No one can save me, the damage is done

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Après avoir allégrement menti à mon psychiatre, j'ai passé une bonne partie de l'après-midi à dormir, histoire de ne pas trop angoisser : Dorian m'a donné rendez-vous chez lui ce soir pour...parler. De ce week-end. Super soirée en perspective, non ? Lorsque mon réveil sonne, aux alentours de 19h, je pousse un soupir en envisageant carrément d'annuler. J'ai juste envie d'être seule. Mais en même temps...je me pose trop de questions pour rester comme ça, indécise et dans le doute. Ça fait longtemps que ne pense plus à rien d'autre qu'à Daryl. Et étrangement...ça me fait du bien. Bien sûr, il est toujours là, dans ma tête, et je suis toujours aussi inquiète et désespérée à son sujet. Mais en même temps...il se passe quelque chose dans ma vie, quelque chose qui m'intéresse, et ça, ça n'était pas arrivé depuis son départ. Comme si ces derniers temps, je me contentais d'exister au lieu de vivre. N'arrivant pas vraiment à cerner mon état d'esprit, je me résous à me lever et à m'habiller rapidement. Jean, tee-shirt, sweat et baskets. Je ne veux pas envoyer de faux signaux.

Bien évidemment, comme la plupart des New-Yorkais friqués, Dorian habite dans l'Upper East Side, sur les quais de l'East River avec vue sur Roosevelt Island. Par pure flemme de conduire, je décide de m'y rendre en taxi et autant dire que le changement de caractère de la conductrice a été radical lorsque je lui ai donné ma destination. De revêche et froide, elle est soudainement devenue mielleuse, limite écœurante d'obséquiosité. En arrivant devant chez Dorian, je sonne au visiophone. Son visage apparaît à l'écran.

« Ouais ?

-C'est Axelle !

-Monte. C'est au huitième. »

La porte s'ouvre devant moi, comme par magie, et je traverse le hall feutré pour pénétrer dans l'ascenseur propre et spacieux. Cet immeuble à lui tout seul ressemble à une publicité. Lorsque les portes s'ouvrent, j'avance doucement dans le couloir, m'attendant presque à me faire engueuler par un videur qui me foutrait dehors en expliquant que les baskets sont interdites ici. Je m'arrête devant la porte de Dorian et sonne (oui ! miracle, une sonnette !). Il ne met pas longtemps à venir m'ouvrir.

« Salut, Axelle.

-Salut. »

J'hésite... Est-ce que je lui serre la main ? Un peu trop formel, non ? Mais je ne vais pas non plus le prendre dans mes bras ! Heureusement, il ne s'embarrasse pas des formalités et s'écarte pour me laisser entrer.

« Entre. »

J'obéis, découvrant son putain de magnifique appartement. Je rigole pas, c'est juste l'appartement de mes rêves. Spacieux, bien éclairé, une jolie vue, et un écran géant dans le salon. Le pied.

« Tu veux boire quelque chose ? me propose Dorian, en direct depuis la plus belle cuisine que j'aie jamais vu.

-T'as quoi ?

-Ta bière préférée. »

Je hausse un sourcil. Il est sérieux là ?

« Envoie. »

Il sort une bouteille de Grim aromatisée à la cerise. En effet, il était sérieux. Je ne me souviens même plus lui avoir dit que c'était ma bière préférée. Il la décapsule avant de me la tendre.

« Merci. »

Je fais bien attention à ne pas toucher ses doigts en attrapant la bière. Pas de faux signaux, toujours.

« Viens, on va s'asseoir. »

Il me guide dans le salon à la vue époustouflante et me désigne un canapé design d'un blanc immaculé, assorti d'une table basse en verre sur laquelle il y a un verre vide et une bouteille de whisky entamée. Manifestement, il a commencé l'apéro sans moi. Je me pose du bout des fesses sur le canapé, craignant peut-être de le salir avec mes fringues moisies. Dorian s'assied de l'autre côté, à bonne distance, comme si lui aussi voulait que les choses restent claires entre nous. Pas de faux signaux. Je bois une grande gorgée de bière alors que le silence s'étire entre nous. Je ne sais pas trop comment aborder le truc. Finalement, Dorian se décide à briser le silence.

Fire & Gasoline (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant