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- Votre Altesse...

Mon regard froid se pose sur lui, Sardor, alors que mon cœur se met à brûler de la même rage que ce jour-là dans le tunnel. En le regardant, le souvenir du pâtissier revient sans cesse dans mon esprit, le souvenir de son corps couvert de sang. Un corps dont j'ignore ce qu'ils en ont fait.

Il est à genoux, devant moi, le visage couvert de coups et d'horribles bleus.

- Je voulais vous demander pardon, dit-il en tombant à genoux. J'ai... j'ai fais une grosse erreur, pardonnez-moi.

Un simple coup d'œil sur le côté, et je voyais un pied dépasser de la porte entrouverte. Je ressentais sa présence, et cela me confirme d'autant plus qu'Azref est derrière tout cela. Sardor ne serait pas venu de son propre chef.

Azref n'est pas là pour s'assurer que Sardor va s'excuser, il sait qu'il le fera s'il le lui demande... il veut simplement voir ma réaction, entendre ma réponse. Pourquoi ? Je n'en sais rien... mais quelque chose me dit que je dois accepter les excuses de Sardor... sinon Azref ne l'épargnera pas.

Et j'ai besoin de Sardor vivant, pour le moment. Alors je le regarde froidement, sans une once de pitié dans les yeux.

- Je te pardonne, Sardor, pour la seule et unique raison que cet homme était notre ennemi, mentis-je. Mais je n'oublie pas. Je n'oublierais jamais. Sois en certain.

Son regard, qui semblait inquiet, se remplit de soulagement. Il prend une grande inspiration en me remerciant, et c'est à ce moment là qu'Azref décide d'entrer. Je le savais, il n'attendait que ma réponse.

- C'est assez. Lève-toi. Commande-t-il à Sardor.

Sardor se lève. Je ne l'ai jamais vu ainsi. Tout abattu, misérable et rempli d'une haine viscérale qu'il tente de dissimuler tant bien que mal.

- Rappelle-toi chaque instant de ce jour, Sardor. Je ne tolérerai pas une erreur pareille une seconde fois, dit Azref froidement.

Il hoche la tête puis baisse la tête avant de s'en aller, il n'oublie pas de me lâcher un regard noir avant de disparaître complètement de mon champ de vision.

- Pour quelles raisons le traites-tu ainsi ? Lui demandé-je alors qu'il s'assoit à mes côtés. Tu disais que Sardor est ton ami depuis-

- Ne prononce pas le nom d'un autre homme en ma présence, dit-il en jetant sa tête en arrière et posant son bras sur ses yeux. Surtout lorsque tu n'as jamais prononcé le mien.

Je lâche un sourire en coin, et tourne la tête vers lui. Il retire son bras d'un œil et tourne le regard vers moi sans bouger de la tête. Me voyant sourire, il lâche également un sourire en coin.

- J'ai entendu parler d'une guerre contre Inimia, ne vas-tu pas y participer ? Lui demandé-je.

- Non, je n'y participerais pas. Tu ne te débarrasseras pas de moi, me répond-il.

Je roule des yeux. Étrange. Lorsque j'étais encore à Inimia, j'entendais toujours dire que le prince héritier d'Althea ne quittait jamais le champ de bataille avant d'avoir remporté la victoire. Mais depuis que je suis ici... Je crois qu'il s'est rendu sur le champ de bataille qu'une seule fois. Et il ne s'est même pas battu. Je ne m'en plains pas, mais... Je trouve cela étrange.

- N'es-tu pas un soldat ? Un fervent défenseur de ce grand royaume ? Dis-je d'un ton sarcastique.

- C'est le cas, répond-il en se tournant entièrement vers moi. Pourtant, il n'y a pas plus grande victoire que d'être dans les bras d'une ravissante épouse.

- Attention, petit prince, dis-je en le taquinant. Je vais finir par croire que tu es amoureux.

Au lieu de se rétracter, se défendre et nier ce que je lui dis, il prend mon bras, tourne ma paume vers lui et m'embrasse le poignet sans jamais me quitter des yeux.

- Je ne le suis pas, dit-il d'une voix rauque. Mais tu es ma femme, Della, tu es mienne.

Avec un sourire narquois, je pose ma main sur son torse.

- Je ne peux pas être tienne, dis-je doucement. L'homme qui m'aura doit être beau, puissant, intelligent, digne de confiance...

- Ne le suis-je pas ?

Il se penche davantage vers moi, comme ensorcelé. Son pouce caresse lentement mon poignet, et des frissons me parcourent le corps. Je tente de penser à Duc Valerius, l'homme auquel j'étais promise, lorsque je suis avec Azref... mais je ne peux me mentir à moi-même.

Avec ces caractéristiques, personne d'autre que lui ne me vient en tête. Même en me faisant violence.

- Qui est l'homme que tu as en tête ? Dit-il, son regard s'assombrissant.

Il est temps de le tester. Je dois simplement faire attention à ne pas aller trop loin.

- Un homme apparaît souvent dans mes rêves... blond, yeux verts, dis-je. J'en viens à me demander si je le connaissais...

Son regard s'assombrit encore plus, il attrape mon poignet plus fermement et m'allonge sur le sofa, lui se penchant au-dessus de moi.

- La mention d'un autre homme te rend-il autant en colère ? Dis-je, un sourire en coin.

- Je veux être le seul homme auquel tu penses, tout le temps.

Ses lèvres se mettent à caresser mon cou, déposant des baisers brûlants le long de ma peau, chaque contact semblant marquer sa volonté de me posséder entièrement. Sa respiration s'accélère, emplie d'une intensité presque palpable, alors qu'il cherche à combler le moindre espace entre nous.

- Tu dois le mériter, soufflé-je.

Il lève les yeux vers moi, son regard brûlant de désirs. Ses lèvres proche des miennes..

- Laisse-moi une chance, dit-il, sa voix rauque et presque désespérée, une chance de te le prouver.

Comme réponse, j'enroule mes bras autour de son cou, et j'amène mes lèvres aux siennes. Nos lèvres se fondent entre elles dans un baiser passionné, où se mêlent désir, frustration et rage. Les gestes d'Azref deviennent plus impétueux, il cherche à s'approprier chaque parcelle de mon être. Je l'attire davantage vers moi, et laisse mon corps répondre librement à ses envies.

Ses mains cherchaient chaque courbe de mon corps, et finissent par s'emparer de mes jambes nues. Je lâche un soupir, alors que sa grippe devient plus... aggressive. Comme ivre, je ne me sentais plus maîtresse de moi-même. Beau. Intelligent. Puissant. C'est lui.

D'un seul mouvement, Azref me laisse entrevoir son torse, mes mains se laissant guider par cette étrange envie. Cette envie malsaine.

- Dis mon nom, Della...

Voyant que je ne réponds pas, ses mouvements deviennent plus pressants, plus urgent, me forçant à me mordre les lèvres plus fortement.

- Dis-le, soupire-t-il.

Ma robe n'est plus en place, mes épaules sont entièrement dénudées, et je n'arrive même pas à comprendre comment nous avons pu finir ainsi. Est-ce réellement en train d'arriver... ?

- Azref, dis-je d'une voix étouffée.

Tout s'accélère. Azref m'embrasse avec une passion dévorante, ses mains explorant chaque centimètre de ma peau, éveillant des sensations que je pensais inexistante en moi. Mes doigts s'enfoncent dans ses cheveux davantage, comprenant que j'étais sur un chemin de non-retour.

La fin justifie les moyens, Della.

Je me laisse alors enfin emporter par ce désir charnel, permettant à mon pire ennemi de connaître mon côté le plus intime... un côté qu'aucun homme n'a jamais connu.

Au fur et à mesure que la nuit avance, et que nos soupirs remplissent la chambre, nos étreintes se font plus intenses, nos peaux se cherchant et se fondant l'une dans l'autre.

Pardonnez-moi, grande Reine, grand Roi, et mon peuple.

L'ombre écarlateWhere stories live. Discover now