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Pour que nous nous battions dans les règles, je remets mon pistolet à Opale, et Madeline confie le sien à ses amis. Nous posons également nos sacs par terre. Ensuite, tout le monde s'écarte pour nous laisser de l'espace. Du coin de l'œil, je remarque que des passants s'arrêtent pour nous regarder, et les lycéens, qui sont là depuis le début, nous lancent des cris d'encouragement. Ils sont tous tellement avides de sang et de violence.

Sauf moi. Mais de toute manière, je suis un cas à part.

J'essaye d'ignorer mon cœur qui cogne contre ma poitrine, et je me concentre sur la position de mon adversaire. L'adolescente fléchit ses genoux, et ses poings se serrent devant elle pour qu'elle puisse se protéger. Pour ma part, j'écarte les jambes à hauteur d'épaules, mais je ne me mets pas en garde. Je me contente de lever mes mains devant moi et de me tourner légèrement de côté.

- Nous ne sommes pas obligés de nous battre tu sais, dis-je. Nous pouvons régler ça dans le calme, comme des gens civilisés.

- Faux. Il n'y a que les poules mouillées de ton genre qui refusent de prendre part aux combats. C'est pour cette raison que je ne comprends pas ce que tu fabriques dans un lycée militaire ...

Elle essaye de me déstabiliser, mais malheureusement pour elle, il m'en faut plus que ça pour m'affaiblir psychologiquement. Nous nous tournons autour, sautillons légèrement sur le bitume, et gardons les yeux rivés sur l'autre. Madeline essaye d'attaquer en premier, et j'ai un peu d'avance sur elle car j'aperçois son épaule droite bouger. J'anticipe, et je bloque aussitôt avec ma main. Elle étouffe un juron.

Je n'attends pas, et j'élance mon poing vers son nez en bougeant ma hanche. Mais elle n'est pas idiote, et elle parvient à m'attraper le poignet et le tordre de toute sa force. Je lâche un gémissement et lui assène des coups au genou pour qu'elle me lâche. Quand elle le fait enfin, son visage est encore plus blême que tout à l'heure.

- Allez Neela ! me crie Opale derrière moi. Montre à cette pimbêche que t'en as dans l'ventre !

Elle m'attrape les cheveux sans crier gare et me frappe au visage si fort que je vois trente-six chandelles avant de m'effondrer sur le trottoir. Des cris fusent autour de nous. Heureusement, l'adrénaline qui court dans mes veines agit comme un analgésique, et je n'ai pas plus mal que ça. J'ouvre les yeux et je vois la semelle d'une botte de combat planer au-dessus de moi. Je roule sur le côté à temps et me relève en bondissant sur mes pieds.

Mon adversaire serre maintenant les dents en tremblant de la main. Elle se l'est sûrement cassé lorsqu'elle me l'a lancé à la mâchoire. Je me rapproche d'elle et feins de lui mettre un coup de poing au ventre. Elle tombe immédiatement dans le panneau, et baisse la garde pour se protéger. C'est ma chance. Je longe son buste avec ma main libre et la frappe à la gorge. Elle tousse bruyamment en reculant d'un pas. J'en profite pour jeter mes doigts dans ses yeux, ce qui a pour but de lui occulter la vue pendant quelques secondes.

J'entends Opale continuer de me soutenir derrière moi, avec l'aide de quelques autres lycéens. Pour ma part, je suis perplexe. En temps normal, Madeline ne se laisse pas faire aussi facilement. Elle est rapide, précise et puissante. Mais là, c'est comme si elle était tout aussi faible que moi. Est-ce parce qu'elle n'a mangé qu'un morceau de pain à midi ? Probablement. Je me rappelle le cours de tir de tout à l'heure. Tous les élèves avaient du mal à se concentrer. Leurs bras tremblaient, leurs yeux étaient gonflés, et ils tiraient tellement mal que l'instructrice s'était mise en colère. Ils étaient tous épuisés, sauf Opale et moi.

NeelaUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum