EUPHORIA [T1]

186. OTHNIEL

Lionel entra dans la pièce d'un pas lourd, se tenant près de la porte tout en la laissant ouverte, invitant l'Empereur à patienter. La Candace retint Aydie et Dalia qui étaient encore plus inquiets pour leur ami, leurs regards remplis d'appréhension.

- Key, est-ce que tu veux que l'on parle ?

Key secoua doucement la tête, signifiant son refus de s'exprimer. Lionel croisa les bras, plongé dans ses pensées, avant de reprendre :

- Key, est-ce que tu peux parler mais tu n'en ressens pas le besoin, ou bien te sens-tu incapable de le faire ?

- Je... n'ai rien à dire, murmura Key d'une voix brisée.

- Est-ce que tu veux une séance maintenant ? proposa Lionel.

Key secoua à nouveau la tête, ses larmes silencieuses témoignant de sa douleur. D'un geste qui n'était pas entravé par les appareils, il essuya sa joue. Sa mère, émue aux larmes, sentit son cœur se serrer en voyant son fils dans cet état.

- As-tu physiquement mal ?

Key acquiesça une fois de plus. Lionel s'approcha enfin, contournant le lit pour se placer face à lui. Il le regarda intensément avant de prononcer d'une voix chargée d'émotion :

- Je suis désolé pour ce qui s'est passé. Je sais que... cela réveille des souvenirs douloureux en toi, si je me fie à ce que je connais de toi. J'ai parlé à Eros en venant ici. Il est là, tu peux lui parler si tu le souhaites ! Je resterai à l'hôpital si tu veux que je revienne. Nous parlerons quand tu le souhaiteras... Key...

Lionel leva les yeux vers l'Empereur, son regard chargé d'une intensité emplie d'inquiétude et de douleur face à ce qu'il voyait. L'Empereur franchit le seuil de la pièce, mais demeura près de l'embrasure de la porte, sa présence imprégnée d'une aura mêlant sollicitude et préoccupation.

- Bonsoir Key, murmura-t-il d'une voix teintée d'empathie, sa voix résonnant dans la pièce telle une caresse bienveillante.

- Bonsoir majesté Impériale, répondit Key d'une voix lasse, sa voix portant le poids d'une lassitude profonde.

- Je...Lio semble penser que me parler t'aidera, je ne sais pas...je n'aimerais pas que ma présence empire les choses...

La Candace, Stella, Aydie et Dalia échangèrent des regards empreints d'une profonde inquiétude, leurs traits tirés, reflétant la détresse qui envahissait leurs cœurs à la vue de leur ami dans cet état.

Un silence pesant s'installa, enveloppant la pièce de son étreinte étouffante. Les respirations étaient retenues, les cœurs battaient avec une intensité presque douloureuse. Lionel croisa les bras, laissant ses pensées s'entremêler dans les méandres de ses réflexions, cherchant une façon d'apporter un semblant de réconfort à Key.

- Je vais bien majesté Impérial, répondit Key d'une voix monotone.

Aussitôt la Candace, Aydie et Ayden grimacèrent en même temps, pris presque de douleur face à un mensonge aussi violent, qui illustrait parfaitement l'état de cœur de Key.

- Key... Je préférerais que tu te reposes. Nous pourrons parler plus tard..., proposa l'Empereur, sa voix imprégnée d'une douceur réconfortante, tentant de dissiper les ténèbres qui enveloppaient l'âme de Key.

- D'accord, majesté Impériale, acquiesça Key d'une voix éteinte, ses mots porteurs de résignation et de désespoir.

L'Empereur laissa échapper un soupir empreint de tristesse et d'impuissance, ses yeux se posant sur Key avec une affection profonde. Il souhaitait ardemment trouver les mots justes, les gestes réparateurs pour apaiser les tourments qui consumaient l'esprit de Key.