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Je lui enfonce un poignard dans le cœur, et il pousse un cri de douleur. Je ne peux m'empêcher de sourire, tout en le tordant dans sa chair. La seule chose qui l'empêche de mourir, c'est la dague. Alors je l'enlève violemment, et du sang coule de son torse.

- Ce n'est pas moi qui t'ai tué, c'est lui. Lui dis-je, avant que son corps ne tombe sur le sol.

Je me retourne et regarde le chevalier qui était avec moi. Il n'a aucune expression sur le visage, il n'est plus surpris. Il est habitué désormais. Et moi aussi. C'est ce à quoi je dois faire face, étant l'une des princesses d'Inimia.

- Cet idiot a abîmé ma robe, me plaigné-je. Je suis couverte de son sang, c'est écœurant.

- Allez-vous lui donner une réponse, votre Altesse ? Demande le chevalier.

- Évidemment, dis-je en souriant.

Un jeu. Un jeu tordu et vicieux. C'est bien de cela qu'il s'agit. Les gens que je tue sont des mercenaires, ils sont là pour me tuer, alors je le fais en premier. N'est-ce pas juste ? Mais ce n'est qu'une version de l'histoire, parce que non, je ne suis pas faible, ni une victime. J'envoie des gens aussi, ils mourront ou le tueront. C'est leur but.

Mais qui est ce "lui" ?

- Puis-je vous demander la raison pour laquelle vous essayez de tuer le prince héritier, et non le roi ? Demande le chevalier.

- Qu'y a-t-il de pire pour un roi que de perdre la vie ? Répondis-je, lentement. Mettre fin à sa lignée. Parce que si sa lignée s'éteint, le trône sera vide, et le royaume d'Althea nous appartiendra à nouveau. Je vais donc faire d'une pierre deux coups. Mettre fin à la lignée en tuant son seul enfant, et en le faisant souffrir jusqu'à la fin de sa vie.

- Vous devez être crainte, votre Altesse, dit-il en riant. En dépit de votre visage tendre et angélique, vos pensées sont sournoises.

Je ris aussi, tout en essuyant le sang de la dague avec les vêtements du mercenaire. Il le fallait. Ils m'y ont forcé. Depuis ma naissance, je n'ai pensé qu'à venger mes ancêtres, à haïr la famille royale d'Althéa... Et d'amener le cadavre de la Grande Reine ici. Parmi sa famille. Pour reposer avec son frère, après deux cents ans de séparation. 

- Retournons au palais, dis-je. Mon père doit mourir d'inquiétude.

Je fais un pas en avant, mais il m'arrête. Il met ses mains sur ma taille et me presse contre un arbre. Je le regarde avec un sourire narquois et un regard de pure convoitise.

- Vous devenez audacieux, Sir.

- Vous me défendez de vous toucher, et j'en perds la raison. Souffle-t-il. Je ne peux le supporter davantage, votre Altesse...

- Vous le supporterez, mon cher. Vous attendez quelque chose que je ne vous donnerai pas, jamais.

Je suis consciente qu'il résiste autant qu'il peut, néanmoins je le taquine. Je lève lentement la main sur son torse, rendant sa respiration haletante.

- Vous êtes au courant que je n'ai pas l'intention de m'engager dans des relations, quelles qu'elles soient. Je prends ce que je cherche, j'utilise les gens pour mon intérêt, puis je les jette. Est-ce le plaisir que je recherche ? Je le prends. Est-ce l'attention que je recherche ? Je la prends. Est-ce une alliance ? Je la prends. Vous le savez, et pourtant vous espérez plus.

- Votre réputation est déplorable, princesse. Dit-il en essayant de se contrôler. Les gens parlent, ils disent que vous n'êtes pas une femme chaste. Pourtant, je suis le seul à me tenir à vos côtés.

L'ombre écarlateWhere stories live. Discover now