𝐶ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 10 : 𝑆𝑜𝑙𝑖𝑡𝑢𝑑𝑒

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93, Chemin de Traverse, Londres.

Accoudé au comptoir de la boutique, Fred avait la tête entre ses mains, fixant l'entrée depuis maintenant une bonne dizaine de minutes. Plongé dans ses pensées, il s'imaginait une belle brune aux cheveux bouclés passer le pas de la porte, lui sautant dans les bras.

Mais ce fut tout le contraire lorsqu'une vieille dame âgée entra à la place, se déplaçant à l'aide d'une canne. Fred se redressa, essayant d'oublier Hermione pendant quelques minutes.

- Bonjour, madame. Puis-je vous aider ? demanda-t-il.
- Non, merci, je vais faire un tour, répondit la vieille dame d'une voix enrouée, commençant à se faufiler entre les rayons.

Fred lui fit un signe de tête et il se replaça derrière le comptoir, émettant un soufflement d'exaspération. Les journées étaient tellement calmes qu'il n'y avait que très peu de client. George ne venait presque plus, pensant que cela ne servait à rien d'ouvrir le magasin.

Mais Fred, lui, devait s'occuper l'esprit. À chaque fois qu'il n'était pas occupé, le visage d'Hermione apparaissait dans sa tête. George, lui, avait Alicia. Il n'avait pas ce problème. Il n'était pas inquiet et ne se demandait pas à chaque minute où elle pouvait se trouver dans tout le pays.

- Au revoir, monsieur.

Fred releva de nouveau la tête et il aperçut la vieille dame quitter la boutique à petits pas.

- C'est ça, au revoir, grogna-t-il.

Ne pouvant plus rester à la même place, il se dirigea dans la réserve et il s'installa sur une vieille chaise en bois, attendant que le temps passe. Soudain, la sonnette de la porte retentit de nouveau et Fred entendit une voix féminine s'élever dans la boutique.

- Encore une journée chargée à ce que je vois !
- Je suis dans la réserve ! cria-t-il.

June apparut, passant sa tête à travers l'embrasure de la porte.

- Comme tu vois, je suis très occupé, dit-il ironiquement.
- Oui, je vois ça, ricana-t-elle.
- Qu'est-ce que tu fais là ?
- George m'a missionné de venir te chercher. Lee ne va pas tarder à lancer l'émission, expliqua-t-elle en attrapant une boîte sur une étagère.
- Ne touche pas à ça, dit-il en se levant et en arrachant la boîte de ses mains, la remettant à sa place. Et George n'a pas besoin de missionner quelqu'un pour venir me chercher.
- Je vois que tu es encore de bonne humeur aujourd'hui, lança-t-elle, croisant les bras.
- Je suis toujours de bonne humeur.
- On n'a pas la même définition.
- June, va-t'en.

La concernée prit place sur la chaise où Fred s'était assis il y a quelques minutes. Elle croisa les jambes, le fixant.

- June, souffla-t-il.
- Pourquoi tu es aussi désagréable avec tout le monde ?
- Je ne suis pas désagréable.
- Vraiment ? Tu t'enfermes dans cette boutique chaque jour, alors qu'il n'y a aucun client. Quand tu rentres au Terrier le soir, tu montes directement dans ta chambre, sans même venir nous voir. Et tu ne parles pratiquement à personne, ou quand tu sors trois mots, tu es froid et aigri, lança-t-elle. Le seul moment où tu es toi-même, c'est quand tu es à l'émission de radio.
- J'ai peut-être envie de parler à personne, dit-il.
- Fred, dit-elle en se levant, se plaçant devant lui, je sais qu'elle te manque terriblement et que tu t'inquiètes pour elle à chaque seconde. Mais tu ne dois pas te renfermer sur toi-même. Ta famille est en sécurité, on est tous là pour toi, on essaye de ne pas penser au pire. Mais te voir comme ça...
- Vous ne savez pas ce que ça fait, la coupa-t-il sèchement.
- Vraiment ? Est-ce que je dois te rappeler que Ron est aussi parti ? Et que lorsqu'il est revenu, les mois derniers, il n'est même pas venu me voir ?

𝐋𝐄𝐒 𝐎𝐏𝐏𝐎𝐒𝐄́𝐒 (𝐅𝐑𝐄𝐌𝐈𝐎𝐍𝐄)Where stories live. Discover now