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Après la pause déjeuner, nous passons deux heures dans le parcours d'obstacle à l'extérieur du lycée, délimité par un grillage. Après le rappel de consignes et l'échauffement, le professeur nous faire des tours complet du parcours. Si les autres élèves s'en sortent plutôt bien, j'ai, pour ma part, le plus grand mal à franchir les obstacles. Je monte faiblement sur l'échelle de corde accrochée à un portique, me hisse en grognant sur les poutres jumelées, chancèle entre des fils à enjamber, me griffe le visage en rampant sous un filet de cordes ... A un moment donné, alors que je suis sur le point de m'accroupir pour sauter dans la fosse, quelqu'un à l'arrière me pousse sans prévenir ... Et je tombe brutalement dans le creux, la face dans la gadoue. Des rires fusent tandis que je recrache la boue.

- Qu'est-ce qu'il se passe par ici ? s'énerve le professeur en voyant les autres élèves attroupés autour de moi. Je ne vous ai pas demandé de faire une pause, alors reprenez !

- C'est Neela monsieur, intervient Madeline d'une voix d'où coule toute l'hypocrisie du monde. Elle gêne tout le monde. On ne peut pas aller dans la fosse parce qu'elle patauge dans la boue depuis tout à l'heure.

Je me relève si vite que j'éclabousse quelques élèves au passage. Adriel et Thane se tiennent derrière elle en se tordant le ventre. De vrais moutons.

- Eh, n'importe quoi ! Elle ment, elle vient de me pousser !

Madeline est sur le point de rétorquer, mais le professeur la devance.

- Vous vous croyez où la, en école maternelle ? Vous êtes au lycée, faites preuves d'un peu de sérieux et arrêtez de vous disputer pour des gamineries ! Allez, un peu de nerf. Terminez moi ce parcours sur le champ, ou je vous jure que je vous fais rester une heure de plus pour vous faire courir jusqu'à épuisement !

Personne ne se fait prier. L'instructeur ne plaisante pas, et tout le monde le sait. Lorsqu'il n'est pas satisfait de notre comportement, il punit la classe entière de diverses manières. Quand bien même courir sans relâche est moins pénible que de se faire frapper avec un fouet, ou même de recevoir une multitude de gifles accompagnées d'insultes ... Aucun d'entre nous n'a envie de finir plus tard.

Je sors de la cavité en prenant appui sur mes mains et mes jambes. Faute de mieux, Opale m'essuie rapidement le visage avec ses mains, et repart en courant avant de se faire crier dessus par le professeur. Devant moi, Madeline, Adriel et Thane me dévisagent de la tête au pied en gloussant. Je les déteste. Ca ne leur a pas suffi de m'humilier devant tout le monde à la cantine, il faut en plus qu'ils en fassent de même en cours ! Je marche droit vers Madeline en lui souriant narquoisement. J'ouvre la bouche dans l'optique de lui cracher dans la figure, mais je me résigne au dernier moment.

Non, je vaux mieux qu'eux. Je ne m'abaisserai pas à leur niveau.

- Espèce de mauviette, me murmure Adriel alors que je passe entre eux.

Je serre les poings si forts que mes ongles me rentrent dans la paume. Après le parcours d'obstacle, on nous accorde une petite pause pour nous laver et nous débarrasser de toute la crasse accumulé en deux heures. Le denier cours de la journée - Histoire - se déroule très rapidement, et à dix-sept heures, nous sommes enfin libres.

- Mais quelle pimbêche, me lance Opale alors que nous marchons en direction de l'arrêt de bus. Complètement tarée la nana. Pour qui est-ce qu'elle se prend ?

J'hausse les épaules en soupirant.

- Je ne sais pas. Elle devait sûrement être énervée que Laslo ait prit ma défense tout à l'heure, à la cantine. En tout cas, les trois commencent réellement à me taper sur les nerfs.

Opale fait mine de répondre mais quelqu'un m'appelle au loin. Je me retourne lentement, et mes yeux se posent sur Laslo qui agite sa main vers moi.

- Tiens, dis-je en souriant à mon amie, en parlant du loup.

NeelaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant