Quand tu pètes un câble

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Le barman ferait mieux de pas trop discuter ce soir parce que je suis vraiment pas d'humeur ! Je ne sais pas encore qui sera mon adversaire, mais il va prendre cher !

« Axelle ! »

Je n'ai pas eu le temps d'atteindre le bar que j'entends la voix de Daryl derrière moi. Je me retourne pour lui lancer un regard glacial.

« Quoi ?

-Tu fais la gueule ? »

SANS DECONNER, ABRUTI !

« Je... »

Putain je ne sais même pas quoi répondre ! J'ai juste envie de le frapper et de lui faire comprendre à grands coups de latte dans la gueule qu'il m'a blessée. Excédée, je secoue la tête avant de me détourner à nouveau. En avançant vers le fond du bar, j'alpague le barman d'une voix forte.

« Hey ! La porte ! »

C'est celui que j'avais vu la première fois. Soit il se souvient de moi, soit il comprend à mon ton agressif que c'est pas le moment de me faire chier, en tous cas, il se précipite vers la porte. Daryl me rejoint devant celle-ci et se colle devant moi pour m'empêcher de passer. Je grogne :

« Tu fais quoi, là ?

-Pourquoi tu fais la gueule ? »

MAIS C'EST PAS VRAI !

Dans deux secondes je vais commencer à m'arracher les cheveux tellement je suis frustrée par son incompréhension. Je me force à regarder autour de moi pour me calmer avant de répondre d'une voix sourde.

« Putain tu comprends vraiment rien.

-Comment je peux comprendre si tu m'expliques pas ?

-T'expliquer ? »

Je me décide enfin à le regarder dans les yeux. Et l'affection que j'y lis me donne envie de me serrer contre lui. Je déglutis difficilement.

« T'as vraiment besoin que je t'explique que ça m'a blessée que tu me laisses tomber pour une putain de partie de jambes en l'air ?? »

Il soupire, comme si je faisais un caprice pour rien du tout. Est-ce que c'est ce que je suis en train de faire ?

« Je t'ai dit que j'étais désolé...

-Ouais, t'es désolé et ça suffit ? On fait comme si de rien n'était ? »

Non, désolée, mais ça c'est pas possible. Il y a beaucoup de choses que je peux supporter sans rien dire. Qu'il ait fait partie d'un gang, qu'il fasse des courses de voitures, qu'il se batte dans un sous-sol. Pas qu'il m'oublie. Ça, je ne peux pas le supporter. Je me mords les lèvres pour ne pas hurler. Le barman s'est éclipsé discrètement en voyant notre prise de bec mais tous les clients du bar ont les yeux fixés sur nous comme si nous étions un putain de spectacle. J'ai envie de les frapper.

« Axelle, je comprends pas pourquoi tu te mets dans un état pareil. »

Non, il comprend pas. Et c'est bien ça le problème. Je prends une grande inspiration.

« Laisse tomber. »

Tu la préfères à moi ?

Daryl fronce les sourcils comme s'il voulait lire dans mes pensées. Je me force à garder un visage aussi illisible que possible. Alors que nous nous affrontons du regard, Dorian nous rejoint, affichant un sourire satisfait qui me donne des envies de meurtre.

« Pardon. »

Je m'écarte d'un pas en le fusillant du regard. Il m'adresse un sourire.

« C'était cool, Axelle. On refait ça quand tu veux. »

Je ne desserre pas les dents. Il en rajoute en plus cet abruti ! Alors qu'il passe à côté de lui, Daryl l'intercepte en le retenant par l'épaule et marmonne entre ses dents :

« Reste loin d'elle. »

Dorian le regarde d'en haut, profitant du fait qu'il est plus grand que lui. Puis il retire avec précaution la main de Daryl de son épaule.

« On se voit en bas, Torès. »

Et sans rien ajouter, il descend les escaliers. Daryl le regarde partir, les poings serrés, avant de se tourner de nouveau vers moi. J'ai l'impression que ma colère descend de plusieurs crans lorsque je croise son regard.

« Laisse-moi passer, Daryl.

-Explique-moi pourquoi t'es en colère.

-Parce que t'es con. »

Super, bien joué.

Il encaisse l'insulte sans broncher.

« Je l'ai toujours été et t'as jamais réagi comme ça. »

Rester énervée, rester énervée, rester énervée...

« Laisse-moi passer.

-Sinon, quoi ?

-Je te frappe. »

Il hausse les sourcils d'un air dubitatif.

« Je bluffe pas, Daryl.

-Vas-y. Frappe. »

Mais quel...

Bon, là c'est le moment de pas se dégonfler. Après tout, c'est pas comme si je l'imaginais à la place du sac de frappe depuis deux jours ! Je serre les poings.

Allez, frappe !

Sauf que...j'en ai pas envie. Je veux juste rire avec lui comme avant. Et ça me met dans une putain de rage folle. Daryl me fixe d'un air provoquant. Il se permet même d'approcher d'un pas.

« Frappe, crevette. »

Raaah, pourquoi j'y arrive pas ? Pourquoi mes muscles ont soudainement la consistance du marshmallow fondu ? Je prends une grande inspiration.

« Daryl, je suis pas venue pour te frapper.

-T'es venue pour quoi ?

-Parce que j'avais envie. Laisse-moi passer. »

Faible. Et lâche.

Il me regarde de haut en bas, comme pour mesurer mon degré d'exaspération. Et actuellement, il est pas loin du maximum, même si maintenant je suis plus énervée contre moi que contre lui. Finalement, il se décale d'un pas.

« Tu sais que je vais pas lâcher l'affaire, crevette ? »

Ses mots ont l'effet d'un nuage de douceur qui enveloppe mon cœur. Je sens une bouffée de chaleur me monter au visage et je dois lutter pour ne pas laisser mes lèvres s'étirer en un sourire.

« Fais comme tu veux. »

Pitié, ne me laisse pas.

M'efforçant de garder un visage impassible, je passe à côté de lui et m'engouffre dans l'escalier.

Fire & Gasoline (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant