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Il est dix-huit heures. Keo est parti se doucher il y a dix minutes, mais il n'est pas revenu depuis. Pour ma part, j'ai décidé de retourner dans la chambre de maman, de retoucher à ses affaires. C'est bizarre mais ... Ça me fait du bien de me trouver ici, même si je n'ai toujours pas réussi à surmonter le deuil. J'ai l'impression qu'elle est là, à mes côtés. Après avoir fouillé son placard de fond en comble, je m'allonge sur son lit et je ferme les yeux. Je suis sur le point de m'assoupir lorsque ... J'entends le grincement d'une porte. Sûrement Keo qui est sorti de la salle de bain.

Je me redresse en pestiférant. Tant pis pour la sieste. Je suis en train de balancer mes jambes hors du lit quand un nouveau bruit se fait entendre au-delà des murs de la chambre. Des bruits de bottes irréguliers et lourds qui crissent contre le sol. Cette fois-ci, je me fige. Non, ce n'est pas Keo. Après quelques jours passés en sa compagnie, j'ai réussi à reconnaître son pas rapide. Alors si ce n'est pas lui ... Ça veut dire que quelqu'un vient de s'introduire dans l'appartement. Mon cœur s'accélère.

Je fouille rapidement la chambre, mais je ne trouve aucune arme. Il n'y a rien du tout. Je m'empare alors d'un réveil - le premier objet qui me tombe sous la main - puis je me poste devant la porte. Les secondes passent, et je reste là à paniquer. Mon premier réflexe serait de me cacher sous le lit, mais je me retiens de le faire. Keo est probablement dans la salle de bain, à l'autre bout de l'appartement. Il ne doit se douter de rien. Et puis, il n'a pas pris son fusil avec lui. Il l'a laissé sur le canapé. Je ferme les yeux.

Réfléchis Neela, me dis-je plusieurs fois. Je ferme les yeux et tente de visualiser l'intrus. A mon avis, il est probablement dans le vestibule. La salle de bain est proche de la porte du salon, alors que la chambre de maman est à l'autre bout du couloir. Ce qui veut dire ... Que l'inconnu va sûrement tenter d'entrer dans la salle d'eau en premier.

Je repense à tout ce que Keo a fait pour moi. Ce dernier est peut-être un bleu, mais ... Il m'a sauvé la vie. Il est resté avec moi. Il n'a jamais essayé de me tuer. Je ne peux pas me montrer aussi faible et rester caché dans cette chambre alors qu'il court un grand danger. Je prends mon courage à deux mains, et je tourne la poignée pour sortir d'ici. J'ai l'impression que mon cœur va me lâcher. Je parcours le couloir à pas feutrés, le cœur sur les lèvres.

A peine suis-je entrée dans le salon que je le vois. La silhouette qui se tient au milieu de la pièce en tenant farouchement un objet rectangulaire dans sa main, comme si elle avait peur de la faire tomber. Je ne réfléchis pas. Mes jambes s'activent d'elles-mêmes, mon bras se lève et mes doigts se serrent sur mon réveil.

- Neela.

Lorsque je m'arrête, je manque de trébucher. Heureusement, je retrouve mon équilibre. La voix me semble tellement familière, mais bizarrement, j'ai du mal à me la situer. L'intrus se décide à retirer sa capuche, et je le reconnais immédiatement. Mes yeux s'écarquillent, et je suis tellement surprise que j'en fais tomber mon réveil par terre. Je n'arrive pas à m'empêcher de crier :

- ... Laslo ?

NeelaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant