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Je ravale ma vexation et hoche la tête avec lenteur. Il faut que je me calme. Je n'aime pas les conflits, encore moins avec les gens qui font l'effort de me comprendre.

- J'essayerai de m'en souvenir, je lui réponds en levant les yeux.

J'aperçois tout de suite le changement d'expression de mon camarade de classe. Pour la seconde fois de la journée, il est confus, hésitant. Cet attitude ne lui ressemble pas, et commence un peu à m'inquiéter. Je pose sans réfléchir une main sur son épaule, et ses muscles se tendent aussitôt sous le tissu de sa chemise. Je lâche aussitôt prise.

- Laslo, qu'est-ce qui ne va pas ?

- Laisses tomber.

Le concerné secoue la tête et fait mine de se lever, mais je lui attrape la main pour l'en empêcher. Il fronce les sourcils en regardant nos doigts entrelacés. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de faire ça.

- S'il te plaît, dis-je.

Il met un bon moment avant de me répondre. Il s'éclaircit la gorge, redresse son dos et me dit :

- Hum ... Je n'arrête pas de penser à ce que Madeline a dit, me répond-il d'une voix tendue, inhabituelle. Comme quoi tu n'as partagé avec personne ton déjeuner de ce midi, alors qu'on mourrait tous de faim.

Son regard est tellement intense que j'ai bien du mal à ne pas l'éviter. Mais je le fais néanmoins.

- C'est faux. Je l'ai partagé avec Opale.

Il se met debout tellement soudainement que j'ai un mouvement de recul. Le visage de Laslo s'assombrit, ses mains se referment en poings et ses muscles deviennent saillants. Comme s'il était sur le point de se battre. Mes poils se hérissent.

- Avec Opale ! répète-t-il en plissant les yeux. Est-ce que tu as pensé une seule seconde à moi ? Après tout ce que j'ai fait pour toi, ça ne t'a même pas traversé l'esprit de m'aider !

Je suis stupéfaite par sa réaction. Ça n'a aucun sens. D'accord, Laslo peut parfois être impulsif, mais de là à s'énerver pour quelque chose d'aussi futile ? Je me lève à mon tour et me met face à lui. L'éclat hagard qui nage dans ses yeux me terrifie. Je dois faire un effort surhumain pour ne pas prendre mes jambes à mon cou.

- Calme-toi. Ce n'est que de la nourriture, enfin. Ce n'est pas ...

- Que de la nourriture ? s'écrie-t-il en me repoussant brutalement. Ce n'est pas une question de nourriture !

NeelaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant