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Je la regarde dormir dans notre lit, incapable de détourner le regard. Dieu merci, elle n'a été touché qu'au bras. S'il avait visé un peu plus à gauche... je préfère ne pas y penser. Si seulement j'avais le pouvoir de le ressusciter, rien que pour le tuer une seconde fois. Personne n'a le droit d'être la cause de son mal.

Je me fais arracher de mes pensées par quelqu'un toquant à la porte. Je soupire, puis me lève et ouvre la porte. Je la referme derrière moi, avant que qui que ce soit ne puisse la voir endormie.

- Votre Altesse...

Mon regard croise celui de Sardor, se tenant face à moi. Je n'ai toujours pas pu lui pardonner pour sa dernière faute.

- J'ai reçu une nouvelle que je pense vous intéressera.

Il me tend un journal que je prend. Je me mets à lire les premières lignes, les sourcils froncés. Le journal vient d'Inimia.

"Lors d'une déclaration officiel, il a été révélé que la princesse disparue a été retrouvé. Le roi d'Inimia a annoncé, ce matin, l'avoir retiré de la ligne de succession familiale après la découverte de son mariage avec le prince d'Althea.

La princesse cadette d'Inimia est accusée de trahison, elle..."

Je ferme le journal, un léger rire m'échappe. Donc Della a été officiellement renié par sa famille, sans même qu'elle ne le sache. Bien. Au moins, ils n'essaieront pas de me la prendre. La seule chose qui se tient entre elle et moi, c'est elle-même. Cependant, je pense être parvenu à briser ses murs, petit à petit, et j'arriverai bientôt à atteindre Della.

- C'est bien. Continue à suivre la situation, ces barbares peuvent envoyer quelqu'un pour l'exécuter.

Sardor acquiesce, et avec ma permission, il s'en va. Cependant, après avoir ouvert la porte, père se tenait là. Sans demander la permission, il entre dans ma chambre. La première et la dernière fois qu'il est entré, c'était lorsque j'étais blessée.

- Que faites-vous ici ? Lui demandé-je.

Ce n'est pas comme s'il se souciait du bien-être de Della.

- Je veux que tu sois parti demain, dit-il, d'un ton froid et autoritaire. Cette femme joue avec toi, et tu dois retrouver tes esprits, seul le champ de bataille peut t'aider.

- Mes soldats gèrent bien la situation, dis-je en m'alignant sur son ton. Ma présence sur le champ de bataille est inutile. Et je n'aurais pas confiance en vous laissant avec elle, sans moi.

- C'était un ordre, Azref. Je suis ton roi, tu vas m'obéir.

Je ris ironiquement, cet idiot. Mon regard s'assombrit, éprouvant des pulsions meurtrières à l'égard de cet homme. Aller sur le champ de bataille, c'est lui donner la vie de Della sur un plateau d'or.

- Et je suis votre seul héritier. Dois-je vous rappeler qui a le soutien de la plupart des soldats et des gens ? Qui peut accéder au trône dans la minute qui suit ?

- Me menaces-tu, imbécile ? Dit-il en s'approchant dangereusement de moi.

- Oh, je n'oserais pas, Votre Majesté, dis-je en souriant. Je voulais simplement souligner que les gens seraient dévastés de me perdre, moi, le seul atout d'Althéa. Le plus fort des soldats, des princes, des stratèges. N'êtes-vous pas d'accord ?

Il est furieux. S'il avait pu, il m'aurait tué. Peut-être que le fait de ne pas avoir de frères et sœurs était ma bénédiction, après tout. Être le seul héritier m'a garantit une survie complète depuis petit.

- Et concernant Della, une femme aussi faible ne peut jouer avec moi, continué-je. Si quoi que ce soit, c'est moi qui joue avec elle. Mon plan contre elle tient toujours.

- Elle ne tuera pas sa famille, dit-il froidement. Abandonne cette idée, car cela ne se réalisera pas. Tu ferais bien de trouver une autre solution rapidement, car il reste peu avant les six mois que je t'ai donné.

Deux semaines. Il reste deux semaines, et j'aurais le roi, la famille de Della, les rebelles, tous tentant de mettre fin à sa vie. Suis-je censé ressentir autant de peine ? Non... non, je ne devrais pas. Si elle retrouve la mémoire, la seconde d'après elle tentera de mettre fin à ma vie. Pourtant, je ne peux m'en empêcher.

- Rappelle-toi que la vie de ta mère dépend d'elle, me dit-il, un sourire provocateur. Enfin, cela n'est pas dérangeant de faire d'une pierre deux coups.

Je m'approche encore plus de lui, tentant de ne pas sortir ma dague et l'enfoncer dans sa chaire. Je me reprends aussitôt, cela n'est pas nécessaire d'agir impulsivement. Bientôt, grâce à ma collaboration avec la milice du nouvel ordre, je détruirai son règne, et en même temps, Inimia.

C'est ce que j'appelle faire d'une pierre deux coups.

- Bien, conclut-il, je ne t'enverrai pas cette fois. Ton ami, Sardor, ira à ta place. Mais à la fin de ces six mois, prépare toi à la mort de la diablesse. Et prépare toi à ce que l'on te trouve une épouse qui te correspond.

Sans attendre ma réponse, il sort de l'appartement. Juste pour l'énerver, je vais réduire la sécurité aux frontières. Les rebelles pourront nous battre encore une ou deux fois, je leur laisse la porte ouverte... tous verront quel roi incapable il fait.

Depuis l'attaque de la nouvelle base militaire de la dernière fois, l'opinion publique est déjà devenue déplorable à son égard. Certains pensent que l'attaque pouvait être prédite, et de ce fait, empêché... et je suis tout à fait d'accord avec cela.

Commettre des actes de traîtrise pour atteindre mon but ne me dérange pas plus que cela.

À la fin, je deviendrais roi, soutenu par tout Althea. Je récupérerai facilement nos territoires perdus, je prendrais Inimia et je créerais mon propre empire. L'empire d'Althea. Il suffit simplement que le roi meurt, que Della tue sa famille... puis elle restera à mes côtés.

Je ne la tuerais pas comme je l'avais prévus. C'est le seul changement que je compte faire.

Je retourne dans la chambre auprès d'elle, je vais devoir nourrir sa haine contre Inimia encore plus. Plus elle les détestera, plus je l'aurais dans la paume de la main.

Elle n'aura plus que moi dans ce monde...

L'ombre écarlateWhere stories live. Discover now