55. ISHA

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Cela recommençait. Je ne me souvenais même pas de la première fois que c'était arrivé, ce n'était peut-être pas moi qui était présent ce jour-là, d'où le fait que je ne me souvenais de rien.

La sensation était si écrasante que des larmes coulaient sur mon visage. Il riait, je l'entendais encore rire tandis que son coude pressait sur le bas de mn ventre pour que je ne puisse pas bouger.

Sa voix me parlait, me disait des choses que je n'entendais déjà plus, mes sens s'éteignaient peu à peu, je ne voyais plus rien, je n'entendais plus rien, j'étais incapable de parler et le restant disparaissaient aussi. Ce qui accentuait le sentiment que j'avais d'être plongé dans les ténébres.

Je me sentais partir, comme chaque fois que je ne le supportais plus, je tombai peu à peu dans lieu à part. Mon esprit quittait mon corps et flottit, laissant mon corps n'être rien de plus qu'une marionnette dansante après les ordres de mon Maître.

Je me perds dans ce lieu magique mais le répit est de courte durée car finalement je reviens. Comme toujours, je ne me souviens pas de ce qui s'est passé quand je n'étais pas là.

Il n'était plus sur moi mais je l'entendais, il marchait vers moi. Il me regarda de haut puis m'attrapa les cheveux. Je ne pouvais pas bouger et je savais aussi que je n'avais intérêt à le faire.

Je retiens mon souffle, me préparant à douleur qui ne tardait pas à arriver, lacérante, brûlante, insupportable. J'inspirai profondément et expirai de la même façon, pour me calmer, pour tenter de tenir. C'est bientôt fini, sois fort. Je me repétais toujours ça bien que je finissais toujours par sombrer.

La douleur aiguë finissait toujours par me faire crier, tenter de ramper loin de la souffrance. Je criais parce que ça me faisait mal. Je criais de désespoir.

Je criais car je me sentais totalement impuissant. Mais il réussissait toujours à me mantenir sur place, son emprise devenant toujours plus forte. Je me résignai finalement à lui et ne bougeai plus. Parce que résister apportait de la souffrance, plus je disais non, plus il me faisait mal.

Je ne faisais pas de bruit. Il voulait un bon jouet, je devais l'être. Je devenais toujours ce qu'il désirait, tout ce qui comptait était ce qu'il voulait. Les sensations finissaient par prendre le dessus. Je devenais alors vraiment rien d'autre qu'une poupée impuissante, qu'il pouvait utiliser à sa guise.

Je sursautai et me rendit compte que j'étais en train d'hurler. Du moins j'essayais mais comme toujours, mon corps me le refusait. Et comme toujours, la seule personne qui pouvait m'entendre, mes cris de SOS silencieux, arriva.

Key m'approcha, inquiet. Il me força à le regarder, afin que je m'ancre sur sa présence. Il me tint les poignets, que je ressente encore plus qu'il était là.

- Je suis là. Ce n'était qu'un rêve...

Je bougeai négativement la tête. Ce n'était pas qu'un rêve, je le savais très bien mais je n'arrivais pas à parler. J'avais envie de m'en aller mais le portail était fermé. Une première. Et j'avais beau tambouriner devant le portail, il restait fermé.

Ouvre-moi. Ouvrez-moi, hurlai-je. Laissez-moi entrer, je veux entrer !

J'entendais quelqu'un rire. D'une manière qui donnait froid dans le dos. Les ténébres s'imposaient en moi, je ne pouvais pas rester, j'allais sombrer, j'allais mourir. Je me concentrai sur Key, il me parlait. Je le détestais, il m'insuportait mais je n'avais personne d'autre à cet instant.

- D, s'il te plaît, ne sombre pas. Je suis là. Je te laisserais pas seule, je ne les laisserais pas te faire du mal, ce n'est qu'un rêve...

J'hochai la tête tout en serrant sa tunique. Il était là. Je devais seulement penser au fait qu'il était là, pour moi et me servir de sa présence pour aller mieux.

EUPHORIA [T1]Where stories live. Discover now