Fire & Gasoline (Terminé)

Dans une autre vie

Il nous a fallu une bonne heure pour remettre mon appartement en ordre, sans un mot. Je n'osais pas lever la tête. J'avais affreusement honte. Mais Dorian n'a rien dit, il n'a fait aucune remarque et je lui en suis reconnaissante. Le pire qu'il pourrait faire, c'est me traiter comme une folle.

Ce que tu es.

Je ne sais plus quoi faire. Je ne sais pas comment m'en sortir. Je ne suis même pas sûre d'en être capable. Peut-être que c'est tout simplement trop pour une personne. J'ai épuisé toutes mes réserves et maintenant, je n'ai plus aucune force. Je suis fatiguée de vivre. Je suis fatiguée d'être réveillée.

Après avoir fini le ménage, je m'écroule sur mon canapé, à bout de force. Voilà. Maintenant, je n'ai plus qu'à attendre la prochaine crise et ainsi de suite jusqu'à ce qu'enfin je puisse mourir. C'est ça qui m'attend, je vais passer à côté de ma vie en ne faisant qu'attendre la prochaine fois que je pourrais dormir, la prochaine fois que je pourrais manger, la prochaine fois que je pourrais pleurer. Je ferme les yeux. Un léger bruit à côté de moi m'informe que Dorian s'est accroupi sur le sol et bientôt, je sens sa main se poser sur mon front et caresser doucement mes cheveux. Pourquoi je ne peux pas être amoureuse de lui ? Tout serait tellement plus simple. Pourquoi a-t-il fallu que la seule personne dont je tombe amoureuse soit un putain ex-gangster pourchassé par son passé ? Je soupire, les larmes aux yeux, avant de murmurer :

« Si tu savais à quel point j'en ai marre d'être comme ça... »

Je voudrais juste être heureuse. Normale. Entière. Je voudrais juste être quelqu'un d'autre. Je voudrais enlever tout ce qui ne va pas chez moi, parce que je ne supporte plus d'être comme ça. Et je ne supporte plus d'être seule à me battre. Les doigts de Dorian glissent doucement le long de l'arrête de mon nez. Mon père faisait ça pour me rassurer quand j'étais petite. Quand j'avais encore un père.

« Moi je te trouve géniale. »

J'ouvre un œil, surprise. Il est sérieux ou il essaie juste de me consoler ? Qu'est-ce qui pourrait être trouvé « génial » chez moi ? Je suis un échec ambulant. Dorian esquisse un sourire.

« Tu devrais être plus indulgente avec toi-même, Axelle. »

Il a raison, sois plus indulgente, abrutie.

Je ferme de nouveau les yeux. Si seulement c'était aussi simple. Ça a l'air tellement facile quand les gens disent qu'on doit juste apprendre à s'accepter tels qu'on est. Sauf que j'ai pas envie de m'accepter. Je veux changer. Je laisse échapper un grognement de frustration. Si seulement Daryl était là...il pourrait me remonter le moral. Dorian se redresse.

« Fais-moi une place. »

J'obéis et me redresse pour le laisser s'asseoir sur le canapé. Il sort une boite de sa poche et me la tend.

« C'est quoi ?

-Ouvre. »

J'obéis. A l'intérieur, il y a des feuilles à rouler, du tabac et un sachet d'herbe. Je hausse un sourcil. Depuis quand il fume de la drogue, lui ? Mon ami éclate de rire en voyant ma réaction.

« Fais pas cette tête, Axelle !

-Je suis juste...surprise.

-Pourquoi ? J'ai pas une tête à fumer de la beuh ? »

Je hausse les épaules. Je dois admettre que je ne l'avais jamais imaginé faire quelque chose comme ça. Après tout...il est avocat, et la marijuana et illégale ! Mais en même temps, il participe à des combats illégaux tous les samedis soir.