Virgin Territory-Isolated System Tome 2

Chapitre 47-2

Ballotée en tous sens, cinglée par des débris et des brindilles et les poumons en feu, je devais lutter contre moi-même pour ne pas résister. Nous devions nous laisser porter et entrainer par les eaux en espérant que celles-ci débouchent rapidement à l'air libre. Je ne voyais plus rien, mes sens totalement perturbés par l'eau trouble, le courant et le manque d'oxygène. A chaque seconde qui passait, il me devenait de plus en plus difficile de ne pas respirer. Ma tête devenait cotonneuse et je savais que ce n'était qu'une question de seconde avant que mon corps ne cherche à prendre l'inspiration dont il avait besoin et que je ne pourrais plus l'en empêcher. Soudain je me sentis happée par un tourbillon qui me propulsa vers le haut, me cognant violement contre le plafond du tunnel immergé. Un chapelet de bulles s'échappa de ma bouche tandis que le liquide glacé cherchait à se frayer un chemin entre mes lèvres. J'étais en train de perdre la bataille, lorsque mon cœur me remonta dans la gorge tandis que mon corps devenait léger puis subitement lourds comme une pierre tandis que je tombais.

La chute fut courte et ma tête émergea presque immédiatement à l'air libre. Je pris une grande inspiration hoquetante, retrouvant mes esprits à mesure que l'oxygène irriguait de nouveau correctement mon cerveau. Haletante et crachotante, j'essayai de m'extraire de la zone de chutes par des mouvements de nages sans force, désordonnés et erratiques, pas franchement efficace. J'étais tellement épuisée que j'avais du mal à me maintenir à la surface et je bus la tasse deux fois avant de parvenir à rejoindre le bord. Je me hissai maladroitement sur le sol rocheux et couvert de sable grossier d'une nouvelle grotte, où je me laissai tomber, à bout de force et crachant mes poumons. Mon cerveau malmené, eut à peine le temps d'enregistrer et d'analyser les bruits confus qui me parvenaient, qu'une main s'abattit sur mon épaule.

— Tu vas bien ?

Je reconnu instantanément la voix de Gabe malgré son ton rauque et enroué. Le soulagement m'envahit que ce soit lui qui m'ait découverte en proie à une telle vulnérabilité, presque autant que de le savoir sain et sauf. Avec un gros effort, je parvins à tourner la tête dans sa direction pour le trouver dans le même état que moi, dégoulinant, haletant et épuisé.

— Tu peux te lever ? me demanda-t-il, tandis qu'il essayait de se redresser sur ses bras tremblants.

C'est en ouvrant la bouche pour répondre à sa question que je me rendis compte que je n'avais déjà pas répondu à la première.

— Oui ça va, mais... laisse-moi une minute, parvins-je à articuler avec difficulté. Les autres... ça va ?

— Oui, ils sont partis en reconnaissance. Ils sont à peine plus frais que nous, mais ils sont restés piégés sous l'eau moins longtemps. Ce serait bien que nous soyons au moins debout lorsqu'ils reviendront.

Encore passablement essoufflée, je me contentai d'hocher la tête et le laissai m'aider à me redresser. Le déplacement d'air qui souffla sur mes vêtements détrempés collant à ma peau, me fit frissonner. J'étais exténuée, affaiblie, tremblante et je me sentais mal. Pourtant, avec l'aide de Gabe, je parvins à me mettre debout. Nous venions juste de faire quelques pas nous éloignant de la rivière souterraine grondante, lorsque Jin et Joseph nous rejoignirent. Ils dégoulinaient presque autant que nous et leurs cernes rivalisaient sans doute avec les nôtres, pourtant, ils avaient l'air plus vif et plus alertes lorsqu'ils s'arrêtèrent devant nous.

— Les nouvelles sont bonnes ou mauvaises ? leur demanda aussitôt Gabe, en avisant leurs mines tendues.

— Cela dépend de quel point de vue on se place ! lui répondis Josef d'un air sombre. Si vous voulez retrouver vos amis, elle est plutôt bonne, mais pour rejoindre Mira et Léna, elle l'est beaucoup moins.