Fire & Gasoline (Terminé)

Le numéro que vous avez composé n'est pas attribué

Après cette journée qui m'a semblée interminable, Esteban est venu me récupérer au travail. Je n'ai toujours pas décidé si je trouvais sa sollicitude touchante ou profondément agaçante. De toute façon, je n'ai pas vraiment le choix : apparemment, il a été décidé que je resterais chez lui jusqu'à ce que « les choses se calment ». Allez savoir s'il parle de Julio qui me cherche peut-être encore ou de mon état déplorable. Dans tous les cas, lorsque nous sommes rentrés, il avait pris le temps de transformer la pièce dans laquelle se trouve sa télé en une chambre d'ami de fortune et d'y installer mes affaires, vu que la nuit dernière, je me suis totalement effondrée dans son lit. Je suis profondément gênée par le mal qu'il se donne pour moi et me contente de marmonner :

« Merci...

-T'inquiète, loca. J'ai toujours rêvé d'avoir une colocataire sexy qui se baladerait en culotte dans l'appart. »

Je ne parviens même pas à sourire. En ce moment, avec mon teint cireux, mes traits tirés et mon regard vide, je ne me sens pas exactement au top de la sexitude. Et j'ai surtout envie de rentrer chez moi pour me laisser sombrer dans les tréfonds du désespoir. Je m'avance lentement dans mon nouveau territoire, suivie par Lazslo. Esteban se racle la gorge.

« Tu veux manger quoi ce soir ?

-J'ai pas faim. »

En fait, je n'arrive pas à décider si j'ai faim ou pas. Mon estomac semble réclamer à manger vu que je n'ai rien avalé de la journée mais en même temps, l'idée d'ingérer quelque chose me donne la nausée. Je m'assieds sur mon lit.

« Oh...ok. Je vais pas tarder à y aller, j'ai des plans...mais Diego va passer. »

Diego...je ne sais même pas comment me comporter face à lui. D'un côté, il m'a trahie. Et de l'autre, il a pris soin de moi. Je hoche distraitement la tête.

« Ok.

-Je t'ai laissé un double des clés sur la table. Fais comme chez toi.

-Merci. »

Esteban repart, me laissant seule avec mon chien. Seule et vide. Je reste un long moment les yeux dans le vide, caressant Lazslo sans vraiment y penser. Puis je me lève et attrape mes affaires de sport. Peut-être qu'en courant, je retrouverais quelque chose qui ressemble à des sensations.

« Lazslo ! »

Mon chien me suit, tout excité à l'idée de faire une ballade et nous quittons l'appartement.

***

Je n'ai pas pu courir plus de 10 minutes. Je n'arrivais pas à respirer, je n'arrivais pas à avancer. J'ai fini par rentrer malgré les protestations de Lazslo et je me suis écroulée sur mon lit. Je suis fatiguée. Et je ne sais même pas pourquoi. Presque par réflexe, j'attrape ma boite de médicaments et en sors deux cachets que j'avale immédiatement. Puis je me couche et m'endors rapidement.

***

« Axelle ?? Axelle ! »

Je me sens secouée et ouvre les yeux en grognant. Diego se penche sur moi, l'inquiétude se lisant dans ses yeux bleus. Il pousse un profond soupir de soulagement en me voyant me réveiller. Je me redresse et me frotte les yeux.

« Quoi ?

-Putain, j'ai eu peur !

-De quoi ? »

Il ne répond pas et me jette un regard gêné. Pas besoin d'être un génie pour deviner à quoi il pense. Lazslo saute sur mon lit pour me lécher le visage, ravi de me voir réveillée, mais je le repousse. Je ne suis pas d'humeur. Je me replonge dans mes oreillers.