13. LILIANA

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Je soupirai en arrivant enfin à la maison. J'ouvris la porte et posa mon sac au sol avant d'enlever mes chaussures et mon manteau. Je souris en disant :

- Je suis rentrée...

Je me dirigeai vers la cuisine et nous servit à boire avant de venir m'installer au salon. Puis la réalité me frappa. Ce n'était pas la maison mais juste la cabane de mon enfance. Abandonné et très poussiéreuse. Il n'y avait rien sur la table, mon esprit m'avait joué des tours, tout comme mon annonce de mon retour qui n'avait aucun sens car j'étais seule.

Face à moi, je vis les derniers vestiges de l'arche qu'il avait fait pour moi. Non, tout ça est faux, ce n'est la réalité, réveille-toi ! J'ouvris les yeux et de nouveau, j'étais à la maison. Assise sur le canapé et j'attendais qu'il rentre. Il allait rentrer, oui, il rentrait toujours.

Tic tac, tic tac, tic tac. J'éclatai de rire tandis qu'une mélodie entraînante se faisait entendre au loin. J'avais envie de danser. Me déhancher en musique jusqu'à ce que mon corps soit en feu, qu'il brûle toutes ses émotions glaciales que je sentais en moi.

Ferme les yeux et rejoins-moi. J'obéis à cette voix si rassurante que j'entendis au fond de moi. Je revis des mains qui me saisissaient avec violence avant de me forcer à me mettre à genoux.

Des cris, des hurlements, des ordres, je devais obéir. Faire ce qu'il voulait, ne pas me plaindre, ne pas pleurer, ne pas crier, ne pas grogner, ne pas désobéir, être gentille et surtout ne pas le regarder. Car j'étais à lui, son monstre.

Je veux me réveiller, je dois me réveiller. J'ouvris les yeux et de nouveau le silence. La cabane me sembla encore pire qu'avant. Kitty. Kitty. Kitty, au pied ! Oui, voilà, comme ça.

Tout mon corps se mit à trembler et j'eus comme l'impression de quitter mon corps. Je me vis vomir le peu de choses que j'avais mangé hier apparemment, un de mes alter avait dû décider de nous nourrir.

Laissez-moi front ! Non ! Laissez-moi front ! Hors de question. S'il vous plaît ? Pas question.

- Je vais te tuer, te découper lentement, chantonnait Venie en riant, taillader ta peau, te faire mal jusqu'à ce que tu n'en puisses plus, jusqu'à ce que la douleur ne devienne plus que du plaisir...

Tout le monde se mit à hurler. Les cris me frappèrent avec une telle violence que je ne sus même pas comment réagir. J'en fus paralysé et pendant un moment, je ne saurais combien de temps, je perdis connaissance.

Réveille-toi Lili. LILIANA. Réveille-toi petite Liliana, précieuse de l'Empereur. Je sursautai et vis qu'étais en sol. Je ne pouvais toujours pas bouger mais je réussis après des efforts de concentration à faire basculer mon sac qui tomba et renversa tout son contenu, donc mon téléphone. Je me trainai avec difficulté vers lui afin de pouvoir activer l'assistance vocale.

J'ouvris la bouche et m'arrêtai. Je ne pouvais pas appeler pape. Bien que je voulais retrouver la sécurité de ses bras, je ne pouvais pas le laisser me voir ainsi. Mes lèvres se mirent à trembler, je finis par murmurer :

- Appelle Key...

Le portable lança l'appel mais personne ne répondit. Je me retins de pleurer et ordonna un nouvel appel. Mes yeux se remplirent de larmes tandis que j'entendais la tonalité sonner, encore et encore, toujours sans réponse. Elles se mirent à couler sur mes joues quand je compris qu'il ne répondrait pas, il ne le ferait plus. C'était comme pour me parler, je n'existais plus pour lui.

- Appelle Key, bredouillai-je avant d'éclater en sanglots.

L'appel ne se lança même pas et je tombai sur son répondeur. Je me mis à pleurer, complètement désespéré, ne sachant plus que faire. J'entendis un bip lointain au milieu du monologue sans aucun sens que je disais.

- ... ils sont là... ne vas-tu pas répondre ? Il va me faire du mal ! Tu ne veux plus me parler, c'est ça ? Même au téléphone ! (rire sadique) Elle va mourir. (sifflotement d'une voix masculine comme pour faire venir son animal de compagnie) Nere, suppliai-je en réussissant à front, s'il te plaît... ils sont tous là... ça fait mal... je vais mourir...

Je sentis comme des bras qui me tirait en arrière pour me passer à l'arrière-plan, que je ne devienne plus que la spectatrice mais je refusais cela car je savais que si je repartais, je ne pourrais plus revenir. Je le sentais au plus profond de mon cœur.

Je gémis de douleur et me mis à traîner de toutes mes forces jusqu'à la porte. Si je réussissais à l'attendre, j'allais tomber de cet arbre et à l'extérieur, peut-être que quelqu'un me verrais. Je dirais alors que je suis tombé, que c'est pour ça que j'étais dans cet état et je n'aurais pas à expliquer ce qui se passait vraiment en moi.

Je continuai à avancer tandis que c'était la guerre en moi, mes alter se battaient, certains pour m'aider à tenir malgré la violence de ce que je subissais. Massian. Où es-tu ? Massian !

Je pleurais tellement que ma voix en était cassée, je m'entendais hurler de douleur, à l'image de ce que je subissais à l'intérieur de moi. Mais je savais aussi qu'aucun cri ne sortait de ma bouche car un de mes alter me broyait les cordes vocales. Pas de SOS pour moi. Je hurlai en silence.

Soudain la porte vola en éclat et il fut là. Son champ envahit le mien et dispersa chacun de mes alter loin des autres, coupant momentanément la communication entre nous. Il tomba à genoux devant moi et me regarda avec un air que je n'avais jamais vu chez lui.

- Nere...

Ce fut ce que je voulus dire mais de nouveau, je ne pus parler. Key se pencha vers moi et me souleva avant de serrer dans ses bras, m'apportant un silence différent du premier, plus paisible, plus apaisant.

Il me regardait mais semblait perdu. Je savais pourquoi, il ne voyait sur moi aucune trace de ce qui venait de se passer. Parce que quelqu'un l'avait affecté au physique des autres, une façon sadique de me faire du mal en secret.

- Je dois retourner travailler, me dit-il sans me quitter des yeux.

- D'accord, m'entendis-je répondre.

J'allai même jusqu'à sourire. Je criai intérieurement de rage, me sentant si impuissante face à ce ou à ces alter qui avaient décidé de nous faire du mal à tous. Et ils gagnaient.

Brusquement Key se leva et me remit debout. Il me tira jusqu'à la porte et me mît sur un nuage qui fonça vers le palais. Je fus rassuré de sentir que j'étais toujours dans son champ. Il ne m'avait pas laissé seule. Dieu merci...

EUPHORIA [T1]Where stories live. Discover now