce baiser !