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Je descends de la calèche, et entre dans le manoir de Dame Luzia. Elle m'a envoyé une lettre, affirmant son soutien à mon égard, et me félicitant pour mon mariage. Comme d'habitude, Reynald vient à ma rencontre et m'accompagne le long du couloir jusqu'au salon.

- Votre Altesse, me chuchote-t-il, les gens parlent dans les rues. Les Althéens comme les gens de notre peuple sont divisés à votre sujet.

- Du moment qu'ils ne tournent pas le dos à Inimia, dis-je à voix basse, cela me va. S'ils n'expriment aucune animosité à mon égard, le prince pourrait se douter de quelque chose.

Reynald hoche la tête. Mais avant que je n'entre au salon, je m'arrête et me tourne vers lui.

- J'aimerais également que tu places des gardes partout dans la Capitale, le prévené-je. Le prince fait souvent des visites imprévus dans les maisons afin d'inspecter. Nos gardes devront trouver un moyen de prévenir nos sujets afin qu'ils puissent cacher nos drapeaux et symboles, et qu'ils puissent cacher leurs enfants en bas âge qui ne savent pas encore distinguer entre la langue d'Althea et la nôtre.

- Bien, votre Altesse.

Je fais alors un signe de tête, puis m'avance dans le salon. Je m'arrête soudainement, lorsque je vois Luzia... accompagnée de Sardor. Je fronce les sourcils. Que fait-il ici ?

- Sardor ?

Tous deux lèvent le regard vers moi, puis se lèvent de leur place. Je sais que je n'étais pas censé les voir. Je les regarde d'un œil suspicieux, je tente de me rassurer en me disant que c'est probablement pour la mission... que Luzia n'est pas tombée dans le piège.

- Votre Altesse, dit Sardor en s'inclinant légèrement. Je ne pensais pas vous trouver là.

- J'ai reçu la lettre de Dame Luzia, et cela faisait un moment que je ne l'ai pas vu. Veuillez m'excuser de cette visite imprévue, lui dis-je.

Luzia hoche la tête, toujours l'air aussi tiraillé. Elle ne sait toujours pas quoi penser de moi, et moi non plus. Je m'approche d'eux, ses yeux évitant les miens.

- Dame Luzi t'a-t-elle qu'elle voulait ouvrir son commerce à Althea ? Demandé-je à Sardor.

- Oui, votre Altesse, me répond-il. Nous parlions de cela, justement.

Je hoche la tête. Menteurs. Luzia m'invite à m'asseoir, et Sardor me demande l'autorisation de partir, autorisation que je lui accorde. Une fois seule, je me concentre sur Luzia. Son regard. Son expression. Sa posture.

- Dame Luzia, je vous demande de collaborer avec moi, lui dis-je d'un ton ferme. Qu'en dites-vous ?

- Cela... serait un honneur, votre Altesse, me répond-elle. En quoi consistera cette collaboration ?

Je penche ma tête sur le côté, croisant mes bras contre ma poitrine.

- Il y a de fortes chances que Sardor soit un traître, dis-je, le regard froid.

- Quoi ? Ce... Ce n'est pas...

- J'ai eu l'information qu'une grande attaque est prévue le vendredi prochain, lors du festival du printemps. Sardor serait au commande.

Ses yeux s'élargissent, ses mains tremblantes. Elle est nerveuse, surprise. Je garde le visage impassible, en buvant ma tasse de café. Je ne connais peut-être pas ses intentions, cependant il est très facile de lire ses émotions.

- Ce n'est pas possible, votre Altesse, dit-elle.

- Malheureusement, c'est possible. Vous semblez bien proche de lui, tentez donc d'extraire autant d'informations que possible.

Puis je me lève. Je ne désire pas rester longtemps. J'ai eu ce que je voulais, et la semaine prochaine, j'aurais ma confirmation.

- En échange de votre aide, je financerais personnellement votre commerce.

Et sur ces mots, je quitte le salon. Je sais que je n'aurais rien d'elle pour le moment, elle ne fera que contredire chacune de mes paroles. Et je n'ai pas la patience de la réconforter.

Je garde mes soupçons de côté, le temps que je puisse avoir des preuves concrètes. Pour son père, et ses sacrifices pour Inimia, je ne la punirais pas personnellement.

- Votre Altesse, me dit Reynald, j'ai reçu une lettre de nos résistants. Ils désirent vous rencontrer le plus tôt possible.

- Bien. Je vais m'y rendre tout de suite.

Reynald hoche la tête et m'accompagne jusqu'à la calèche. Là où m'attendait Birsan. Je le salue une dernière fois, avant de monter. Le cocher s'avance immédiatement, après que Reynald lui a donné l'adresse.

- Cette femme n'est-elle pas une noble d'Inimia ? Me demande Birsan, la voix basse.

Je hoche la tête.

- Elle n'est pas digne de confiance, cependant.

Je soupire, Birsan n'ajoutant rien de plus de crainte que le cocher nous entende. Le Grand Roi avait bien raison, personne n'est digne de confiance.

- Nous sommes arrivés, votre Altesse.

Je regarde par la fenêtre. Une pâtisserie ? Surprenant. Mais il est vrai qu'il vaudrait mieux de ne pas me rendre au même endroit deux fois.

- Attends moi là, Birsan.

Sans attendre sa réponse, je descends de la calèche et me rend à l'intérieur de la pâtisserie. Je jette un coup d'œil autour, puis me dirige vers le pâtissier. Il ne me reconnaît pas, m'étant caché les cheveux pour éviter une tentative d'assassinat à l'extérieur.

- Bonjour, ma Dame, en quoi puis-je vous aider ? Me demande-t-il poiment.

- Je cherche votre fameux gâteau, je pense que son nom est Aquila. Noir, avec des ombres écarlates.

Il regarde autour de lui discrètement, avant d'amener son regard vers moi. Il hoche la tête puis me demande de le suivre. Comme avec le pharmacien, il ouvre une porte arrière et m'y emmène.

Je retire ma capuche, découvrant mes cheveux afin qu'il sache qui je suis.

- Votre Altesse... Dit-il d'une petite voix, en s'inclinant. Nous vous attendions. Suivez-moi.

Il ouvre une trappe couverte, je pouvais voir un petit escalier qui me mènerait vers les tunnels.

- Nul besoin de m'accompagner, l'avertis-je. Vous avez pleins de clients, occupez-vous d'eux. Et... préparez-moi quelques pâtisseries, comme couverture.

Il hoche la tête et je m'engage dans les escaliers. Une fois certain que je descendais, le pâtissier referme doucement la trappe, me plongeant dans l'obscurité la plus totale. Je descends, jusqu'à enfin atteindre les tunnels.

C'est différent de l'autre, cependant la structure reste la même. Les différentes pièces, les chemins étroits. Je prends une grande inspiration, espérant recevoir une bonne nouvelle.

L'ombre écarlateحيث تعيش القصص. اكتشف الآن