EUPHORIA [T1]

4. ISHA

Je savais que ce n'était pas mes souvenirs mais c'était si intense que la peur était encore là, j'avais l'impression que j'allais devenir folle. Key me souleva avec un air inquiet, il me parlait mais je ne l'entendais pas. Mes oreilles bourdonnaient.

- Lili !

Je sursautai. Il me força à le regarder et je sentis la violence de sa colère dans ce simple regard qu'il m'accordait. Je me rendis que je n'avais pas fermé mes émotions, qu'il les sentait donc. La peur, le desespoir, l'envie de mourir.

- Non, tu ne vas pas mourir, tu m'entends ?

J'hochai la tête. Il me souleva et me remit debout toute seule. Je le sentis reculer pour me lâcher mais je m'accrochai tellement à la chemise qu'il portait sous sa tunique d'Impérator aux couleurs bleu ciel, qu'elle se déchira légèrement. Il s'arrêta.

- Je vais juste te chercher...

- Hmm hmm, fis-je en secouant la tête.

Je ne voulais pas rester seule. J'avais trop peur qu'il m'arrive quelque chose. Ou pire, qu'avec son départ, je me rende compte que tout ceci n'était pas réel. Que j'étais toujours dans le cauchemars et qu'au contraire, ce que je prenais pour la vraie vie était juste un imaginaire dans lequel je m'étais plongé pour fuir ce qui me faisait mal.

- D'accord, je reste, me confirma-t-il.

Il m'aida à m'asseoir puis fit de même à côté de moi. J'avais les poings serrés sur mes genoux et des larmes avaient commencer à couler sur mes joues jusqu'à mes poings. J'inspirai et expirai lentement pour me calmer mais les tremblements ne cessaient pas. J'avais l'impression de sentir comme ténèbres tenter de s'insinuer sur ma peau. Me brûler d'une façon étrange.

Je sentis une brise m'entourner, je me tournai vers Key et vit à son regard lumineux que ça venait de lui. Il m'entourait de son Univera afin que je ne ressentes plus ce que j'avais en moi. Je pus bouger un peu et mon premier geste fut d'aller vers lui, lui de m'accueillir dans ses bras.

- Respire, tu es en sécurité.

J'avais dû à le croire. Quand on fermai les yeux, tout était tellement réel que je commençais à me demander si ce n'était pas simplement comme une prémonition pour me prévenir que tout allait reprendre tôt ou tard.

- Je suis là, tu es sécurité, répéta-t-il.

Il me sondait et à cause de ça, il trouvait les mots justes, ceux que je voulais entendre et qui ralentissaient les battements de mon cœur, apportant enfin le calme sur ma personne. Je me sentais épuisée, vraiment très fatiguée. Je voulus donc m'allonger et simplement fermer les yeux, Key me laissa faire.

La tête posé sur ses cuisses, le visage avec des nouvelles larmes qui coulaient caché contre son ventre. Il était tendu, comme si plus je me calmais, plus lui, il devenait bizarre. Sa main se posa sur ma tête et je le sentis à peine effleurer une de mes boucles.

- Lili...qui t'a fait du mal ?

- Je...ne sais pas...

- Alors pourquoi est-ce que tu pleures ? demanda-t-il en tapotant ma tête.

Je me mis à rire, il fronça les sourcils. C'était quoi cette façon étrange de me consoler ? C'était donc vrai que les Impérators ne savaient pas comment réagir face aux émotions tristes comme les pleurs. Eux-mêmes, ne pleuraient jamais, en tout cas, on m'avait dit qu'on avait jamais vu un Impérator pleurer. Même quand Esdras avait perdu sa femme et son enfant, il était resté de marbre et avait continué à travailler.

- Lili, dis-moi pourquoi est-ce que tu pleures, insista Key.

Cela me coupa l'envie de continuer à rire. Je le sentis s'agacer. Il me souleva de nouveau et me fit asseoir face à lui, se tournant avant d'être devant moi, en position de lotus, avec un regard déterminé qui me fit comprendre que nous allions avoir cette conversation, que je le veille ou non. Il n'allait pas lâcher l'affaire.