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- Birsan, que penses-tu des "rebelles" ? Lui demandé-je, faisant attention à ses réactions.

- Des résistants ? Je n'y pense que du bien, dit-elle. J'aime bien me considérer des leurs, bien que n'ayant jamais eu contact avec eux.

- Et si je te disais qu'il est possible d'entrer en contact avec eux ?

- DELLA !

Paniqué, Azref me plaque au sol et sort une arme à feu. Il commence à tirer, ses gardes sortant de l'ombre afin d'attraper l'auteur des tirs. La place s'est rapidement vidé dès les premiers tirs, mais il était évident que j'étais la cible.

Personne d'autre n'a été blessé.

Je respire rapidement, ressentant une vive douleur dans mon bras. Tout s'est passé si vite, je n'ai pas eu le temps de comprendre... un homme est arrivé, et s'est mis à tirer. Il a tué un garde, puis m'a visé. Azref a rapidement agit.

- ATTRAPEZ-LE ! NE LE LAISSEZ PAS FUIR ! Hurle-t-il à ses gardes.

Je crois que j'ai été touché. C'est la seule explication à cette douleur. Malgré cela, je tente de rester impassible.

- Votre Altesse, Reynald a changé d'endroits pour vos rencontres, me prévient Birsan.

J'entends l'eau couler dans la salle de bain, Azref ne pourra pas nous entendre.

- Aujourd'hui, ce sera toi qui le rencontreras, lui dis-je. Préviens-le que je vais sortir en ville avec le prince, qu'il mette le plan en marche.

Nous étions désormais entourés de gardes, et l'autre moitié sont partis chercher l'auteur des tirs après sa fuite. Étant en sécurité, Azref me relève et m'examine. Ses yeux s'écarquillent, son visage devient pâle, alors que je commençais à me sentir faiblir.

- De... Della... tu saignes...

Je baisse le regard sur mon bras. Il m'a bien tiré dessus... si ce n'était pas pour la douleur, je ne l'aurais pas remarqué. J'ai du mal à rester debout sur mes jambes, étant mon seul support, je pose ma tête sur le torse d'Azref, qui me retient par la taille.

- Nous l'avons attrapés, votre Altesse.

Les gardes ouvrent un passage. L'homme est là, à genoux. Il tente de se débattre, puis son regard se pose sur moi. Là, il s'immobilise, me voyant dans les bras de notre ennemi.

- Vous avez réussis... me dit-il.

Je ne pouvais réagir, je résistais à l'envie de hocher la tête en souriant.

- Vous avez réussis à nous trahir. TRAÎTRE D'INIMIA ! Hurle-t-il. TRAÎ-

Il se fait couper par un tir. Me tenant dans un bras, Azref tenait une arme dans l'autre. Le regard noir, il tire sur la main de l'homme. Puis sur l'autre. Puis sur ses jambes. L'homme hurlait de douleur, et c'était cela le but d'Azref. Lui infliger autant de mal que possible.

Enfin, sans sourciller et sans dire un mot, Azref a tiré une balle dans la tête de l'homme. Je regarde la scène, sans rien ressentir. Je ne peux pas. Et je ne sais pas si je dois m'inquiéter ou non...

La seule chose que je ressens, c'est de l'accomplissement.

Le plan a réussi. Repose en paix, brave soldat...

- Azref... Chuchoté-je, je me sens...

Je m'accroche à sa chemise, alors que je me sens de plus en plus faible. Je leur ai dit de me tirer dessus, de faire une fausse tentative d'assassinat, mais je ne savais pas que cela ferait aussi mal. Pourtant, la réaction d'Azref n'a pas de prix. Elle valait toutes les douleurs que j'ai pu ressentir.

- Tout va bien, Della, dit-il en me portant dans ses bras, tout ira bien...

Je hoche légèrement la tête, n'ayant même pas remarqué qu'il avait déchiré une partie de sa cape et l'avait attachée à mon bras pour faire cesser les saignements. Je tente de rester consciente, en me répétant sans cesse : tu as connu pire, Della. Tellement pire. 

Je laisse ma tête reposer sur son torse, alors qu'il se pressait à m'amener au Palais. Laissons-le s'inquiéter un peu, c'était le but de toute cette scène, de toute façon...

- Ne ferme pas les yeux, m'ordonne-t-il, sa voix me plaidant. Reste avec moi.

Je hoche la tête. Malgré la douleur aiguë au bras, j'arrive à rester saine d'esprit. Voyant son inquiétude, je ne peux m'empêcher d'aggraver mes symptômes. Face à lui, je suis comme une personne tentant désespérément sortir sa tête de l'eau, sans qu'il ne puisse voir que mes pieds touchaient le sol.

Enfin, après quelques minutes, je vois le Palais. Azref court avec moi dans ses bras, appelant immédiatement un médecin. Je ferme les yeux un instant, voulant reposer ma tête de tout le chaos que cet incident a provoqué autour de moi.

Je pense que le seul à être inquiet est Azref. Je suis certaine que tout le reste espère secrètement que je ne m'en sorte pas. Ils doivent être déçus de savoir que seul mon bras a été touché.

Azref me pose sur le lit dans notre chambre, le médecin étant déjà là, ils ne perdent pas de temps. Je remarque que le médecin n'est pas le même que celui d'habitude, c'est une femme. Je voulais rire au milieu de la douleur.

Mes soldats, le plan a fonctionné.

Le cœur du prince d'Althea m'appartient.

- Azref... murmuré-je, alors que le médecin me déchirait la manche de ma robe.

Il était à mes côtés, me caressant les cheveux. La douleur commençait à s'en aller petit à petit. Je me pense même prête à me lever, à agir comme d'habitude... je peux remercier Madame pour cela, elle m'a forcé à avoir une forte résistance à la douleur.

Même la quantité de sang que j'ai perdu me semble moindre, comparé à ce que j'avais auparavant. L'entièreté de mon dos pouvait être recouvert de sang, et je ne laissais pas même un mot quitter mes lèvres.

- Je suis là, princesse... murmure-t-il.

Je lui fais un petit sourire. Malgré tout, montrer que cela ne me fait plus rien lui paraîtra étrange. Je dois réveiller cet instinct protecteur, presque aimant en lui, et la seule façon de faire cela est de paraître vulnérable.

Vulnérable qu'avec lui.

L'ombre écarlateWhere stories live. Discover now