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- Qu'y a-t-il ? Je te pensais bien plus courageux, je suis déçue. Dit-elle en secouant sa tête, puis elle se tourne vers tous les gardes. Si l'un d'entre vous craint pour sa vie, qu'il fasse demi-tour, je resterai.

Je la pensais plus faible. Je la regarde de loin, intrigué. C'est bien la première fois que je la vois. Je l'observais depuis l'ombre des arbres, mon regard scrutant chacun de ses mouvements. C'est donc elle, la cadette d'Inimia. La fameuse tueuse de mes mercenaires. Cette femme qui semble si frêle, mais dont le regard est si sombre...

Et je la vois, marchant si élégamment, je la suis lentement. Ses pas sont si gracieux, presque enchanteurs. Sa beauté est doté d'un mystère, que l'humain n'a pas encore exploré... Elle ressemble à un oasis dans un désert aride, un piège joli, attirant, attrayant.

Elle est Icarus, avec des ailes, pensant qu'elle pouvait elle aussi monter aussi loin que le soleil mais elle ne sait pas encore que je suis le soleil, que je lui brûlerai les ailes, que je deviendrais ce qui la détruira.

- NOUS SOMMES ATTAQUÉS ! PROTÉGEZ LA PRINCESSE !

Mais seuls les faibles tombent dans les pièges.

Je vois plusieurs hommes masqués sortir de partout, encerclant la princesse et ses gardes. Je les regarde se battre, je regarde les gardes mourir, je regarde l'un d'entre eux s'enfuir, et je regarde la princesse se cacher. Je ne bouge pas, j'observe seulement.

Et lors d'un moment d'inattention, je ne remarque pas que la princesse est sortie de sa cachette. Des flammes apparaissent face à mes yeux, des flammes grandissantes de plus en plus et formant une barrière entre elle et ses attaquants.

Cependant un d'entre eux réussit à l'atteindre et l'assommer par derrière. La princesse tombe au sol, et en voulant l'amener avec lui, les flammes naissantes devenus gigantesque touchent aux vêtements de l'homme. En voulant l'éteindre, il s'est précipité dans les plus grosses flammes, se brûlant lui-même vif.

Je m'assure qu'il ne soit plus en vie, qu'il ne hurle plus, pour que je sorte de ma cachette, dague à la main, m'approchant de la princesse. Les autres hommes ont fuis. Des faibles.

Je me baisse à sa hauteur, et pose la dague sur son cou. Je lui fais une petite entaille afin de m'assurer qu'elle est bel et bien inconsciente. Je vais enfin accomplir ma mission. Une royauté d'Inimia en moins.

- Ce n'était pas une tâche facile de venir à toi, lui dis-je. Si ce n'était pas toi, ta sœur serait déjà six pieds sous terre, princesse. Mais maintenant...

Je tiens fortement la dague sur son cou. Un seul mouvement et s'en est fini de la princesse d'Inimia.

- Ton heure est arrivé.

Quelques gouttes de sang coule de son cou, mais je retire rapidement ma dague. Je ne suis pas aussi lâche pour prendre la vie d'une femme inconsciente.

Je le ferais en la regardant dans les yeux.

Je le ferais lorsqu'elle sera consciente. Que je l'entende me supplier de l'épargner, que je l'entende hurler de douleur et mourir étouffé dans son propre sang.

Je ne veux pas lui accorder le plaisir de mourir rapidement, sans douleur.

Alors je range ma dague, et la porte dans mes bras. Il y a une petite cabine à quelques mètres d'ici, elle semblait abandonnée. Je suppose que personne n'ira là-bas, alors je pourrais l'utiliser jusqu'à ce que la princesse se réveille de son sommeil.

- Tu es si légère, murmuré-je, est-ce réellement toi qui assassine mes mercenaires ?

Je continue à marcher, les branches craquant sous mes pieds. Elle a tout d'une princesse et je ne l'imaginais pas ainsi. Je dois le dire, il n'y a aucun doute sur qui est son ancêtre. Cet homme barbare, violent, cruel. Il a donné naissances à de forts descendants.

Cependant, les descendants de mon ancêtre sont encore plus puissants. Nous sommes nés pour l'unique raison de détruire Inimia, et le jour est proche. Si proche.

Après un moment de marche, j'arrive à la fameuse cabine. Elle est proche d'Althea, donc je n'aurais aucun soucis pour retourner chez moi rapidement. Et elle... elle restera dans cette cabine, gisante dans son sang. Peut-être que ses soldats la retrouveront. Peut-être qu'ils ne la trouveront jamais. Peut-être que son corps se décomposera ici, et plus personne n'entendra parler de la princesse d'Inimia.

Je la pose sur un lit à l'intérieur. Il fait assez froid. Il y a une cheminée, et une réserve de bouts de bois sur le côté. Les habitants de cette cabine ont dû fuir à cause de la guerre, nos soldats dépassent parfois la frontière et cela effraie les habitants d'Inimia.

J'allume le feu, puis m'assois sur une chaise près de la fenêtre. Je me demande qui a pu l'attaquer. Cela ne peut être mes mercenaires. Cependant, je suis bien heureux qu'il ne m'ait pas volé l'honneur. La famille d'Inimia doit mourir de mes propres mains, et de personnes d'autres.

Je tourne ensuite le regard sur elle, la dague à la main. La pureté de ses cheveux argentés contraste tant avec sa personnalité, avec ses actions. Cette femme est une meurtrière. Elle a tué. Avec regret ou non, elle a tué. Et je dois dire que ses mercenaires sont d'autant plus acharnés qu'elle.

- Votre Altesse, sa Majesté vous demande. Me dit un de mes serviteurs.

Connaissant ce serviteur, je ne doute pas de lui. Et puis... père se soucie peu qu'il soit très tard. Je sors de ma chambre, suivant celui qui était mon messager. En sortant d'un couloir à ma droite, un autre homme pose une corde à mon cou alors que mon serviteur continue son chemin, sans s'arrêter.

Traître.

Jusqu'à ce jour, je ne comprends pas comment a-t-elle pu retourner des personnes travaillant pour moi depuis des années, contre moi. Pendant des années, elle n'a été qu'une idée, sans nom et sans visage... maintenant, je peux enfin poser un visage sur cette meurtrière.

- Réveille-toi, princesse... Dis-je doucement. Réveille-toi, qu'on en finisse.

Il commence à faire nuit à l'extérieur. Les minutes passent comme des heures, les heures comme des jours. Je commence à bouger frénétiquement ma jambe, ma patience arrive à bout. Je devrais l'assassiner et ne pas plus attendre. Je n'ai même pas prévu quelque chose à manger, je ne pensais pas durer aussi longtemps sur ces terres.

Bon sang, princesse. J'aurais pu être dans mon luxueux palais en train de manger mes repas luxueux. Mais pour une raison ou une autre, je suis avec toi dans une cabine à un état pitoyable.

Et puis, enfin... je l'entends geindre en bougeant légèrement. Je me lève, le sourire aux lèvres.

Enfin.

L'ombre écarlateWhere stories live. Discover now