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Ces derniers avaient tournés la tête vers moi, et avaient froncés leurs sourcils. Ma mère était parvenue à me rattraper rapidement, et aussitôt, elle m'avait giflé deux fois, en me criant dessus tellement fort que mes larmes avaient coulés d'eux-mêmes. Du coin de l'œil, j'observais les jaunes alors que ma mère me grondait. Ils semblaient ravis. Encore aujourd'hui, je ne comprends toujours pas pourquoi ma mère ne m'a plus frappé par la suite. Car des bêtises, j'en ai commis à la pelle. Et puis, ce n'est pas comme si elle m'aimait.

Mais elle ne m'a jamais frappé comme cette femme en face de moi frappe son fils. Elle aurait pût, mais elle ne l'a pas fait. Dans la région Rouge, il est tout sauf rare que des parents frappent leurs enfants : d'ailleurs, c'est le contraire qui l'est. Cette société prône tellement la violence que frapper est devenu quelque chose de naturel, de respecté. Cette mère qui frappe son garçon ne fait que suivre l'exemple de ses parents, qui l'ont sûrement battu lorsqu'elle était plus jeune. Et ce garçon qui pleure sur le sol, quand il grandira, il frappera ses enfants à son tour. Et ainsi de suite. C'est un cercle sans fin.

- Ma ... Maman, hoquète le petit rouge. Tu me fais mal ...

Nouveau coup de poing. Les cris du garçonnet s'amplifient dans la rue, et n'arrive plus à faire semblant de l'ignorer. Je ne sais pas ce que je fais, je ne réfléchis même pas. Mes pieds se mettent en marche tous seul, et mes mains se referment. Je sais que j'ai tort, que je risque de me mettre en colère la femme. Ma mère m'as toujours dis de ne pas prendre part aux disputes dans les rues, de toujours me mêler de mes affaires. Alors pourquoi est-ce que je n'arrive pas à m'arrêter ?

C'est un patrouilleur qui le fait. Je suis à moins d'un mètre du garçon lorsque la main d'un soldat se pose sur mon épaule. Un frémissement parcourt tout mon corps.

- Je peux savoir ce que vous faites, jeune fille ?

Je déglutis, et me tourne à contre cœur. L'homme qui me regarde avec condescendance me dépasse d'au moins deux têtes. Ses yeux rouges contrastent avec sa peau foncée. Il tient dans sa main son pistolet, et, même s'il est pointé vers le sol, je sens qu'il l'a retiré de son holster pour me faire peur. Je m'éclaircis la gorge et déclare avec le plus naturellement possible :

- Rien du tout, monsieur le patrouilleur. Je me dirigeais vers l'arrêt de bus.

Il n'est pas dupe. Je le sais, parce qu'il esquisse un petit sourire amusé avant de reprendre son sérieux.

- Navré de vous l'apprendre mademoiselle, mais l'arrêt de bus se trouve à l'opposé.

Il me pointe le coin de la rue du doigt. Je grince des dents et attends qu'il s'en aille, mais il ne bouge pas d'un pouce. A quelques pas de moi, la mère jette son fils sur son épaule et s'éloigne comme si de rien était. J'ai le temps d'apercevoir le visage du garçon avant de m'en aller, et je découvre avec stupeur que ses yeux sont fermés. Il a perdu connaissance.

Je lâche un soupir et laisse l'homme derrière moi en traversant la route. Je me suis réveillé trop tard, et ce stupide patrouilleur a fait exprès de me parler au moment même où je comptais intervenir. Les soldats qui surveillent les rues sont censés maintenir l'ordre ... Mon œil oui. Ils sont tous pareils. Ils sont tous avides de sang et de violence.

La journée passe rapidement. En cours de combat, Madeline passe la porte du gymnase accompagné de ses deux amis. Elle boite encore plus que moi, et tout son corps est recouvert d'ecchymoses. En cours de techniques de torture et d'exécution, Laslo me regarde à plusieurs reprises, mais je ne lève jamais la tête vers lui. Je suis encore en colère contre lui. Quant à Adriel et Thane, ils essaient de me voler mon déjeuner à midi, mais ils abandonnent dès que je fais mine de me lever.

NeelaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant