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Dans le plan initial, maman et Keo étaient censés me sortir du lycée et me ramener à la maison. Là, nous devions tous les trois préparer nos affaires et gagner le repère des incolores. Mais les choses ne se sont pas passées comme prévu. Ma mère s'est faite tuée, et ... Keo a dû se débrouiller seul. La situation est devenue encore plus compliquée avec l'arrivée de Laslo, et la photo qu'il a prise de nous pour la montrer aux informateurs. Nous avons dût partir plus tôt que prévu de mon appartement, et maintenant, nous sommes cherchés par toute la région.

Wyatt, Mehdi et Clora sont des amis de Keo. Ils étaient de mèche avec ma mère et lui, pour qu'ils les aident à me faire gagner le repère. Le bleu faisait semblant de ne pas les connaître pour ne pas que j'ai de soupçons. A la base, seuls Wyatt et Mehdi devaient nous emmener au repère : Mehdi parce qu'il sait conduire, et Wyatt car, en plus d'être un bon guerrier, sait plus ou moins soigner les gens.

Keo leurs avaient demandés de nous attendre dans les souterrains, sauf que, entre-temps Mehdi s'est pris une balle dans le bras, le rendent inapte à conduire. Heureusement qu'il y avait Clora, qui se trouvait elle aussi à Orléans. Elle était au courant de toute cette mascarade sans pour autant en faire partie, mais étant donné que Mehdi avait le bras immobilisé suite à l'accident, elle représentait la dernière chance de nous mettre en lieu sûr, Keo et moi. Le dernier espoir.

Lorsqu'il achève ses explications, je reste prostré dans mon mutisme. J'attends qu'il reprenne la parole, mais il ne le fait pas. Il me regarde de ses grands yeux rendus brillants par la lumière diffuse, ourlés de ses longs cils noirs. Il attend une réaction de ma part. Une réponse.

J'aimerai lui dire milles et une chose. A propos de ma mère. A propos de lui ... A propos de tout. Mais je ne sais pas par quoi commencer. Mes pensées sont en ébullition, là tout de suite : ils bouillonnent comme de l'eau que l'on ferait chauffer afin de la rendre potable. Les secondes s'égrènent, me filent entre les doigts. J'aimerai figer le temps pour pouvoir réfléchir et digérer toutes ces révélations, mais c'est impossible. Car le temps est quelque chose que nous je ne peux contrôler, il est inexorable.

Sans réfléchir, je sors d'une voix sourde :

- Tu t'es servi de moi. Vous tous ... Vous vous êtes tous servis de moi.

Je baisse la tête pour fixer mon pistolet, qui repose près de moi. Il est chargé et chambré. Je viens le prendre en main, et, du coin de l'œil, je remarque le dos de Keo qui se redresse. C'est normal, il doit penser que je vais encore une fois le menacer avec mon arme, comme j'aimais tant le faire au début, lorsque je ne le connaissais pas encore réellement.

- Neela. Fait pas ça.

- Je ne vais rien faire, soufflé-je en agrippant la manche de mon pistolet avec toute ma force, faisant glisser le bracelet offert par Keo sur mon poignet.

Je relève ma tête et vient darder mon regard sur celui de mon interlocuteur. Il ne se dérobe pas. Mais ses iris tremblent, ses sourcils sont légèrement froncés par la culpabilité, le remord, ou que sais-je encore.

- Qu'est-ce que ça te fait, d'avoir réussi à me duper comme ça ? Tu dois être content, n'est-ce pas ?

NeelaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant