Fire & Gasoline (Terminé)

The door is your friend

Tard dans la nuit, je raccompagne Daryl jusqu'à l'entrée pour fermer la porte derrière lui. Cette soirée m'a fait un bien fou. Pas de gang, pas de Blue Cross, pas de Jordanne. Juste lui et moi. Comme avant. Alors qu'il s'apprête à passer la porte, Daryl s'interrompt et m'adresse un regard lourd de sens. Je sais exactement à quoi il pense. La vraie question c'est : va-t-il oser aborder le sujet ? Je crois que toute cette histoire a plané autour de nous toute la soirée, emplissant chaque silence sans jamais être exprimée à voix haute. Après une longue hésitation, Daryl fait un petit mouvement de la tête et sort sur mon palier. Je referme la porte derrière lui et m'appuie contre elle en expirant profondément.

Et maintenant ?

Finalement, je n'ai pas vraiment décidé de ce que j'allais faire de...tout ça. Ce que j'ai appris sur Daryl m'a fait comprendre qu'en dépit de notre amitié, dont je ne doute plus, je le connais assez peu. Donc soit je creuse...soit je fais comme si de rien n'était.

Je suis de nature assez curieuse, mais je dois admettre que ça fait un bon moment que je ne me suis pas vraiment « intéressée » à quelqu'un. Intéressée au point de vouloir entrer dans son monde. Je ne peux pas le nier, j'ai envie d'en savoir plus sur lui tout en ayant peur de ce que je pourrais découvrir. Parce que ça signifierait plonger la tête la première dans son passé, un passé de violence et de tristesse qui le torture encore aujourd'hui. Alors...est-ce vraiment ce dont j'ai envie ?

Les pensées s'embrouillent dans ma tête, au point que je donne un petit coup de pied dans la porte. Bon sang, ce que c'est compliqué !

*Toc*

Je me redresse en entendant le léger coup donné contre ma porte. Depuis l'autre côté.

...euh...

Non, j'ai dû rêver. Je suis vraiment en train de perdre les pédales...Je ferais mieux d'aller me coucher. Mais je ne le fais pas. A la place, je me mords la lèvre et toque de nouveau une fois contre le panneau en bois. Puis je retiens mon souffle.

*Toc*

Alors je n'ai pas rêvé ! Pendant une seconde, je me demande qui est sur mon palier, avant que la réponse ne me vienne d'elle-même. Daryl. Comme pour confirmer, j'entends une voix étouffée de l'autre côté de la porte.

« Tu vas pas te coucher ? »

Un sourire béat s'étale sur mon visage. Je ne pourrais même pas expliquer pourquoi. J'ai juste envie de hurler de joie, tellement que je dois me mordre le poing pour y résister. Puis je réponds en essayant de prendre une voix neutre :

« Et toi ? »

Il laisse échapper un soupir.

« Je réfléchis.

-A quoi ? »

T'as vraiment besoin de poser la question ?

« A...tout ça. »

Ouais, tout ça. Un sacré bordel si vous voulez mon avis. Je suis pas sûre de vouloir aborder le sujet maintenant. Daryl reste silencieux un instant avant de reprendre.

« Hier soir. Je t'ai dit des trucs...que je pensais pas dire un jour. »

Je baisse les yeux, me remémorant chacune des parcelles de notre conversation. Etrangement, celle qui tourne en boucle c'est « il s'est pas passé un jour sans que je pense à elle...jusqu'à ce que je te rencontre ». Dès que je repense à cette phrase j'ai l'impression qu'une boule de chaleur se loge au creux de mon ventre. Je déglutis péniblement avant de demander :

« Tu regrettes ? »

Il garde le silence, juste assez pour me faire paniquer. S'il répond « oui », là, tout de suite, ça signifiera qu'il ne veut pas que je m'approche plus de lui. Et ça signifiera une bonne grosse douleur pour mon petit cœur. Parce que moi, je veux m'approcher plus.

« Non. »

Merci Seigneur !

« C'est juste... Je sais pas trop ce que je suis en train de faire avec toi. »

Je fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'il veut dire par là ? Un peu perplexe, j'opte pour l'humour :

« Là, tout de suite, t'es en train de parler à ma porte. »

Il se met à rire. J'adore quand il rit, encore plus quand c'est grâce à moi. Finalement, il donne un nouveau coup dans la porte.

« Tu devrais aller dormir, crevette. Demain tu travailles.

-Pas toi ?

-Si, mais je bosse de nuit toute la semaine. Je pourrais dormir. »

Ah le salaud !

J'avoue, je suis jalouse. Au vu de l'heure, je sens que le réveil de demain matin va être corsé. Je réponds :

« J'en conclus que tu vas taper la discute à ma porte pendant encore un moment ?

-Pourquoi pas ? Elle a l'air sympa. »

Je secoue la tête en riant.

« Rentre chez toi. Sinon, je pourrais pas dormir. »

Un long silence me répond. Est-ce que j'ai dit une connerie ? Est-ce qu'il l'a mal interprété ? Est-ce que ma phrase était trop ambiguë ? Je me rattrape maladroitement :

« Parce que j'aurais envie de refaire une partie de Mortal Kombat. »

Je retiens ma respiration. Un léger souffle m'indique que Daryl vient de reprendre la sienne. Je me retourne pour coller mon oreille contre la porte, attentive au moindre geste. Et j'entends un murmure :

« On en refera une la prochaine fois. »

Je ferme les yeux. Pourquoi j'ai l'impression qu'il voulait dire autre chose ? Après une nouvelle pause, Daryl conclut :

« Bonne nuit, crevette.

-Bonne nuit. »

Je reste immobile, attendant d'entendre le bruit de ses pas qui s'éloignent sur mon palier. Et lorsque le silence est revenu, je vais m'effondrer dans mon lit, avale mes cachets et m'endors rapidement.

Bientôt 100 vues les gens :D Merciiiiiii!