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Dans le dernier cours de la journée, le cours de stratégie, le professeur nous annonce que notre prochain examen aura lieu le vendredi prochain. Aussitôt, un brouhaha immense envahit la salle.

- La poisse, murmure Opale qui est assise à côté de moi. On n'a qu'une semaine pour s'entraîner ... Comment est-ce qu'on va faire Neela ?

- Nous nous entraînerons tous les jours, dis-je à Opale.

- Mouais. Moi je te le dis, je vais avoir une sale note !

Les examens ont lieu une fois par mois, ce qui veut dire qu'il y a dix examens dans l'année scolaire. Ils sont obligatoires : si un élève est absent, il est aussitôt viré de l'établissement. Je trouve cette mesure un peu radicale, mais elle est bougrement efficace car jamais personne n'est absent aux examens. Grâce à ces derniers, les professeurs peuvent nous évaluer, et en fin d'année, les professeurs discutent de notre sort. Par exemple, si j'ai raté plus de cinq examens, je serais automatiquement virée du lycée. C'est pour cette raison que tout le monde angoisse autant lorsqu'un examen est annoncé : car notre avenir dépend de notre réussite.

Au bout de même pas deux minutes, Monsieur Richard parvient à nous faire taire en nous menaçant de reporter l'examen à lundi pour nous calmer. Après ces deux heures avec le professeur qui me déteste le plus, la journée est enfin finie. Je range mes affaires avec empressement, pressée de rentrée chez moi. Pendant ce week-end, je compte dessiner le plus possible, et peut-être même aider les Vinet dans leur atelier. Enfin ça, c'est si j'ai le temps. Il va tout de même falloir que je m'entraîne pour l'examen de vendredi prochain.

- Neela ?

Je me redresse sur ma chaise. A côté de moi, Opale lève les yeux au ciel en marmonnant dans sa barbe :

- Qu'est-ce qu'il veut encore, ce pauvre type ?

Pour une fois, je partage son agacement. Tandis que les élèves se ruent vers la sortie, Laslo passe devant les rangées de table pour nous rejoindre au fond de la salle. Opale se lève de sa chaise et je l'imite à son tour. Je serre mes mains entre elles pour les empêcher de trembler, mais ça ne sert à rien. Je ne comprends même pas pourquoi je suis nerveuse à l'idée de lui reparler.

- Est-ce que je pourrai te parler ? me dit-il avec flegme.

Mon cœur cogne contre ma poitrine. Opale lâche un ricanement et ramasse son sac tactique qu'elle avait laissé par terre, avant de déclarer :

- Bon bah moi, j'me tire. A plus les amoureux !

Tandis qu'elle file au pas de course pour sortir à son tour, je la maudit intérieurement pour sa dernière phrase. Mes yeux rencontrent ceux de Laslo. Ce dernier a arqué un sourcil, et rangé ses mains dans ses poches. Il attend une réponse.

- D'accord, dis-je à contrecœur.

J'ai tout sauf envie de parler avec lui, mais je ne veux pas le remballer alors qu'il a fait l'effort de venir me voir. Le jeune garçon hoche la tête avant de se gratter la nuque. Je réalise qu'il n'y a plus personne dans la salle.

- Hum ... Ça te dirait de discuter dans ma chambre d'internat ? Celui avec qui je partage la chambre n'est pas là.

Je me mords la lèvre inférieure.

- Désolée Laslo, il faut que ... Il faut que je rentre.

- S'il te plaît, me dit-il d'une voix étrange. J'aimerai me racheter pour hier.

- Te racheter ?

Il opine à nouveau du chef, et soupire bruyamment. J'ai l'impression qu'il se fait violence pour ne pas détourner ses yeux des miens.

- Je n'aurai pas dû m'énerver contre toi, Neela.

NeelaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant