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J'attrape mon sac posé par terre, et je me laisse trainer derrière lui comme une enfant. J'ai juste le temps de lancer un regard à Opale avant que le lycée s'éloigne de mon champ de vision. Elle ne semble pas énervée que je parte avec Laslo, au contraire. Elle ne me remarque même pas, car elle occupée à s'enthousiasmer avec les autres lycéens. Toute cette effervescence me donne la nausée.

La suite se déroule comme un rêve. Je me vois monter sur la motocyclette de Laslo et enrouler mes bras autour de sa taille avant de sentir le vent souffler sur mon visage. J'ai l'impression d'être en dehors de la réalité. Quand nous arrivons face à mon immeuble, l'adolescent m'aide à me faire descendre. Une rafale fait bouger les cheveux bruns de Laslo, et celui-ci les remet immédiatement en place.

- Ça va aller ? me dit-il en observant mon corps qui se cambre. Tu vas pouvoir rentrer chez toi ?

- Oui, ne t'en fais pas. Merci de m'avoir raccompagné. A demain.

Je lui adresse un sourire et m'éloigne sans lui laisser le temps de protester. Mais mes pas sont hésitants à cause de ma claudication, et il ne fait pas trop d'efforts pour me rattraper. J'insiste en lui disant que je vais bien, mais il ne veut pas m'écouter. Il passe un bras sous mes genoux, un autre derrière mon dos, et il me soulève pour me caler contre lui. Je deviens cramoisie.

Il me dépose face à mon appartement. Je fais mine de le remercier, lorsqu'il me devance.

- Est-ce que je pourrais entrer ?

J'arque un sourcil, mais je décide de ne rien dire. Après tout ce qu'il fait pour moi, ce ne serait pas très poli de lui fermer la porte au nez. J'opine du chef, et je le fais rentrer à l'intérieur. Il attrape ma main derechef et m'aide à marcher jusqu'à ma chambre, non sans regarder partout autour de lui. On dirait qu'il mémorise chaque recoin de l'appartement.

Nous nous installons côte à côte, au bord de mon lit. Je suis un peu gênée car la pièce est en désordre, mais Laslo ne me fait aucune remarque à ce sujet. D'ailleurs, un petit instant s'écoule avant qu'il ne décide de prendre la parole.

- Tu n'aurais pas dû accepter de te battre contre Madeline.

Je le regarde pour voir s'il plaisante, mais non, son visage demeure impassible.

- Euh pourquoi ? demandé-je. Je m'en suis sortie indemne. J'aurais quelques bleus, mais je pense que ça va aller.

- Ce n'est pas ça le problème.

Il lâche un soupir et porte son regard sur le mur en face.

- Madeline, Thane et Adriel se moquaient déjà de toi avant, alors imagine un peu comment ils vont réagir demain, maintenant que tu as vaincu Madeline devant tout le monde. Ça va être encore pire Neela. Ils sont sûrement très en colère.

Je fronce les sourcils en le regardant. Étonnamment, il fuit mon regard.

- Qu'est-ce que tu insinues ? Que j'aurais dû me faire humilier en refusant de me battre ? Je ne voulais pas avoir l'air encore plus faible, Laslo.

- Ouais mais tu l'es, dit-il en dardant enfin son regard sur moi. Et tout le monde le sait. Tout ce que tu avais à faire, c'était de sagement me suivre quand je t'ai proposé de te ramener chez toi. Ce n'était pas si compliqué.

- Je ne suis pas une gentille petite fille Laslo, m'indigné-je. Comme toi, je suis une future soldate rouge, alors ... Traites moi ainsi. Tu dis que je suis faible, mais aujourd'hui, je m'en suis bien sorti face à Madeline. Je ne comprends pas pourquoi tu es en colère.

- Je ne suis pas en colère ! dit-il d'une voix qui veut pourtant signifier tout le contraire. Tu sais, Neela, il faut que tu apprennes à ne pas te braquer chaque fois que je te fais une remarque.

NeelaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant