Chapitre 14-1

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Sur le moment, tétanisée par la surprise, je ne sus pas comment réagir. Ses lèvres douces et fraîches étaient pressantes sans être inquisitrices et une part de moi ne trouvait pas cela désagréable du tout. Mais mon esprit surchargé de problèmes en tout genre, lui, dit stop. Il ne résista pas lorsque je me dégageai doucement de son étreinte et nous restâmes là, à nous regarder d'un air gêné. Enfin, moi j'avais l'air gêné, car de son côté, il paraissait plutôt fier de lui.

— Vous croyez vraiment que c'est le moment approprié pour ce genre de...démonstration ? lui sortis-je d'une voix guindée pour meubler le silence qui s'épaississait.

Un éclat dangereux passa dans son regard, tandis qu'il se rapprochait de moi d'une enjambée nerveuse.

— Tu ne vas pas recommencer à me vouvoyer ? gronda-t-il à quelques centimètres de mon oreille, m'obligeant à reculer jusqu'au mur où il me coinça, ses deux mains appuyées au mur, un bras de chaque côté de ma tête.

— Si, c'est plus correcte et...

— Cela n'a pas eu l'air de te déplaire tant que ça, il me semble ? Vouvoies moi encore une fois et je te promets de t'embrasser jusqu'à ce que tu me supplies d'arrêter ! me menaça-t-il d'une voix sourde, son regard intense et coléreux fixé sur moi.

— Très bien ! m'énervai-je à mon tour. Tu veux que je te tutoies ? D'accord, mais arrête de te comporter comme un gamin !

— Alors là, c'est l'hôpital qui se moque de la charité ! s'exclama-t-il dans un petit rire sec. N'étais-tu pas dans les bras de monsieur parfait, il y a encore quelques minutes ?

— C'est justement de ça que je parle ! persiflai-je entre mes dents. On est tous au sein d'une crise majeur et toi tu ne penses qu'à...je ne sais même pas si tu penses en fait ! Ce n'est tout simplement pas le moment pour ça !

— Les sentiments, ça ne se commandent pas Hayden...

— Oh arrête avec tes grands discours ! Il n'est pas question de sentiments mais juste d'attirance ou d'un besoin compréhensible de réconfort. Si tu sais où tu en es tant mieux pour toi ! En ce qui me concerne je n'en ai aucune idée ! Il y a à peine deux semaines de cela, je n'avais même jamais croisé un homme de moins de soixante ans...

— A part moi, me coupa-t-il avec un petit sourire.

— Oui, merci de me le rappeler ! Mais...tu vois très bien où je veux en venir. Je ne sais pas où j'en suis et pas certaine d'avoir envie de le savoir dans l'immédiat. Vous êtes tous important pour moi et...

— Pourtant il ne te viendrait pas à l'idée d'aller te jeter dans les bras d'Oliver pour un petit câlin de réconfort, non ?

À cet instant précis, l'irritation, la colère et la lassitude se disputaient la place d'honneur dans mon cerveau.

— Dans les tiens non plus ! lui assénai-je brutalement, soudain consciente de l'évidence.

Le réconfort et la sécurité, c'était Connors. Lynch s'était l'imprévisibilité et l'urgence. D'horribles évènements nous avaient rapprochés malgré nous et c'était une évidence que des liens forts nous unissaient tous, restait à les définir et ce n'était ni le moment, ni l'endroit.

— Le principal, c'est que tu ne te voile plus la face et que tout soit clair entre nous, me sortit-il soudain d'une voix beaucoup plus neutre en faisant un pas vers la porte. J'en avais juste mare de t'entendre me vouvoyer comme si j'étais ton grand père ! Maintenant, tu as raison, nous avons d'autres choses à gérer, ajouta-t-il en ouvrant la porte tout en me faisant un petit signe de tête discret en direction de l'une des caméras visibles du couloir, dont le voyant venait de repasser au vert.

Nous avions dû rester trop longtemps dans le couloir et attiré leur attention, me dis-je alors que je suivais Lynch à l'intérieur, où tout le monde nous attendait assis sur les canapés.

— Hayden, je...je suis désolée, balbutia Lada d'une voix tremblante à la seconde où je refermais la porte derrière moi. Je...je ne sais pas ce qu'il m'arrive mais...par moment je ne suis plus moi-même ! geignit-elle en se prenant la tête dans les mains. C'est comme si, une autre personne pensait et parlait à ma place ! Je n'ai jamais été jalouse de toi, ni intéressée par...oh, je n'y comprends rien.

— On le sait Lada, ne t'inquiète pas. On va trouver ce qu'il t'arrive, lui promis-je sans réfléchir.

— Une chose est sûre, elle ne pourra pas venir avec nous, constata pragmatiquement Isy. Ce serait trop dangereux pour elle comme pour nous.

— C'est certain que, vu ce qui nous attends, on a peut-être pas besoin d'en rajouter une couche ! ironisa Oliver à mi-voix, son ton sarcastique ne parvenant pas tout à fait à masquer son inquiétude.

— Je resterai ici avec elle, dit sans surprise Ophélia qui avait toujours été la plus gentille et la plus empathique de nous tous.

— Attendez ! Avant de dire oui aveuglément, j'aimerai en savoir un peu plus et avoir la certitude que ceux qui resteront seront en sécurité, intervint Blake. Je ne leur fait pas confiance.

— Parce que tu crois que nous, oui ? Nous n'avons pas d'autres choix c'est tout ! lui répondit Lynch.

— Bon, maintenant que notre décision est prise, on fait quoi ? On les sonne ! plaisanta de nouveau Oliver en se levant.

— N'ai aucune inquiétude, ils sont déjà au courant, lui dis-je viscéralement certaine d'avoir raison.

Comme pour confirmer mes dires, à la seconde près, quelqu'un frappa à la porte. Avant que quiconque n'est pu réagir la porte s'ouvrit et la conseillère Lovory entra, seule.

— Je croyais que vous ne deviez plus nous surveiller ? l'attaqua Isy, bille en tête.

— Et c'est le cas, mais nous n'avons pas pu court-circuiter toutes les caméras. Néanmoins le son était coupé, répondit-elle d'une voix sans patience.

— Pourquoi êtes-vous là en personne ? lui demandai-je, lasse de ces discussions stériles.

— Si nous voulons avoir une chance d'être opérationnel dans un délai raisonnablement court, nous ne devons pas perdre de temps. Alors, quelle est votre réponse ?

— Vous ne la connaissez pas déjà ? Votre bon petit toutou ne vous a pas tout raconté ?

— On est tous d'accord pour affirmer que j'ai fait une erreur en ne vous informant pas du rôle de Connors, monsieur Lynch ! Mais il n'est en aucun cas responsable de cela, mettez-vous bien ça en tête. Et non, il ne m'a rien dit. Je suis ici car j'ai besoin de savoir rapidement où nous en sommes.

— Nous n'avons guère le choix, lui répondis-je d'une voix froide. Notre réponse est oui mais sous plusieurs conditions dont nous discuterons. Maintenant, dites-moi ce que vous me voulez exactement ? lui lançai-je en la fixant d'un regard dur. 

Virgin Territory-Isolated System Tome 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant