103. ISHA

0 0 0
                                    

Alexandra nous accueillit chalereusement bien que nous étions venu à l'improviste. Je compris pourquoi B disait que son thé était apaisant dès que je le goûtai. Papy Lio s'installa et il se mit à parler du beau temps avec elle avant qu'il ne demande :

- Les systèmes programmés ne vous affectent pas ?

- Quand chacun fait son travail, non ? Veux-tu parler de ça ?

- Oui. D'après ce que j'ai compris, tu es semi-programmée ?

- Si on veut mais ça n'a pas forcément le même sens que pour d'autres alters...

- Pourquoi ?

- Je ne veux pas en parler.

- Est-ce que tu as déjà entendu parlé de Mengele ?

B hocha la tête, je fronçai les sourcils. Papy Lio se tourna vers moi et m'expliqua que Joseph Mengele était à la tête des laboratoires de programmations nazis surnommé l'ange de la mort.

- Un de ses descendants était là-bas, dit B. Il n'était pas l'un de ceux qu'Isha aimait le plus mais elle s'est lié à lui par nécessité et pour survivre car il avait du pouvoir. Il s'appelle Sei mais je crois que vous le connaissez sous le nom d'Andrew.

Mengele aimait les expériences, il plaçait par exemple deux biberons au milieu d'une pièce pleine de nourrissons. Une cloche sonnait, et les nourrissons rampaient tous rapidement vers les biberons ; ceux qui y arrivaient en premier et qui pouvaient combattre les autres bébés avaient le droit d'être nourris ce jour-là. Les autres étaient tués devant les survivants, pour enseigner ce qui est arrivé aux bébés « lents » ou « dispensables ».

B confirma que la même expérience avait lieu quand nous étions bébé, qu'elle avait des sourvenirs de nos émotions de cet instant-là bien qu'elle n'était pas celle au front. Papy Lio répondit à ma curiosité et continua à me parler de Mengele.

- Il n'appréciait pas du tout la vie humaine. Il a tué 99 bébés afin de trouver un bébé qui, selon lui, « valait la peine d'être gardé » hors d'un lot. Il était aussi terriblement manipulateur. Les bébés dans les crèches ont été terriblement punis pour leur désobéissance...

- Sei faisait pareil, murmura B après avoir bu une tasse de thé. Si un bébé tenait les barres du berceau, parce qu'il ne voulait pas être sorti pour être torturé (programmé), Mengele couperait la main devant les autres bébés, comme une « leçon d'objets ». Tous les bébés regardaient cette scène avec des yeux larges et de l'horreur, car les conséquences de la désobéissance ou de l'hésitation étaient montrées de façon spectaculaire...

J'écoutai avec dégoût et effroi B qui racontait tranquillement les horreurs que cet homme avait faite. Comment pouvait-on faire quelque chose d'aussi horrible ? Etait-il sans coeur ?

- Sur mille bébés, seuls une dizaine survivaient dans les laboratoires de Mengele. Lui et ses programmateurs insistaient sur une obéissance absolue et complète, même dans la petite enfance, y compris pour permettre les abus sexuels. Exemple, ils apprenaient aux bébés à ouvrir les jambes sur un signal et à permettre cette cruauté sadique sans pleurer... ainsi que d'autres formes d'abus.

- Oh mon Dieu, chuchotai-je.

- Si un bébé pleurait trop longtemps après une séance de programmation, ou ne parvenait pas à saluer Mengele avec un sourire et les bras tendus même après une journée précédente de douleur impensable, le bébé serait placé dans une boîte coulissante qui serait verrouillée pendant une journée, abandonnée dans l'obscurité comme punition pour désobéissance ou "mauvais comportement". Le bébé serait sorti, frénétique à tenir, et on lui disait de ne plus jamais désobéir, ou il serait gardé dans la boîte « pour toujours ».

EUPHORIA [T1]Where stories live. Discover now