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- Je le savais que tu n'étais qu'une traître, dit-il froidement, traîtresse d'Inimia.

Je le regarde sans émotions, alors que ses yeux transpiraient la rage. J'attrape le bout de son épée de ma main, un sourire en coin se formant sur mon visage.

- Tue-moi donc, dis-je, avec provocation. N'est-ce pas là le châtiment des traîtres ?

- C'était toi, n'est-ce pas ? Celle qui a tué ma Cécilia ? Elle ne s'est pas suicidée, je savais qu'elle n'aurait pas pu le faire, tu l'as tué.

Le garde, l'amant de la jeune servante retrouvée pendue dans sa chambre. Je ne réponds pas, ne lui donnant aucun indice sur la réalité de la situation. Elle s'est suicidée, il n'y a aucune autre réponse plausible.

- Repose cette épée, prête-moi serment d'allégeance et j'épargenerais ta vie, lui dis-je, le regardant de haut.

Il lâche un rire méprisant, montrant toute sa colère. Nous sommes dans le sanctuaire de la Grande Reine, ses pouvoirs sont bien plus puissants que jamais. Je dois le fixer dans les yeux jusqu'à lui faire perdre la raison.

- Jamais ! Ma loyauté réside en Althea. Et pour Althea, je te condamne à mort... princesse d'Inimia.

- Je détruirai Althea, et tous ses habitants. Être de mon côté t'assurera victoire et sécurité... mais enfin, tu as fais ton choix.

Je ne lâche pas l'épée de la main, ma main commence légèrement à saigner. Cependant, je garde mon regard fixe sur lui, toujours avec un sourire en coin.

- Poignarde-toi le cœur avec cette épée, lui ordonné-je.

Ses yeux s'écarquillent, et la peur le paralyse lorsqu'il se rend compte qu'il n'est plus maître de son corps. Il est fort, je dois lui accorder. Son esprit résiste, son corps ne le peut pas cependant.

- Sor... Sorcière ! Dit-il désespérément. Tu vas le payer !

Je souris, voyant qu'il commençait à tourner son épée contre lui. Je n'aurais pas à me salir les mains.

Soudainement, il s'immobilise. Une épée le transperce, le laissant confus. Je fronce les sourcils, faisant un pas en arrière. Lorsque l'épée est retirée, il tombe au sol, révélant une servante.

- ... Birsan ?

Je la reconnais. Je ne reste pas figée, je me baisse et prends rapidement l'épée du garde et la pointe contre elle. Elle l'a peut-être tuée, mais je ne lui fais pas confiance.

- Que fais-tu ici ? Lui demandé-je.

- Je vous suivais, votre Altesse, me répond-elle, pour votre sécurité.

- N'as-tu pas entendu ses accusations ?

Elle me regarde, les yeux vides. Comment n'ai-je pas pu sentir les deux me suivre ?

- J'ai tout entendu, et à vrai dire je l'avais supposée, m'explique-t-elle. Je connais votre réputation, votre Altesse. S'il y a bien une chose qui ne pourrait vous arriver, c'est d'oublier Inimia et votre haine d'Althea.

J'approche le bout de l'épée sur sa gorge.

- Donne-moi une seule raison pour que je ne mette pas fin à ta vie, là, maintenant, dis-je froidement.

- Tuer ce garde n'était-il pas assez ?

Elle se rapproche de l'épée elle-même, continuant à me regarder dans les yeux. Je me doutais qu'elle avait un lien avec Inimia. Ceux d'Althea ne le savent peut-être pas, mais à Inimia, les enfants sont nommés après des villes tombées, de soldats martyrs, des prénoms qui rappelleraient qui nous sommes.

Birsan est l'un d'entre eux, mais évidemment, les traîtres sont partout... et c'est la première conclusion dont je suis parvenue avec elle.

- J'ai entendu votre conversation cette nuit-là, avec le Grand Roi, dit-elle doucement. La servante Cécilia, et moi. Cette nuit-là, j'ai mis fin à sa vie.

Mes yeux s'écarquillent, alors qu'elle continue de me raconter ce qu'elle a commise. Après m'avoir entendu, elles sont toutes deux partis dans la chambre de Cécilia, qui était totalement paniquée. Birsan l'a menacé avec une arme, révélant sa véritable identité, et la forçant à mettre fin à sa vie elle-même.

Cécilia ne s'est pas suicidée. Elle a été forcée.

"A... l'aide."

Son histoire semble cohérente, et la Grande Reine me confirme sa véracité, alors je baisse l'épée. Elle m'a protégée dans l'ombre, deux fois.

- Pour quelles raisons travailles-tu ici ? Lui demandé-je, intriguée.

- Pour les mêmes raisons que vous, me répond-elle. Je souhaite mettre fin à la vie du prince et du roi. Cependant, je suis bien consciente que je n'en serais pas capable, alors je mets tous mes espoirs en vous.

- ... Bien. Dis-je doucement. Avant toute chose, nous devons nous débarrasser de ce corps.

Elle hoche la tête.

- Poignardons-le par l'avant, ils penseront que c'est un suicide.

- Non, rétorqué-je, le prince est bien trop intelligent pour se faire avoir une seconde fois. Reste là, je sais quoi faire.

J'attrape le corps de l'homme, posant mes mains sous ses bras. Je dois simplement veiller à ne pas me tâcher de son sang. Birsan reste devant la porte, et j'amène le corps de l'homme devant la tombe de la Grande Reine.

- Grande Reine, je vais avoir besoin de votre aide, dis-je doucement.

Je prends les bras de l'homme, et pose ses mains sur la tombe. Immédiatement après, son corps commence peu à peu à prendre feu. Je le fixe se consumer, avec aucune émotion sur le visage. Avant que son corps ne devienne cendre, les flammes s'éteignent et disparaissent, comme si elles n'avaient jamais apparus.

La blessure de l'épée a été largement dissimulé grâce aux flammes, maintenant lorsque quiconque le retrouvera là pensera qu'il a tenté d'attaquer la tombe de la Grande Reine. Ils la craindront, même dans la mort, voyant la façon dont elle s'est défendue.

Une fois le travail fini, je remonte les escaliers, là où m'attendait Birsan. Elle avait toujours les yeux vides.

- Votre Altesse, j'ai nettoyé les traces de sang, me prévient-elle. Personne ne saura que nous étions là.

Je hoche la tête. Je ne lui fais toujours pas confiance, je vais devoir lui parler longuement jusqu'à être convaincue. Sinon, je vais devoir mettre fin à sa vie. Je ne peux pas risquer la mienne, risquer cette mission pour sa vie.

Si elle se révèle digne de confiance, l'allié que j'attendais m'est venu.

L'ombre écarlateWhere stories live. Discover now