Chapitre 13-2

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Mes pas résonnèrent sinistrement dans le couloir, que j'avais jugé plus neutre qu'une chambre, pour me retrouver en tête à tête avec Connors après ce que je venais d'apprendre. Il m'avait suivi sans hésitation, ni surprise et refermait doucement la porte derrière lui au moment où je me retournais dans sa direction, dans l'expectative. Il se décala légèrement et s'adossa au mur, lentement et en grimaçant légèrement. Dans la pénombre du couloir désert et à cette courte distance, ses traits m'apparaissaient plus tirés et sa posture plus avachie, en bref, il cessait de jouer la comédie et...il était loin d'être au mieux de sa forme.

— Que voulais-tu me dire ? attaquai-je d'emblée d'une voix neutre, ne voulant pas me faire submerger par la compassion et l'affection que je ressentais pour lui.

— Simplement, que je suis désolé...

— Désolé de quoi au juste ? Parce que la liste peut être longue ! lui rétorquai-je, bien décidée à ne pas céder à l'envie impérieuse que j'avais de me précipiter vers lui.

— De ne pas t'avoir fait savoir que j'allais bien. Pour le reste, je n'ai pas à m'excuser, car je n'ai rien fait de mal et tu le sais.

— Je ne pense pas que les changeants parqués en bas comme des animaux, soient d'accord avec toi !

— Je n'étais pas au courant ! s'insurgeât-il d'une voix sincère. Lovory elle-même ne l'a apprit que très récemment...

— Et elle a préféré monter toute cette mascarade avec moi plutôt que de les libérer immédiatement ! Tu trouves ça bien ?

— Non, mais parfois la fin justifie les moyens...Je sais bien que ce n'est pas une excuse ! se reprit-il aussitôt, mais ils étaient terrorisés, en colère et traumatisés, tu crois vraiment qu'ils auraient accepté de nous aider, même de te rencontrer, s'ils te croyaient dans notre camp ?

— ça...on ne le saura jamais, lui rétorquai-je. Vous les avez vraiment libérés, ou ce n'était que des paroles en l'air ?

— Nous sommes en train de les transférer dans des chambres similaires à celle-ci, à l'étage du dessous. Mais nous rencontrons quelques difficultés...ils ne nous font pas confiance.

— Tu m'étonnes, quelle surprise ! ne pus-je m'empêcher de commenter ironiquement entre mes dents.

— Nous allons avoir besoin de toi pour leur parler, ils n'acceptent aucun autre interlocuteur.

— C'est donc ça la vraie raison de ta présence ici ! m'exclamai-je d'une voix blessée, m'amadouer !

— Mais non, pas du tout ! répondit-il en s'approchant de moi en deux pas rapides.

Son odeur rassurante envahit tous mes sens, tandis qu'il posait délicatement une main sur mon épaule pour me tourner vers lui.

— Je tiens à toi Hayden et si je t'ai blessé, ce n'est pas volontairement.

— Tu aurais pu m'avouer la vérité dès le début

— Et je l'ai presque fait, dans la cafétéria, la première fois que nous nous sommes parlé. Mais je ne te connaissais pas encore et puis, es-tu certaine que cela aurait changé quelques choses ? ajouta-t-il dans un soupir avant de s'écarter de moi et de se laisser glisser au sol dans un souffle trahissant sa faiblesse.

Bien sûr que cela aurait changé quelque chose, me dis-je instantanément...ou pas, réalisai-je presque aussitôt. Au fond de moi, je savais que Connors n'était pas un traitre, c'était un soldat, un homme juste qui suivait son instinct et ses convictions. Ce qui m'avait attiré chez lui, c'était sa douceur et sa gentillesse, deux qualités dont j'avais bien besoin après avoir dû affronter la brusquerie et les piques acerbes de Lynch, qui au fond, ne voulait aussi que mon bien à sa façon. La vérité c'était que je ne savais pas vraiment ce que je ressentais.

— Je ne sais plus où j'en suis, lui avouai-je en m'accroupissant à ses côtés.

— Et c'est urgent de le savoir ? me demanda-t-il avec un petit sourire.

— Oui...et non, je suppose. Mais je n'ai qu'une envie c'est de me blottir dans tes bras, mais...

Il ne me laissa pas finir ma phrase et m'attira vers lui. Déséquilibrée je tombais sur ses genoux, où il m'enveloppa instantanément de ses bras pour me serrer contre lui.

— ...tu ne sais pas vraiment ce qu'il y a entre nous ? continua-t-il ma phrase d'une voix douce, son souffle contre mon cou.

— Parce que toi tu le sais ?

— Hayden, nous avons vécu beaucoup de choses traumatisantes en très peu de temps et nous sommes indéniablement attirés l'un par l'autre. Je pense que nous avions simplement besoin de réconfort, d'une personne sur laquelle s'appuyée et avec laquelle on se sentait en sécurité. Est-ce que c'est de l'amour, de l'amitié ? Trop tôt pour le dire et surtout pas le bon moment, ajouta-t-il dans un petit rire mais l'avenir nous le dira peut-être. En attendant, te serrer dans mes bras car je suis heureux de te retrouver ne me semble pas un geste dangereux ou déplacé et ta vertu ne craint rien je te rassure, je ne suis pas en état !

— T'es bête ! ne pus-je m'empêcher de lui lancer en rigolant, soulagée par son discours juste et tellement inattendu dans la bouche d'un homme tel que lui.

Momentanément rasséréné, je me laissai aller à son étreinte, m'emplissant de sa chaleur et du réconfort bienvenu que cela m'apportait.

— Hé, on ne va pas pouvoir rester là encore longtemps, me dit doucement Connors au bout de quelques minutes. Je sens que l'autre cerbère ne va pas tarder à pointer le bout de son nez, ajouta-t-il en m'aidant à me relever.

— Tu veux parler de Lynch ?

— J'ai vu comment il te regarde, me répondit-il sur un ton plus froid en se levant à son tour. Crois-moi, lui sait très bien où il en est, et ce n'est pas une relation amicale qu'il a en tête.

— Tu es jaloux ? m'exclamai-je perplexe. Mais ce n'est qu'un de ses petits jeux mesquins censé me déstabiliser, rien de plus.

— Tu ne crois pas vraiment ce que tu dis ? Tu es soit très naïve, soit dans le déni complet.

— Tu es jaloux, affirmai-je, perturbée par cette constatation. Après le discours que tu viens de me faire, j'avoue que je suis perdue.

— Jaloux n'est pas le mot, je n'aime pas ce type, c'est tout. Et comme je te l'ai déjà dit, je tiens à toi, mais ce sera à toi et à toi seule de faire un choix le moment venu.

— Mais il n'y aura pas de choix à faire puisque...

La porte s'ouvrit à ce moment précis, sur l'objet de notre dispute, m'interrompant net.

— C'est bon, la pause becquotage est terminée ? On peut repasser aux choses sérieuses ? persifla-t-il d'une voix mauvaise en me foudroyant du regard.

Je me retournai vers Connors pour jauger sa réaction mais...il était déjà parti.

— Roméo s'est sauvé comme un voleur on dirait !

— Rrrr...tu es impossible ! explosai-je en le tutoyant dans mon accès de colère. Il ne s'est rien passé et d'ailleurs, cela ne te regarde absolument pas ! Mais vu ton caractère aigri et parano tu as certainement dû écouter aux portes et être déjà au courant ?

— J'avoue avoir été tenté...mais non. Te voir dans les bras de ce type, c'était déjà suffisant.

— Comment tu...tu nous as espionné ?

— J'ai simplement ouvert la porte pour voir ce que vous faisiez et je n'ai pas été déçu ! Mais comme vous ne disiez rien, techniquement, je n'ai pas écouté aux portes !

— C'était tout simplement un besoin réciproque de gentillesse et de réconfort, mais je comprends parfaitement que ce soit deux notions totalement étrangères pour toi ! lui assénai-je en le contournant pour atteindre la porte.

Il ne me laissa pas terminer mon déplacement et d'un mouvement souple et rapide m'intercepta entre ses bras puissant avant de me serrer contre lui.

— Tu te trompes complètement, tu ne m'as juste pas laissé le loisir de te les montrer, ajouta-t-il d'une voix douce que je ne lui connaissais pas, alors qu'il recouvrait mes lèvres des siennes. 

Virgin Territory-Isolated System Tome 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant