18.

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Trois jours. Trois jours que ma sœur n'est pas retourné au palais. Les hommes de père sont partis à sa recherche, et tout ce qu'ils ont retrouvés sont les gardes de Della, et son diadème dans une petite cabine.

Je ressens comme un nœud dans le ventre, je n'arrive plus à dormir, à manger. Tant de scénarios se jouent dans ma tête, et aucun ne m'est rassurant.

Assise dans la chambre de Della, je regarde par la fenêtre espérant la voir arriver saine et sauve. Je serre ma robe entre mes mains, puis deserre et reserre continuellement. Della est forte. Elle ne sera pas facilement attaquée... n'est-ce pas ? C'est ce qu'elle me disait. Elle est forte. Elle est forte.

- Princesse Freya, me dit sa dame de chambre, mangez quelque chose je vous en supplie, votre état est à déplorer...

- Je n'ai pas d'appétit, dis-je doucement.

Elle s'assoit face à moi, le regard triste. Je ne vois plus père non plus, il est dévasté, mort d'inquiétude. Et madame... mon Dieu, Madame ! Je me lève soudainement de ma place, prends une arme à feu que ma sœur cachait avec elle dans sa chambre et la cache dans les plis de ma robe.

Je sors de sa chambre, et me dirige vers l'appartement de Madame. Sans toquer, j'entre en furie. Je n'ai jamais été aussi en colère. Je n'ai jamais senti mon cœur se serrer de rage. Madame me regarde, surprise.

- Qu'as-tu fais à ma sœur ?! Dis-je, froidement. À qui as-tu donné l'ordre, et qu'ont-ils faits à ma sœur ?!

- Freya... ma fille... je suis comme vous, me répond-elle, je ne sais rien.

- J'espère que tu as raison, j'espère véritablement que tu n'as rien à voir avec la disparition de Della. Dis-je d'un ton menaçant. Et j'espère pour toi également qu'elle n'a pas fui à cause de tout ce que tu lui as fais subir.

Elle me regarde effrayée, hochant la tête. Une fois que je deviendrais Reine, la première chose que je ferais sera de faire payer Madame. Et Della sera là pour le voir. Elle sera là. Elle sera à mes côtés, toujours. Ma petite sœur ne me quittera jamais.

Je marche dans les couloirs du palais, n'ayant en tête que Della. Encore. Et encore. Et encore. Les larmes brûlaient mes yeux alors que mes pas se faisaient rapides.

Comment va-t-elle à l'instant ?

Je sais qu'elle est en vie. Ma sœur ne me laissera pas. Ce n'est pas une possibilité, je le sais. Mais... comment va-t-elle ? A-t-elle de quoi manger ? De quoi boire ? Est-elle en sécurité ?

- Votre Altesse ?

Sans même m'en être rendu compte, mes jambes m'ont amenés là, là où repose notre Grand Roi.

- Laissez-moi entrer, dis-je aux gardes. J'ai besoin d'entrer.

- Votre Altesse, l'entrée est interdite. Me répondent-ils.

Je ne veux pas me répéter deux fois. Je prends l'arme à feu que j'avais récupéré de la chambre de Della, et dans un mouvement rapide je la place sur ma tempe.

- Ouvrez la porte, ou vous perdrez une princesse aujourd'hui. Dis-je en les regardant dans les yeux.

Ils se regardent entre eux, inquiets. Suis-je allé trop loin ? Probablement. Mais j'ai besoin d'entrer.

Pour Della.

Et enfin, j'entends le grincement de la porte s'ouvrant lentement. Sans plus attendre, j'entre à l'intérieur. Je n'y avais jamais posé les pieds auparavant. Et malgré la beauté des lieux, je n'y prête pas grande attention.

Je m'avance, sentant mes pieds s'alourdir, alors que le visage du Grand Roi dans son cercueil en verre me paraît plus clair. Pour ne pas dire totalement visible...

- Grand Roi, dis-je doucement. Vous avez appelés Della, ni mon père, ni moi... et cela ne me rend pas en colère, au contraire. Je veux juste une réponse.

Mes émotions se battent entre elles-mêmes dans mon cœur, je tente d'être aussi forte qu'elle mais je ne le suis pas.

- Où est ma petite sœur ? Dis-je, la voix brisée.

La première larme a coulé. J'ose poser une main sur le cercueil, presque suppliant une réponse à genoux.

- J'ai besoin de savoir, je vous en supplie... s'il lui est arrivé quoi que ce soit, je... je ne pourrais pas vivre. Dis-je les larmes aux yeux.

Aucun réponse.

- Ma sœur a besoin de moi, dis-je en pleurant, elle se montre forte mais elle a besoin de moi, d'être entouré par les gens qu'elle aime...

Mes jambes ne me tiennent plus, je tombe à genoux en gardant une main sur le cercueil. Je n'arrive pas à contenir mes larmes.

- Dites-moi qu'elle va bien, je vous en supplie.

Personne ne sait à quel point c'est une torture de tenter d'avoir de ses nouvelles, sans le pouvoir réellement. Je dois attendre, attendre, simplement attendre. Jusqu'à quand ? Jusqu'à ce que j'apprenne qu'il est trop tard ?

Je ne peux pas sortir du palais, la chercher moi-même. Je ne peux pas attendre à l'extérieur toute la journée, toute la nuit, pour l'accueillir si jamais elle revenait. Je ne peux pas savoir si elle est partit de son plein gré, si elle s'est faite enlever... ou pire.

- J'ai mentis, Grand Roi, ce n'est pas elle qui a besoin de moi. J'ai besoin d'elle, dis-je avec désespoir. Elle... maman me l'a confié avant sa mort, et elle est devenu la prunelle de mes yeux. Je l'ai vu grandir, elle est devenue ma meilleure amie, celle pour laquelle je sacrifierai ma vie.

Je ressens comme un vent de confort. Mes larmes coulaient toujours silencieusement, mon cœur toujours aussi serré, ne pouvant trouver de la tranquillité. Je baisse la tête, pleurant à chaudes larmes.

- Peu importe la mission que vous lui avez donnés, dis-je la voix brisée, donnez-la moi. Je le ferais. Je le promets, je le ferais. Je ne veux pas perdre Della. Ramenez-la moi. Je vais la protéger de tous. D'Althea, de Madame, de tous.

Mes pensées se bousculent. Della ne quitte pas mon esprit.

- J'ai été une mauvaise sœur, je le reconnais. Je n'ai rien vu... aidez-moi à corriger mes fautes. Je ne permettrais plus à Madame de lui faire du mal, et Della ne tuera plus quiconque. Je ne lui permettrais plus jamais de se mettre en danger pour me protéger. Elle ne le dit pas, mais je sais que tout ce qu'elle a fait c'est pour moi. Je suis une mauvaise grande sœur, tout est de ma faute.

J'aimerais revenir en arrière. J'aimerais tout changer. Mais ce n'est plus possible. Alors je vais récupérer ma petite sœur, et je me promets de me racheter... qu'elle me revienne seulement saine et sauve.

L'ombre écarlateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant