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Lorsque mon réveil sonne, je tâtonne longtemps ma table de chevet avant de l'éteindre, mais je reste tout de même cinq minutes de plus dans mon lit. Je me force à garder les yeux ouverts pour ne pas me rendormir par mégarde. A travers ma petite fenêtre, j'aperçois le ciel qui commence à s'éclaircir. J'ai dû oublier de fermer les volets. Je m'extirpe de ma couverture et m'étire en baillant bruyamment. Quand je pose mes pieds nus sur le carrelage froid, je ne peux m'empêcher de frissonner.

Nous sommes lundi aujourd'hui, ce qui veut dire que je dois aller au lycée. J'ai un peu peur de sortir, après ce qui m'est arrivée la veille. Et si je revoyais cette commandante ? Et si elle me dénonçait au Centre d'Exécution ? Je secoue la tête avec ferveur. Il ne faut pas que je commence à m'imaginer n'importe quoi, parce qu'il est peu probable que je revois cette femme en pleine journée. A mon avis, elle est en service de nuit. Il faut que je me calme ...

Une fois que je suis bien réveillée, j'attrape ma serviette et je sors de ma chambre en direction de la salle de bain. Elle est très étroite, elle ne fait pas plus de deux mètres de largeur et trois mètres de longueur. Je me déshabille en vitesse et règle le chronomètre mural. Je me douche en moins de deux minutes, et profite de la dernière minute qui me reste pour boire autant que je peux. Le gouvernement est très strict en ce qui concerne l'eau, le gaspillage est interdit. Chaque habitant bénéficie de trois minutes de douche, et au-delà, le pommeau de douche arrête automatiquement de filtrer de l'eau. Ce qui veut dire que dans notre appartement, la douche est utilisable deux fois, vu que nous sommes deux. Mais en général, ma mère préfère se laver le soir, après le travail.

De retour dans ma chambre, j'enfile la même tenue que la veille. Avant de ranger mon pistolet dans le holster accrochée à ma sangle de cuisse, je prends soin de l'approvisionner. Etourdie comme je suis, j'ai fait l'erreur de ne pas le faire hier soir. J'étais tellement pressée d'aller chez Opale que je n'y avais même pas pensée. Une fois que j'étais rentrée, je me suis rendue compte que mon arme de poing était déchargée ... Heureusement que j'ai pu me débrouiller sans.

J'attache mes cheveux en une petite queue de cheval, et enfile mes bottes de combat. J'attrape mon sac à dos tactique, range mes affaires à l'intérieur et quitte ma chambre pour de bon. Une fois dans le salon, je me dirige dans la petite kitchenette au moment même où mon ventre se met à gargouiller. J'ai très souvent faim, en particulier le matin. A vrai dire, il est rare de me sentir rassasié. Et je suis loin d'être la seule rouge à être dans ce cas.

Je me prépare un thé avec l'eau de pluie que nous avons récolté il y a quelques jours, puis je beurre un morceau de pain avec de la margarine végétale. C'est un petit déjeuner assez léger, mais c'est mieux que rien. J'ai peur d'épuiser les réserves, et que le placard devienne vide à cause de moi. Les aliments coûtent si cher ! Ma mère ne m'en parle jamais, mais je suis sûre qu'elle dépense une fortune dans les supermarchés. C'est pour ça que je ne la vois que très peu : elle travaille dur pour que nous puissions manger correctement.

En parlant du loup ... J'entends le bruit porte de sa chambre s'ouvrir et se fermer, ses pas rapides sur le sol du couloir, et je la vois entrer dans le salon d'un air pressé.

- Bonjour, dis-je d'une voix mal assurée.

NeelaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant