J'ai pas besoin qu'on me protège

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Le lendemain, je commence ma journée par un bon footing. Rien de tel pour évacuer la tension et oublier la soirée catastrophique d'hier. Heureusement, après la pluie, le soleil semble enfin décider à montrer le bout de son nez. Si je croyais aux signes, je pourrais l'interpréter comme un bon présage... Sauf que les signes, c'est pas trop mon délire. Au moins, le beau temps a le mérite de faire plaisir à Lazslo. Celui ci gambade autour de moi, truffe au vent tandis que je courre. À bout de souffle, je décide de prendre une pause en longeant le cours de l'eau. Les promeneurs sont nombreux le samedi matin mais je connais ce parc comme ma poche, je sais parfaitement où aller pour être tranquille. Aucune envie de voir du monde aujourd'hui. Enfin...jusqu'à un certain point. Mais une partie de mon cerveau est déjà bloquée sur une seule chose : ce soir. Le Blue Cross. Il ne s'est écoulé qu'un mois depuis ma première visite là-bas mais depuis je n'ai pas manqué un samedi. J'en ai trop besoin. Là-bas, je me sens...vivante. J'ai l'impression que toutes mes émotions sont exacerbées, comme si le sous-sol agissait en catalyseur. Et une fois le combat fini, je peux dormir sans médicaments. Et ça, ça n'a pas de prix. Une pensée en enchaînant une autre, je me mets à songer à Daryl. Je n'en reviens toujours pas de lui avoir parlé de ma maladie. Et honnêtement, je n'arrive pas à savoir si je regrette. D'un côté, je suis soulagée d'avoir pu en parler, ce que je n'avais pas fait depuis des années. Et je suis heureuse de me rapprocher encore de lui. Et en même temps, j'ai peur qu'il me regarde différemment à présent. Plus que tout, j'ai peur qu'il me voit telle que moi je me vois. Je chasse cette pensée d'un mouvement de tête agacé. Le simple fait de la formuler dans ma tête me colle des sueurs froides.

Courre et arrête de réfléchir.

***

J'ai passé une bonne partie de l'après-midi à la salle et pour une fois, je dois dire que je m'en serais bien passé ! Je n'ai pas arrêté de rassurer Lorelei et Viktor sur mon état et aucun moyen de les convaincre que je vais bien et que je préférerais oublier l'incident d'hier soir ! Lo' voulait à tout prix que je leur dise comment je me sentais et Viktor se chauffait pour aller casser la gueule du flic qui m'avait « traitée comme de la merde ». Bon, je dois admettre que l'idée est tentante mais si il y a bien un domaine dans lequel je suis spécialiste c'est rejeter les événements déplaisants dans un coin de ma tête, les recouvrir d'un drap et faire semblant de les oublier pour aller de l'avant. Exactement ce que je compte faire, une fois encore. Et le fait que mes amis aient passé plus de deux heures à se chuchoter des trucs en me regardant comme si j'étais sur le point de m'écrouler m'a vraiment mise sur les nerfs. Sans parler de leur refus de faire un combat contre moi ! Vraiment, on aurait dit que j'étais en cristal, je ne pouvais pas passer 10 pauvres minutes sans que l'un d'entre eux vienne me demander si ça allait ! Je sais qu'ils ne sont guidés que par leur amitié envers moi et qu'ils sont inquiets mais c'est plus fort que moi, je ne supporte pas d'être traitée en victime. Autant dire qu'en descendant du taxi qui m'a amenée au Blue Cross, je suis d'une humeur de chien avec une forte envie de péter des gueules ! Je ne sais pas encore qui sera mon adversaire du soir mais autant dire qu'il va bouffer ! L'excitation me gagnant déjà, je m'avance d'un pas décidé vers l'entrée du bar, sans remarquer la silhouette qui est appuyée sur le mur, juste à côté de la porte. En tout cas, je ne l'avais pas remarquée jusqu'à ce qu'elle m'interpelle.

« Salut crevette. »

Daryl m'adresse un sourire, visiblement ravi de me surprendre. Honnêtement, je ne suis pas sûre d'être contente de le voir.

« Qu'est-ce que tu fais là, Daryl ?

-Je me doutais que tu viendrais.

-Et ?

Fire & Gasoline (Terminé)Unde poveștirile trăiesc. Descoperă acum