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Hier, j'ai caché à ma mère mes blessures. Quand elle est revenue du travail, j'ai essayé de marcher correctement devant elle, mais j'ai eu un peu de mal. Je ne sais pas si elle s'est doutée de quelque chose, mais en tout cas, elle ne m'as fait aucune remarque. J'ai des bleus dans tout le corps, et des cernes marqués car j'ai très mal dormi. A cause de mes membres endoloris, mais surtout à cause de ma dispute avec Laslo.

- Je suis juste déçu que tu m'es trahi.

C'est cette phrase là en particulier qui m'as empêché de trouver le sommeil. A chaque fois que je fermais les yeux, je voyais le visage furieux de Laslo flotter dans les ténèbres. J'ai cru que j'allais devenir dingue, alors je me suis extirpé de mon lit et j'ai dessiné un peu m'occuper. A présent que je suis en chemin pour aller au lycée, un étau enserre mon ventre. Comment vais-je faire pour lui parler ? D'ailleurs, est-ce que j'ai envie de lui parler ? Pas vraiment. Après son éclat de colère, je rechigne même à croiser son regard. Mais je sais qu'il va être dur de l'éviter, car nous sommes dans la même classe.

Je ne suis qu'à cinquante mètres de l'arrêt de bus quand j'entends un cri. Un cri d'enfant, suivi de sanglots qui me déchirent le cœur.

- Arrêtes de faire le mariolle Faro !

Le bruit sourd d'une gifle me fait trébucher contre un nid-de-poule présent dans la chaussée, mais je recouvre mon équilibre.

- Je voulais juste jouer ... dit une voix fluette. Je suis ... Je suis désolé maman ...

- Relèves toi, bon à rien ! Allez !

Je décide de ne pas traverser la route. De retour sur le trottoir, j'aperçois enfin un petit garçon par terre, qui pleure à chaudes larmes alors qu'une femme - supposément sa mère - lui crie de se relever. Le garçonnet a dû recevoir tellement de coups que son visage est enflé. Son nez saigne. Je mets ma main sur ma bouche pour réprimer un hoquet de stupéfaction.

- Je suis désolé maman, dit-il en continuant de pleurer.

Sa mère agrippe ses cheveux noirs avec sa main et le force à se relever en tirant dessus. J'ai l'impression que mon cœur s'est arrêté.

- Ton père en as marre de toi et de tes enfantillages, crie la femme en lui assénant une autre gifle. Tu nous pourris la vie Faro ! Tu veux finir à l'orphelinat ? C'est ça que tu veux ?!

- N-Non maman.

Je ne comprends pas comment font les passants pour tracer leur chemin sans prêter attention au petit rouge qui se fait ruer de coups par sa propre mère. Moi, je n'y arrive pas. Je regarde la scène les yeux grands ouverts. Tous mes membres sont paralysés par l'horreur.

La seule fois où ma mère m'as frappé, c'était lorsque j'avais neuf ans. Elle me tenait la main et nous marchions jusqu'à l'école, lorsque nous sommes tombés sur des français jaunes qui observaient la rue en discutant avec des patrouilleurs. C'était la première fois que j'en voyais en chair et en os, et pas seulement à la télévision. Les jaunes me fascinaient beaucoup, car ils étaient différents des bleus et des rouges. Pour moi, ils représentent la richesse, l'élégance et la bonté. Tout le monde admire les jaunes, car ceux-ci mangent à leurs faim, ont une vie confortable, et vivent dans la seule région de France qui n'est pas en guerre. Et j'étais tellement heureuse de les voir que j'avais retiré ma main de celle de ma mère pour courir les rencontrer. Je n'avais pas réfléchit sur le coup, car tout ce que je voulais, c'était discuter avec des jaunes.

NeelaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant