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Je ferme les yeux et acquiesce malgré moi. Il jette un coup d'œil par-dessus son épaule, mais son corps reste collé au mien pour m'empêcher de m'enfuir. Le fait d'être aussi proche d'un assassin me donne envie de vomir.

- C'est ta deuxième chance, me dit-il en se tournant vers moi à nouveau. Comment est-ce que tu t'appelles ?

- Neela.

A l'instant même où mon nom sort de mes lèvres, je commence à regretter. Je n'aurais pas dût le lui dire. J'aurais pût mentir, il ne l'aurait jamais sût. Pourquoi faut-il que je fasse n'importe quoi sur le coup de la peur ? Je lâche un soupir et je ferme les yeux. Quand je les rouvre, les traits de visage de mon assaillant semblent plus détendus. Pour une raison que j'ignore, il se détache de moi l'espace d'une demi-seconde. Mais il se ressaisit rapidement. Dommage, car j'aurais pu tenter de me libérer.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demandé-je après sa réaction impromptue.

- Rien. C'est juste que ... Tu as un joli prénom. C'est original.

Je lève les yeux au ciel. Je ne comprends pas comment il peut me dire ça alors que nous nous détestons.

- Maintenant, dis-moi ton nom de famille.

- Jamais de la vie, je réponds en gardant ma mine renfrognée.

Etonnamment, il me lance un petit sourire et plisse les yeux d'un air amusé.

- Je crois que t'as pas bien compris mon avertissement de tout à l'heure, murmure-t-il contre mon oreille, ce qui a pour but de me terrifier davantage. Pas vrai ?

Je n'aime pas le ton condescendant qu'il emploie, j'ai l'impression qu'il prend un malin plaisir à me voir sortir de mes gonds. Je grogne doucement et pose mes mains à plat sur ses épaules, pour le forcer à me lâcher. Il ne bouge pas d'un pouce. Furieuse, je lève une de mes bottes et lui écrase le pied de toutes mes forces. Il étouffe un juron et se détache de moi pour se tenir le pied. Je suis maintenant libre de mes mouvements, mais pourtant, je sais que je viens de commettre une erreur monumentale. J'esquisse un pas pour m'enfuir, mais le bleu est plus rapide que moi et m'adosse derechef contre la surface froide de la boutique. Ses yeux dardés dans les miens me font l'effet d'un coup de poignard en plein ventre.

- Je t'avais prévenue.

Quand il tourne la tête vers la boutique de chaussures proche de moi, je me décide enfin à sortir de mon mutisme.

- N-Non, non ! dis-je avec une voix affolée. C'est bon, je ... Je suis Neela Bakshi. N'appelle pas ton ami, s'il te plaît. Je n'essayerai plus rien, je te le jure.

Il ne garde pas son visage dur très longtemps. A la place, il me lance un nouveau sourire et hoche la tête avec ferveur. Ce garçon est incompréhensible.

- Neela Bakshi, répète-t-il en détachant les syllabes. Cool, on avance déjà un petit peu plus. Dis-moi, Neela, qu'est-ce que tu fous à vingt-heures seule, dans une rue abandonnée ?

- Je te retourne la question. Ton ami et toi, vous n'avez rien à faire ici.

- T'as pas tort.

Il serre un peu plus ses doigts sur mes épaules et me dévisage si longtemps qu'un frisson me parcourt la colonne verticale. L'ennemi s'en rend compte, et il étouffe un gloussement.

- Pourquoi t'as peur comme ça ? J'ai dit que j'allais rien te faire, alors déstresse.

- Je ne te fais pas confiance, rétorqué-je sur un ton sec.

NeelaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant