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Je sors de la calèche, suivis par Sardor. Azref a décidé que je devrais commencer le plus tôt possible, afin de ne pas perdre ma motivation. Je vois un grand manoir face à moi, des serviteurs nous ouvre la porte nous laissant entrer.

- Je vais vous conduire à notre maître, nous dit un serviteur.

Je hoche la tête et nous le suivons. Je garde mes cheveux couverts, couvrant une partie de mon visage d'une capuche, regardant avec attention mes alentours. Bien qu'elle soit une noble d'Inimia, je ne peux faire confiance à personne.

- Vous pouvez entrer, désormais, nous dit-il en nous ouvrant une porte.

Sardor s'avance, entrant en premier pour s'assurer qu'il n'y ait rien de dangereux. Une fois certain, il me fait signe d'avancer. J'entre alors à l'intérieur à mon tour dans le salon, là où nous attendait Dame Luzia Elan.

- Sardor, je t'attendais, déclare-t-elle.

Elle le regarde avec une attention particulière, une attention que je redoutais, une attention n'étant qu'à un pas de la traitrise. Ce qui m'est surprenant est leur rapide adaptation, ils se tutoient déjà, et j'en viens à me demander quand a-t-il débuté cette mission ? Je crains d'être en retard. Qu'elle lui ait confié trop de secrets, si toutefois elle en avait.

Elle pourrait être ici, en tant que traître.

- Je l'ai amenée, dit-il, maintenant tu peux me croire.

Sardor se tourne vers moi, signe qu'il est temps que je me dévoile à celle qui m'attendait. J'ôte ma cape, dévoilant de longs cheveux argentés retombant en cascade avec grâce. Je fixe la femme noble d'un regard froid, et elle se fige. Elle fait un pas vers moi, ne me trahissez pas, ne nous trahissez pas.

- Tu l'as vraiment amenée, articule-t-elle dans un murmure à peine audible.

- Connais-tu son nom ? Demande Sardor. L'as-tu déjà vue ? Ou bien est-ce la première fois ?

- Non, non, c'est la première fois... affirme-t-elle. Ce ne peut être que la princesse, ses cheveux... Elle a la couleur des cheveux de la royauté.

Je continue de la regarder, la tête haute. Elle vient de révéler ce que tous savent déjà. Sardor peut désormais avoir la certitude qu'elle ne ment pas. Elle ne mentira pas. Ce qui signifie que chaque mot prononcé sera soit un atout, soit une menace pour moi.

- Uhm, allons... Asseyons-nous et prenons une tasse de café, propose-t-elle.

Nous acquiesçons et elle nous invite dans son salon. Je m'assois et Sardor s'installe à mes côtés. Elle ne m'a toujours pas adressé la parole, et cela me pousse à me questionner. Elle appelle ses serviteurs, afin de nous apporter quoi boire. Ils devaient déjà être prêts puisqu'en quelques minutes, ils étaient déjà revenus avec les tasses de cafés.

- Vous vivez à Althea, désormais, lui dis-je, brisant le silence. Vous y plaisez-vous ?

- Et bien... la vie à Althea est assez plaisante, je dois dire, me répond-elle. Le temps est relativement doux ici.

Je hoche la tête. Je reste sur mes gardes, mes soupçons ne cessant de croître. Elle ne parle pas comme si j'étais sa princesse, comme si elle n'avait pas juré sa loyauté envers moi. Je tiens à garder de bons soupçons à son égard, pensant qu'elle pourrait toujours avoir des doutes quant à la sincérité de Sardor. 

Je ne veux pas la considérer comme une traîtresse. Je ne le veux vraiment pas. Ce serait regrettable, son père est l'un des plus loyaux serviteurs d'Inimia. Il a sacrifié sa jeunesse dans l'armée, et il a perdu un fils pour la terre.

- Madame, me voici. J'ai récupéré des lettres que vous aviez reçues.

Je lève la tête alors qu'un homme entre dans le salon. Il s'approche, et immédiatement, je me fige. Je le pensais... Je le pensais mort, avec tous les autres gardes. Mon chevalier. Comment a-t-il survécu ? Et pour quelles raisons n'est-il pas venu après moi, lorsqu'Azref m'avait enlevé ?

Ses yeux se posent sur moi, et il se fige également. La surprise est partagée, et il semblerait qu'il ne possédait aucune information sur moi ou l'endroit où je me trouvais.

- Très bien, laisse-les dans mon bureau, je les lirais plus tard, dit la jeune femme.

Il se ressaisit, tout en me jetant un coup d'œil avant de quitter le salon. Je ne peux pas me retenir. Je me lève et me tourne vers la femme noble.

- Où puis-je trouver la salle de bain ?

Elle semble confuse, mais me donne les directions et je m'en vais immédiatement. Sardor ne réagit pas, il reste assis en silence, sans me poser de questions. Tant mieux pour moi.

Une fois à l'extérieur, je suis mon ancien chevalier. Il tourne la tête légèrement vers le côté, comme s'il se sentait suivis et continue à marcher dans les couloirs. Il décide de s'arrêter dans un petit et sombre couloir. J'attends quelques instants avant de m'approcher discrètement. Il se tourne vers moi et son regard croise le mien, je peux voir dans ses yeux la surprise et l'interrogation.

- Vous... Vous allez bien, dit-il d'une petite voix. Dieu merci, je vous ai retrouvé !

- Que fais-tu ici, Reynald ? Lui demandé-je. Ton travail est à Inimia, pas ici !

- Je suis venu vous chercher, votre Altesse, me répond-il. Lorsque Dame Luzia s'est proposé de venir à Althea, j'ai saisis l'occasion pour venir vous chercher. J'avais le sentiment que vous serez là.

Je fronce les sourcils. J'ai tant de questions à lui poser, pourtant je sais qu'aucunes réponses qu'il me fournira ne me satisfera. Cependant, je me dois de lui demander cela...

- Comment va Freya ? Et père ? Pensent-ils que je suis décédée ?

- Je ne suis pas retourné au palais, je ne peux savoir avec certitude. Cependant... Je sais qu'ils avaient pensés à votre mort au départ et que maintenant, ils en doutent. Votre sœur a véritablement changé. Elle a pris le relais, et est prête à commander une guerre contre Althea pour vous retrouver.

J'écarquille des yeux. Freya ? Freya, commander une guerre ? Je n'aurais jamais imaginé cela, dans n'importe quel univers. La défenseuse de la paix ? Et tout cela... pour moi. Je baisse la tête, je dois l'arrêter, je dois terminer ma mission rapidement... Je dois me dépêcher, je ne veux pas que ma sœur se salisse les mains pour moi.

Soudain, il m'arrache de mes pensées en m'attrapant par le poignet.

- Allons-y, votre Altesse, je vais vous faire sortir discrètement d'Althea. Me dit-il. Je vais vous ramener à nouveau chez vous... Votre famille, votre peuple vous attend.

L'ombre écarlateWhere stories live. Discover now