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Tout au long de la nuit, je suis restée seule dans ma chambre, essayant d'arrêter le sang et de panser mes mains. Ma sœur est venue me voir, mais je ne l'ai pas laissée entrer. Elle me connaît trop bien, elle sait que je n'ai jamais été blessée par ces attaques... elle ne croirait aucune de mes excuses.

Je n'ai donc pas répondu et j'ai prétendu m'être endormie tôt.

Le matin, j'ai essayé de l'éviter et j'y suis parvenu. Madame m'a aidé à me cacher d'elle, puisque c'est elle qui a causé mes blessures. Je me tais pour mon père, mais je jure devant Dieu que lorsque ma sœur deviendra reine, je lui raconterai tout. Elle m'en voudra de ne pas avoir parlé plus tôt, mais elle en voudra encore plus à madame de m'avoir fait du mal.

Durant toute la journée, je me suis préparée pour le dîner avec le Duc Valerius. Je n'ai plus vraiment envie d'y aller, mais j'ai fait une promesse et je dois la tenir. La princesse Della Valorn n'a pas le droit de rompre ses promesses, sauf s'il s'agit de son ennemi.

Quand l'heure du dîner approche, je quitte le palais. Un carrosse m'attendait, mon chevalier aussi. Je monte dans le carrosse en prenant une grande inspiration. Je ne comprends toujours pas comment le duc peut vouloir m'épouser après la mauvaise réputation que j'ai eue. Il est peut-être fou.

- Princesse, êtes-vous certaine de vouloir rencontrer cet homme ? Et si ses intentions sont mauvaises ? Demande mon chevalier.

- Cela lui coûtera la vie, ne me connais-tu pas ? Lui dis-je. Je ne fais jamais rien dont je ne suis pas certaine. Et tu ferais mieux de rester à ta place et de ne pas essayer de gâcher ma nuit.

Il ne répond pas et regarde par la fenêtre. Je regrette de l'avoir embrassé, cela lui a donné de fausses idées. Mais dès que c'est arrivé, je me suis expliquée et je lui ai dit pourquoi je l'avais fait. Je pensais qu'il avait compris.

Enfin, la calèche s'arrête à l'arrivée et je descends. Son manoir est immense. Il vaut vraiment chaque sous investi. Je me dirige vers le manoir et un homme en sort. Mon cœur s'emballe dès que mes yeux se posent sur lui. Je souris lorsqu'il s'approche de moi et m'embrasse la main.

- Votre Altesse, je suis heureux que vous ayez pu venir. Dit-il en souriant. Bienvenue dans mon humble demeure.

- Merci, Duc Valerius. Répondis-je. Entrons à l'intérieur, voulez-vous ?

Il acquiesce puis me tend son bras, j'y pose ma main tandis qu'il me guide à l'intérieur. Je jette un coup d'œil à mon chevalier pour qu'il ne bouge pas.

L'intérieur du manoir est magnifique, il respire le luxe. La décoration est très soignée, et d'une certaine manière, elle correspond parfaitement à lui, à son allure et à son attitude. Cet homme a de l'argent et n'a pas peur de le montrer.

- Le dîner est prêt à être servi. Devrions-nous demander au chef et aux femmes de chambre de le retarder pour que je puisse vous faire visiter les lieux ? Me demande-t-il.

- Oh, ce n'est pas la peine. Dis-je. Dînons, nous aurons le temps de le faire plus tard.

Il acquiesce et nous nous rendons dans la salle à manger. En effet, le dîner était prêt. Il y avait tant d'assiettes pour nous deux. Le Duc tire la chaise pour que je m'assoie, avant de s'asseoir lui-même. Quel gentleman.

Nous avons ensuite commencé à être servis et à manger.

- Alors, Duc Velarius, vous avez décidé de vous marier avec moi. Pourquoi moi, et pas ma sœur, la princesse héritière ? Lui demandé-je.

- Vous avez attiré mon attention, dit-il en souriant. Lors du bal de votre vingtième anniversaire.

- Mmh... et qu'est-ce qui vous fait penser que vous êtes digne d'une princesse ?

Ses moindres gestes sont si gracieux. Il est agréable à regarder et je ne serais pas contre le fait d'être sa femme, pour être honnête.

- Je suis le meilleur homme que l'on puisse trouver dans ce royaume, dit-il en me regardant dans les yeux, le plus riche, le plus séduisant, le plus intelligent. Si quelqu'un pouvait être le mari d'une princesse, ce serait moi.

- Intéressant.

- ... Et je connais très bien lire le langage corporel.

Je sens que mon corps se raidit. J'ai des pensées que je ne partagerais avec quiconque, mais je sens qu'il peut les percevoir.

- Quoi qu'il en soit, j'ai entendu dire que vous étiez très habile à l'épée et à la dague. Vous avez tué sans pitié les mercenaires du prince d'Althéa. Je suis impressionné, c'est le moins qu'on puisse dire.

- Comment savez-vous cela ? Lui demandé-je en fronçant les sourcils.

- Disons que j'ai fait des recherches. Répond-il. Et c'est pour cette raison que vous vous êtes fait une mauvaise réputation. N'est-ce pas ?

J'essaie de ne pas montrer ma surprise. Il en sait trop. Personne n'a jamais deviné tout cela, pas même mon père. Et pourtant, le voilà... Je suis impressionné.

- Vous avez raison, duc Valérius. Dis-je d'un ton calme. Je pensais que vous croyiez toutes ces rumeurs.

- Je vous ai observé lors de votre bal d'anniversaire. Me dit-il. Tous les hommes que vous avez séduits, vous ne les avez jamais embrassés ni n'êtes partie avec eux. Peut-être que je me trompe, mais d'après ce que j'ai vu, tout n'était qu'un spectacle. Puis-je vous demander ce que cette réputation empêcherait ?

Je soupire. Il est intelligent, en effet. Et j'ai besoin d'un homme comme lui près de moi. Il serait un grand allié.

- Je vais vous le dire, mais ce que je vais dire ici restera ici. Sinon, je devrai mettre fin à votre vie. Ai-je été clair ?

- Absolument, votre Altesse.

- J'ai entendu ma belle-mère dire qu'elle voulait m'envoyer à Althéa comme fiancée du prince, ou même du roi, qui sait... Je sais que ma beauté est incomparable à celle de n'importe qui, et avoir une épouse d'une beauté absolue est le rêve de tout homme, je suppose. Je me suis dit qu'avec une mauvaise réputation, le prince ne me considérerait pas comme digne d'être sa femme. Je ne suis pas une femme vertueuse et chaste après tout. Je ne serai plus désirable.

Son sourire s'agrandit. C'est la première fois que je partage cela avec quelqu'un, alors j'espère qu'il ne me trahira pas. Ce serait dommage pour un si beau visage. Il boit un verre ou deux avant de me regarder.

- Mais vous devenez plus désirable à mes yeux, désormais. Dit-il à voix basse. Si vous acceptez d'être ma femme, vous n'aurez plus besoin de faire des efforts pour avoir une mauvaise réputation.

- Puisque j'ai accepté de venir dîner, ma réponse à votre proposition est évidente : j'accepte d'être votre femme. Répondis-je. Êtes-vous prêt à vous opposer à ma belle-mère pour moi ?

- Je suis prêt, Princesse. Puisque tout est réglé, buvons pour célébrer !

Je souris, puis prends un verre. Pendant plusieurs minutes, nous buvons, buvons et buvons. Alors, le duc Valérius sera mon mari. Madame sera furieuse que j'aie gâché ses plans.

- Pourquoi ne resteriez-vous pas pour la nuit ? Me demande-t-il. Vous pourrez ainsi découvrir votre future maison.

- N'est-ce pas inapproprié ? M'interrogé-je.

- Depuis quand cela vous dérange-t-il, princesse ? Séduire des hommes en public est inapproprié, mais vous enfreignez les règles, princesse rebelle.

Je souris. Il me plaît. Je me penche alors sur la table, le regardant dans les yeux.

- Bien que ce soit tentant, j'attendrai d'abord notre mariage, duc. Dis-je.

- Très bien, princesse. Attendre rend les choses plus excitantes.

J'acquiesce. Je finis de dîner, puis nous parlons d'affaires liées à notre mariage et enfin, je rentre chez moi

L'ombre écarlateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant